Repérer les signes de déclin chez vos proches aînés durant les Fêtes

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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Le temps des Fêtes est un moment propice pour repérer des signes de déclin chez nos proches. Trop souvent, les personnes âgées vont mettre la faute sur le vieillissement normal, alors qu'il est possible d'agir en prévention pour certains problèmes de santé. La Fondation AGES lance une formation gratuite disponible en ligne pour aider les gens à guider l'évaluation de leurs proches aînés.
La formation intitulée «Sentinelles en gériatrie sociale» se décline en trois principaux volets. Le premier est de repérer les signes de détérioration de la santé; le second est de planifier des actions pour prévenir le vieillissement accéléré; puis le troisième est de bien préparer un rendez-vous avec un professionnel de la santé.
«Malheureusement, encore aujourd'hui dans la société, les gens vont souvent dire: "ah c'est normal, il vieillit", puis ils vont laisser ça aller jusqu'à tant que la détérioration soit tellement grave qu'il n'y a plus grand-chose à faire. L'idée, c'est vraiment d'amener les gens à réaliser qu'il ne faut pas paniquer, mais il faut s'en occuper parce que ce n'est pas juste du vieillissement normal», explique en entrevue le Dr Stéphane Lemire, qui est interniste-gériatre ainsi que fondateur et président de la Fondation AGES.
«L'idée, c'est de rendre les gens plus autonomes à s'occuper d'eux-mêmes, à repérer des situations problématiques et à connecter ça à un système d'accompagnement, qu'on appelle, nous, gériatrie sociale, poursuit-il dans son explication. C'est un système d'accompagnement qui aide les gens à naviguer à travers les méandres du système de santé quand c'est nécessaire, mais des fois, éviter d'aller dans le système de santé pour des choses qu'on peut régler sans y aller.»
Le Dr Lemire donne quelques exemples de choses que l'on peut repérer quand on arrive au party de Noël ou du Jour de l'an. Notamment, si l'entrée n'est pas du tout déneigée ou encore si la personne s'est complètement trompée dans ses recettes... disons si la dinde n'est pas bien cuite ou que le sucre a été mélangé pour le sel dans la tourtière. «Ce sont des signes qu'on peut voir», souligne-t-il.
«Des fois, dans les conversations, il y a des gens avec le vieillissement qui hésitent à parler de leur problème d'audition, de surdité, ajoute-t-il. Et là, dans des conversations, ils ont l'air tout mêlés et ils répondent à côté de la plaque. Alors que des fois, tout simplement en allant voir un audiologiste, on est capable de régler la situation.»
Partager une inquiétude sans être dans la confrontation
Faire part à un proche d'une inquiétude en lien avec des signes de détérioration peut être une opération délicate. «Quand les gens font la formation ''Sentinelles'', on leur donne des trucs pour être capables de bien interagir, puis au fond, il faut éviter d'être confrontant et il faut surtout exprimer une inquiétude qu'on peut avoir, par exemple à propos de la mémoire, de l'appétit ou d'une chute», indique Dr Lemire.
Il mentionne que les gens vont avoir tendance à le minimiser en justifiant que c'est normal de moins manger avec l'âge ou d'être moins actif. «Mais il faut changer cette façon de penser», affirme-t-il.
Selon le Dr Lemire, ce déni provient d'une peur de se retrouver dans une résidence pour aînés, notamment en CHSLD. «Ce dont les gens ont le plus peur, c'est d'être placé, c'est d'être obligé de voir le travailleur social du CLSC. [...] Ce qu'on veut, c'est de démontrer aux gens qu'il y a plein de solutions très simples à mettre en place au quotidien. Juste en termes d'activités physiques minimales comme la marche, en termes de nutrition en mangeant plus de protéines, etc.»
Dans la formation, les participants sont invités à suivre l'acronyme AINÉÉS AD-PLUS où chaque lettre correspond à un aide-mémoire pour évaluer la personne âgée. En 2011, le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis sur pied l'Approche adaptée à la personne âgée (AAPA) en milieu hospitalier. Cette approche incluait notamment les signes AÎNÉÉS: A pour autonomie, I pour intégrité de la peau, N pour nutrition et hydratation, É pour élimination, É pour État cognitif et S pour sommeil.
La formation reprend cette approche adaptée. «C'était un choix volontaire parce que [...] quand les gens arrivent dans le réseau de la santé, ils n'ont pas le bon vocabulaire. Donc, on voulait doter les gens du bon vocabulaire pour être capables de structurer leurs observations au niveau de la santé, comme on le fait à l'hôpital avec le AINÉÉS», explique Dr Lemire.
Le volet AD-PLUS a été ajouté parce qu'en communauté, dit-il, il y a d'autres éléments qui s'ajoutent. Par exemple, on peut porter attention à la capacité d'auto-soins, à la sécurité du domicile, à l'interaction entre l'aînée et ses proches aidants. Il est important aussi que les personnes aînées aient une vie sociale pour briser l'isolement.
La formation «Sentinelles en gériatrie sociale» est disponible gratuitement sur le site web agirpourmieuxvieillir.com.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne