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Smith se dit ouverte à des modifications du prix du carbone industriel en Alberta

durée 16h47
7 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, se dit ouverte à l'ajustement de certains aspects du programme albertain de tarification du carbone industriel, y compris le prix du carbone industriel de la province.

Le gouvernement albertain a annoncé le mois dernier qu'il maintiendrait le gel du prix du carbone industriel à 95 $ la tonne jusqu'en 2026, ce qui le décale du prix de sécurité du gouvernement fédéral, qui devrait augmenter à 110 $ la tonne l'an prochain.

S'adressant aux journalistes mardi à Ottawa, au lendemain de sa rencontre avec le premier ministre Mark Carney, Mme Smith a déclaré que l'Alberta estime que son prix établit un équilibre entre la viabilité pour l'industrie et l'encouragement des investissements privés dans les technologies vertes.

Elle a ajouté que le prix actuel du carbone de 95 $ la tonne est toujours «sujet à discussion».

Lorsqu'on lui a demandé si elle avait reçu l'assurance qu'Ottawa ne déclencherait pas son prix de sécurité si le système albertain ne respectait pas la réglementation fédérale, Mme Smith a répondu que «c'est en partie pourquoi nous discutons de la façon d'ajuster certains programmes».

«Nous voulons maintenir la tarification du carbone à l'échelle provinciale. Nous avons une tarification du carbone depuis 2007. Cela a fonctionné pour nous.»

Les ministres fédéraux ont éludé la question de savoir si Ottawa imposerait le filet de sécurité fédéral à l'Alberta si son programme de tarification du carbone industriel n'était pas conforme à la réglementation fédérale.

Le taux du filet de sécurité fédéral est censé être appliqué si les provinces prennent du retard. Il reste à voir si Mark Carney prévoit appliquer ce prix plus élevé, d'autant plus qu'il n'a pris aucune mesure contre la Saskatchewan, qui a complètement abandonné sa tarification du carbone industriel plus tôt cette année.

Le premier ministre fédéral a fait campagne en faveur du renforcement de la tarification du carbone industriel comme compensation pour l'abrogation de la tarification du carbone à la consommation, ce qu'il a fait dès son entrée en fonction. Une étude de l'Institut canadien du climat a montré que la tarification industrielle, appliquée aux plus grands émetteurs du pays, éliminerait beaucoup plus de gaz à effet de serre que la taxe à la consommation.

«Énorme incertitude»

L'Alberta a également proposé des modifications à son programme de tarification du carbone industriel le mois dernier. Celles-ci permettraient aux entreprises d'éviter de payer les frais provinciaux sur les émissions en investissant dans leurs propres projets de réduction des émissions.

De plus, les modifications proposées permettraient aux petites entreprises qui n'atteignent pas le seuil minimal d'émissions du programme de se retirer du système de tarification du carbone pour 2025. Ces changements devraient entrer en vigueur cet automne.

Bien que ces mesures aient été saluées comme une victoire par l'industrie, des observateurs préviennent qu'elles décourageront les investissements de l'industrie dans la croissance propre.

S'exprimant devant le comité de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes lundi, l'économiste principal de l'Institut climatique du Canada a déclaré que les changements proposés ont créé une «énorme incertitude» au sein du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de l'Alberta.

«Nous prévoyons des prix à l'avenir, peut-être à 65 $ la tonne, avec un peu de chance. Et cela a complètement refroidi le marché», a pointé Dave Sawyer au comité.

«Les marchés sont liquides, nous disent les négociants. Lorsque l'on fait chuter les chiffres, ils restent actuellement bien en deçà des niveaux que les investissements majeurs dans la décarbonation peuvent rentabiliser.»

Les systèmes de tarification du carbone, comme la version industrielle canadienne, fonctionnent en fixant des émissions maximales autorisées, ou plafonds. Les entreprises qui respectent le plafond génèrent des crédits qu'elles peuvent ensuite revendre à celles qui le dépassent. Ces crédits visent à rendre plus rentables les investissements dans la réduction des émissions pour les entreprises, plutôt que de simplement acheter des crédits lorsqu'elles dépassent le plafond.

Cependant, le prix de ces crédits est primordial. Si le prix est trop bas, il n'y a aucune incitation à investir plutôt qu'à acheter des crédits.

L'Alberta veut un autre pipeline

Danielle Smith négocie avec Mark Carney pour trouver un moyen de construire un autre pipeline entre l'Alberta et la côte de la Colombie-Britannique.

Elle a demandé au gouvernement fédéral de lever l'interdiction des pétroliers au large des côtes de la Colombie-Britannique, d'éliminer l'obligation de vente de véhicules électriques, d'abandonner le plafond des émissions pétrolières et gazières et d'abolir la tarification fédérale du carbone industriel afin de permettre aux provinces de s'autoréglementer.

Si Mme Smith et M. Carney ont échangé de brèves remarques lors d'une séance photo avant leur rencontre de lundi, la première ministre albertaine a refusé de partager les détails de leur rencontre avec les journalistes mardi.

«Je pense que (M. Carney) comprend qu'il faut une abrogation ou une révision substantielle», a avancé Mme Smith lorsqu'on l'a interrogée sur les politiques environnementales fédérales qu'elle souhaite voir abandonnées.

«Soyons francs. Il a bel et bien abrogé la taxe carbone sur le commerce de détail. Il a certes suspendu le projet pendant 60 jours, mais il a également retardé la mise en œuvre de l'obligation d'achat de véhicules électriques lorsqu'il a réalisé qu'elle était impossible à mettre en œuvre en janvier 2026. C'était également l'une de nos propositions.»

L'élue a jouté: «Je pense donc qu'il a démontré que, si une chose ne fonctionne pas, il est prêt à l'abroger ou à la modifier.»

Danielle Smith a lancé l'idée d'un «grand compromis» qui permettrait au projet de captage du carbone de l'Alliance nouvelles voies de progresser parallèlement à un projet d'oléoduc vers la côte ouest du Canada.

La première ministre de l'Alberta a dit espérer que le projet d'oléoduc, qui ne bénéficie d'aucun soutien du secteur privé ni d'aucun tracé proposé, puisse être soumis à l'examen du nouveau Bureau des grands projets d'Ottawa d'ici le printemps prochain.

Elle a affirmé aux journalistes mardi qu'elle espérait conclure un accord «d'ici la Coupe Grey», prévue le 16 novembre.

— Avec des informations de Jack Farrell, à Edmonton

Nick Murray et Catherine Morrison, La Presse Canadienne

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