Rob Lantz réclame une enquête sur l'ingérence étrangère et le blanchiment d'argent


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Par La Presse Canadienne, 2025
CHARLOTTETOWN — Rob Lantz, le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, souhaite une enquête fédérale sur les allégations d'ingérence étrangère et de blanchiment d'argent de la Chine dans sa province par deux groupes bouddhistes.
Le premier ministre a écrit à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et à un organisme fédéral de lutte contre le blanchiment d'argent, leur demandant d'examiner ces allégations.
Dans ses lettres, M. Lantz affirme que sa province est préoccupée par les allégations selon lesquelles la province aurait servi de base opérationnelle au Parti communiste chinois.
Bien que les deux groupes bouddhistes aient été une source d'incertitude publique depuis plusieurs années, il a déclaré que les commentaires formulés par un ancien solliciteur général du Canada et un ancien surintendant de la GRC à Ottawa au début d'octobre ont relancé les inquiétudes.
«Il a été suggéré que des informations existent qui justifieraient une enquête criminelle», a-t-il écrit dans la lettre adressée au commissaire fédéral de la GRC, Mike Duheme.
«Les allégations formulées par les mêmes personnes selon lesquelles l'Île-du-Prince-Édouard aurait servi de base opérationnelle avancée au Parti communiste chinois sont toutes aussi troublantes. Il s'agit d'allégations graves.»
M. Duheme a soutenu que les allégations d'ingérence étrangère clandestine doivent être examinées par les ministères et organismes fédéraux compétents, selon les procédures judiciaires établies, plutôt que d'être livrées aux spéculations.
La GRC n'a pas répondu à une demande de commentaires concernant l'ouverture d'une enquête.
Dans sa lettre adressée à Sarah Paquet, la directrice du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, le premier ministre provincial a assuré que la gravité des allégations de blanchiment d'argent et d'ingérence étrangère dans la province ne saurait être surestimée.
De récentes déclarations publiques ont laissé entendre que l'Île-du-Prince-Édouard pourrait être utilisée comme une plaque tournante pour des activités financières illicites, notamment pour le blanchiment d'argent, a-t-il ajouté.
«Nous exhortons notre bureau à accorder la priorité à cette question et à collaborer avec les organismes d'application de la loi et de réglementation afin de déterminer si des crimes financiers ont été commis.»
L'organisme financier a déclaré dans un communiqué qu'il était «déterminé à remplir son mandat en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme, le contournement des sanctions et les menaces à la sécurité du Canada (y compris l'ingérence étrangère) à l'Île-du-Prince-Édouard et partout au Canada».
Loi sur la protection des terres
En février, le gouvernement provincial a ordonné une enquête sur les propriétés foncières de deux organisations bouddhistes de la province, affirmant que les insulaires avaient des préoccupations légitimes quant à la propriété des terres et à leur utilisation.
Le gouvernement a déclaré que la commission de réglementation et d'appel de la province utiliserait la Loi sur la protection des terres pour enquêter sur le Great Wisdom Buddhist Institute et la Great Enlightenment Buddhist Institute Society.
La Coalition pour la protection des terres de l'Île-du-Prince-Édouard a publié une lettre ouverte en février demandant à l'ancien premier ministre, Dennis King, d'ouvrir une enquête sur les propriétés foncières étrangères et commerciales, faisant suite à une demande similaire formulée en 2023.
Le Great Wisdom Buddhist Institute de Brudenell, à l'Île-du-Prince-Édouard, est un monastère pour religieuses, principalement originaires de Taïwan. Environ 200 d'entre elles vivent au monastère et 300 autres vivent à proximité.
En 2019, la Société de l'Institut bouddhiste du Grand Éveil comptait environ 600 moines, principalement originaires de Taïwan, vivant sur des campus distincts à Little Sands et à Heatherdale, à l'Île-du-Prince-Édouard.
Dans un message publié dimanche sur son site web, la Société de l'Institut bouddhiste du Grand Éveil s'est dite «profondément découragée» par une conférence de presse au cours de laquelle des «allégations fabriquées de toutes pièces» ont été utilisées pour cibler la communauté bouddhiste de l'Île-du-Prince-Édouard.
«Nous saluons tout examen légitime par les autorités compétentes, y compris la Commission de réglementation et d'appel de l'Île-du-Prince-Édouard et la GRC, a-t-elle indiqué. Nous nous réservons le droit de prendre les mesures légales nécessaires pour protéger notre intégrité et ceux qui ont consacré leur vie à cette mission.»
Dans une publication sur les réseaux sociaux publiée dimanche, l'Institut bouddhiste de la Grande Sagesse a déclaré accueillir favorablement les «examens légitimes» menés par les autorités, notamment la GRC, la Commission de réglementation et d'appel de l'Île et le Service canadien du renseignement de sécurité.
Matthew MacFarlane, député du Parti vert de l'opposition à l'Île-du-Prince-Édouard, a appuyé qu'il était temps que les allégations d'ingérence étrangère et de blanchiment d'argent lié à des organisations bouddhistes opérant à l'Île-du-Prince-Édouard fassent l'objet d'une enquête.
«Les lettres du gouvernement à la GRC et au Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada ne sont qu'une étape.»
«Et cette mesure à elle seule ne suffira pas», a continué M. MacFarlane dans un communiqué.
Hina Alam, La Presse Canadienne