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Transport collectif: le Québec est invité à s'inspirer de l'Ontario

durée 16h27
27 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le Québec traîne de la patte en transport collectif et devrait s’inspirer de l’Ontario, selon l’Alliance TRANSIT et Trajectoire Québec, qui participaient jeudi à la troisième journée des consultations sur la révision de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Lors d’une présentation devant les élus de la Commission des transports et de l'environnement, deux organisations vouées à la promotion du transport collectif ont fait valoir que l’atteinte des cibles climatiques sera en grande partie déterminée par le secteur des transports.

«La part du transport routier sur les émissions totales du Québec est passée de 21,1 % en 1990 à 35,6 % en 2018, alors on ne s'en va pas vers la bonne direction», a indiqué la vice-présidente de Trajectoire Québec Marie-Soleil Gagné.

Celle-ci a invité le gouvernement à «collaborer» avec Ottawa et à se «prévaloir des fonctions disponibles pour le financement, pour la croissance du transport collectif».

Lorsqu’on compare les investissements du Québec à ceux de l’Ontario en transport collectif, «c’est un peu gênant», a ajouté Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur de l'Alliance TRANSIT.

Selon les données du mémoire que l’Alliance TRANSIT a déposé jeudi en commission, les deux provinces «investissent environ 5 500 $ en infrastructures de transport par habitant dans les dix prochaines années».

Cependant, la façon de distribuer cet argent est bien différente.

Par personne, l’Ontario investit 1 846 $ pour son réseau routier alors que le Québec investit 3 966 $.

En revanche, les investissements par personne pour le transport collectif sont de 3 753 $ en Ontario, contre 1 607 $ pour le Québec, toujours selon les données du mémoire d’Alliance TRANSIT.

Ces différences s’expliqueraient par le fait que le Québec ne réclame pas de fonds fédéraux prévus au transport collectif.

«Le Québec, ce que l’on comprend, c'est qu'il ne soumet pas de projet, contrairement à l'Ontario et la Colombie-Britannique. C'est bien le constat que vous avez fait ?» a demandé la députée libérale Virginie Dufour à Marie-Soleil Gagné et Samuel Pagé-Plouffe, qui ont offert une réponse positive.

Le coordonnateur de l'Alliance TRANSIT a ajouté que l'Ontario s'est doté d'un plan de transport régional en 2008, appelé le «Big move», qui prévoit un financement récurrent, à long terme et qui a «l'adhésion des partis politiques, peu importe la couleur du gouvernement».

Québec veut un transfert «sans condition»

Au moment où ces discussions avaient lieu à l’Assemblée nationale, le ministre des Finances de la province, Eric Girard, rencontrait son homologue fédéral François-Philippe Champagne à Québec.

Lors d’un point de presse qui a suivi cette rencontre, la question de la part des sommes qui revient au Québec en matière de transport et qui continue de dormir dans les coffres d’Ottawa a brièvement été abordée.

«L'Ontario a signé son entente, lorsque notre entente sera signée, on aura notre part», a indiqué le ministre Girard en ajoutant que le Québec «a besoin d'un transfert sans condition parce que c'est un champ de juridiction du Québec».

Une offre des transports collectifs qui stagne

Lors des consultations sur la révision de la cible jeudi matin, le ministre de l’Environnement Bernard Drainville a défendu les actions du gouvernement en faisant valoir que «les investissements en transport collectif, depuis 2018, ont doublé comparativement à la période précédente».

Le gouvernement, a-t-il précisé, a investi «12 milliards de plus depuis 2018 pour moderniser, électrifier et rendre le transport collectif plus accessible».

Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur de l'Alliance TRANSIT, a répondu au ministre que, depuis 2018, l’offre de service de transport collectif totale au Québec «a stagné» et qu’il n’y a donc «eu aucune croissance», malgré les investissements du gouvernement.

M. Pagé-Plouffe a ajouté qu’en revanche, entre «2007 et 2015, avec notamment le soutien des revenus liés à la lutte au changement climatique, il y avait une augmentation des services en transport collectif de 32 %.»

«Détournement de fonds»

L’Alliance TRANSIT s’insurge du «détournement» des surplus du Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) vers le Fonds des générations et fait valoir que ceux-ci doivent impérativement servir à des projets de lutte aux changements climatiques, comme le développement des transports collectifs.

«Détourner le fruit de l'effort collectif engendré par le marché du carbone vers le fonds des générations constitue une opération comptable inacceptable» et nous croyons «que le gouvernement doit revenir sur sa décision», a indiqué Samuel Pagé-Plouffe.

«C’est un peu aberrant de devoir faire cette recommandation là, mais il faut utiliser les revenus de la lutte au changement climatique pour la lutte au changement climatique», a -t-il ajouté en faisant référence à la décision du ministre Girard de transférer 1,8 milliard de surplus cumulés du Fonds d’électrification et de changement climatique au Fonds des générations pour rembourser la dette.

Recommandations principales

Le mémoire déposé par l’Alliance TRANSIT dans le cadre des consultations sur la révision de la cible de réduction des GES contient trois recommandations principales.

L’association qui regroupe une cinquantaine d’organisations recommande de «maintenir l’ambition en réduction des émissions de GES, d’intégrer réellement la mobilité durable dans notre politique climatique et de financer le transport collectif à la hauteur de son rôle structurant».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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