Sommet de l'APEC: début officiel des travaux jeudi, agenda chargé pour Trudeau

SAN FRANCISCO — Les délégués du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) se mettent au travail ce jeudi, à San Francisco.

Le premier ministre Justin Trudeau doit s’entretenir en tête-à-tête avec quelques dirigeants de la région du Pacifique entre les séances plénières de haut niveau de l’APEC.

Le président des États-Unis, Joe Biden, a dressé une liste de défis lors de la réception d'ouverture de mercredi, notamment au sujet des avantages et des risques potentiels de l'intelligence artificielle.

Les dirigeants discuteront également de la manière de renforcer et de rationaliser les chaînes d'approvisionnement, tout en trouvant des solutions viables à la crise climatique.

La ministre du Commerce international, Mary Ng, a expliqué que le Canada se concentrerait particulièrement sur la création des conditions propices à la croissance économique dans toute la région du Pacifique. Mme Ng affirme que les entreprises au Canada et à l'étranger recherchent un niveau de certitude qui leur permettra d'investir en toute confiance dans la croissance de leur commerce à l’échelle internationale. "Ils cherchent ici à développer leurs activités et à se développer dans la région Asie-Pacifique et dans la région Indopacifique", a-t-elle expliqué. «Que me disent les entreprises ? Disposer de règles qu'elles connaissent et sur lesquelles elles peuvent compter pour profiter d’un environnement commercial prévisible dans lequel elles peuvent opérer. C'est ce qu'elles attendent de leurs gouvernements».

Le Canada pourrait se joindre à l'initiative commerciale menée par les États-Unis, connue sous le nom de Cadre économique indopacifique, et les travaux visant à accroître le commerce dans la région sont déjà bien avancés, a précisé la ministre Ng.

Mais les accords commerciaux ne sont pas politiquement populaires aux États-Unis à l’heure actuelle et le Congrès se montre timide à l’approche d’élections cruciales l’année prochaine. La Maison Blanche semble avoir fait une pause sur le Cadre économique indopacifique, alors que des pays comme le Japon espéraient qu’il permettrait aux États-Unis de rejoindre enfin l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste que l'ancien président américain Donald Trump a abandonné en 2017.

Les dirigeants réunis à San Francisco pourront également se concentrer plus clairement sur leurs objectifs maintenant que l'une des principales distractions du sommet est passée: la rencontre du président Biden avec son homologue chinois Xi Jinping. Les deux dirigeants se sont rencontrés pendant plus de quatre heures mercredi et ont convenu de commencer à dégivrer une relation qui est restée sur la glace pendant une grande partie des 12 derniers mois.

Leurs armées reprendront les communications de routine, une rupture qui a commencé avec la visite de l'ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi à Taiwan en 2022, mais qui a eu de graves répercussions plus tôt cette année lorsqu'un ballon espion chinois a dérivé dans l'espace aérien nord-américain. 

"La planète Terre est suffisamment grande pour que les deux pays réussissent", a dit le président Xi à M. Biden. Celui-ci lui a affirmé: «Je pense qu'il est primordial que vous et moi nous comprenions clairement, de leader à leader, sans idées fausses ni problèmes de communication. Nous devons veiller à ce que la concurrence ne dégénère pas en conflit».

Justin Trudeau, quant à lui, a passé la journée de mercredi à se concentrer sur ses vieilles amitiés. Le courant a passé lorsqu’il a rencontré le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, un esprit libéral apparenté dont les efforts pour lutter contre le changement climatique. 

"Je pense que vous m’avez donné ces chaussettes la dernière fois", a fait remarquer M. Trudeau visiblement détendu à son vieil ami, exhibant l'image brodée du Golden Gate Bridge qui ornait ses chevilles. M. Newsom, qui semblait véritablement surpris, lui a répondu: "Avez-vous déjà été surpris avec des chaussettes noires?"

Justin Trudeau a ensuite visité un vaste centre de distribution de produits agricoles où il a rencontré des éducateurs, des représentants du gouvernement et des dirigeants des secteurs de la technologie et de l'agroalimentaire pour discuter des moyens de faire face à la crise de l'abordabilité.

Il a visité une exposition de produits américains et canadiens avant de rappeler que les gens sont confrontés à des défis à différents niveaux, dont l'inflation et la hausse des taux d'intérêt, la pénurie de logements et les spectres imminents du changement climatique et des conflits mondiaux. "Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les gens sont anxieux – et lorsque les gens sont anxieux, ils ont tendance à devenir vraiment pessimistes et à se retirer de notre démocratie et de l'avenir positif que nous essayons de construire", a-t-il ajouté.

Le premier ministre Trudeau a soutenu que «les familles qui ne peuvent pas nourrir leurs enfants, qui ne peuvent pas mettre de nourriture sur la table, conduisent à l'instabilité et à l'insécurité dans tous les autres aspects de notre vie.»

James McCarten, La Presse Canadienne