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Semaine de quatre jours: un projet-pilote est couronné de succès au Royaume-Uni

durée 10h00
18 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Plus de 90 % des entreprises britanniques qui ont récemment mis à l'essai la semaine de quatre jours dans le cadre d'un projet-pilote ont été tellement satisfaites qu'elles entendent conserver ce mode de fonctionnement.

Ce projet, qui était notamment dirigé par des chercheurs de l'Université de Cambridge et de Boston College, est présenté comme le plus important jamais réalisé en son genre, avec la participation d'une soixantaine d'entreprises pendant le deuxième semestre de 2022.

La plupart des employés ont rapporté être moins stressés, moins épuisés et avoir un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée.

Ŀes entreprises, de leur côté, indiquent que leur chiffre d'affaires est resté stable pendant cette période et qu'il a même augmenté par rapport aux six mêmes mois de l'année précédente.

«Je trouve que c'est encourageant, parce que ça fait en sorte qu'on va remettre en question le mode de fonctionnement actuel», a commenté la professeure Jessica Riel, du département d'organisation et ressources humaines de l'Université du Québec à Montréal.

Ces résultats pourraient aussi avoir comme effet d'encourager les entreprises qui hésitent à adopter un fonctionnement sur quatre jours, croit-elle.

La pratique de la semaine de quatre jours, a quant à lui dit le professeur Luc Brunet, un spécialiste de la psychologie du travail à l'Université de Montréal, est un peu tombée dans l'oubli après avoir connu une certaine popularité dans les années 1970. Elle revient aujourd'hui à l'avant-scène en raison de l'importance accrue accordée à la santé psychologique au travail.

La pénurie de main-d'œuvre bien documentée y est aussi probablement pour quelque chose, ajoute-t-il.

«Les entreprises vont rivaliser d'ingéniosité pour essayer d'attirer, puis de garder, le plus d'employés possible en facilitant leur vie au travail, a-t-il dit. C'est sûr que c'est une situation qui permet effectivement d'essayer de nouvelles façons de faire.»

Avantages pour tous

Soixante et onze pour cent des employés ont dit se sentir moins épuisés, 39 % moins stressés et 48 % plus satisfaits de leur travail qu'avant l'essai.

Environ les deux tiers ont confié qu'il était plus facile de concilier travail et responsabilités à la maison, tandis que les trois quarts ont témoigné d'une plus grande satisfaction dans leur vie. L'étude indique une réduction de la fatigue, une amélioration de la santé mentale et un sommeil de meilleure qualité.

Les entreprises y ont elles aussi trouvé leur compte, rapportant dans certains cas un bond du tiers de leurs revenus par rapport au même semestre de l'année précédente.

«Les employés sont en forme, ils aiment ça, alors c'est sûr que ça va aider à la productivité», a dit le professeur Brunet.

Mais pour être couronné de succès, le passage à la semaine de quatre jours nécessite une certaine planification. Puisqu'on est dans un contexte de mondialisation, ajoute-t-il, il faudra que certains employés acceptent de travailler le lundi et d'autres le vendredi. Il faudra aussi que les mêmes tâches puissent être effectuées par différents employés pour que l'entreprise puisse continuer à rouler.

Mais l'objectif, a précisé Jessica Riel, n'est pas de comprimer la semaine de 40 heures en quatre jours. «Le but est de permettre plus de flexibilité et de permettre aux gens d'avoir autre chose que le travail dans la vie, de pouvoir s'investir dans leurs loisirs, dans leur famille, et cetera», a-t-elle dit.

Bienfait non négligeable dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, la probabilité que les employés démissionnent a diminué de 57 % par rapport à la même période de l'année précédente. Le nombre de congés de maladie, quant à lui, a chuté de 65 % par rapport à l'année précédente.

Il y a, bien sûr, des secteurs qui ne peuvent pas instituer des horaires plus courts parce qu'ils ont besoin de travailleurs 24 heures sur 24, comme les hôpitaux et les secouristes.

«Mais dans d'autres secteurs, ça peut permettre de repenser les modes de fonctionnement, puis d'avoir un mode de vie plus simple, avec un équilibre travail, famille, vie personnelle, qui est plus grand, donc c'est sûr que c'est positif», a dit Mme Riel.

Les recherches nous montrent depuis plusieurs années qu'il faut modifier notre mode de fonctionnement et l'organisation du travail, poursuit-elle.

«Il faut être plus attentif à la santé et au bien-être de nos travailleurs et travailleuses parce que c'est comme ça que tout le monde gagne», a-t-elle lancé en conclusion.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne