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Rapporteur spécial: le Bloc et le NPD déclinent la demande de proposer des noms

durée 17h59
14 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Les bloquistes et les néo-démocrates ont décliné une demande du cabinet du premier ministre de suggérer des noms de personnes pour occuper le poste du «rapporteur spécial indépendant» qui aura pour tâche de recommander ou pas la tenue d'une enquête publique et indépendante sur l'ingérence étrangère dans les élections canadiennes.

Dans une lettre transmise mardi au premier ministre Justin Trudeau, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, propose plutôt de «soumettre les noms de candidats et de candidates pouvant être choisis par la Chambre pour occuper le poste de commissaire».

M. Blanchet estime que ce n'est pas à un rapporteur spécial de déterminer s’il y a lieu d’enquêter à présent qu'un comité parlementaire a réclamé formellement une telle enquête. Il s'agit selon le Bloc de «la seule manière de redonner à la population confiance en notre système électoral».

En annonçant la semaine dernière la création du poste de rapporteur spécial, M. Trudeau a précisé que la personne, qui sera un «éminent Canadien», sera nommée en consultation avec les partis d'opposition.

Lors d'une conférence de presse en Nouvelle-Écosse, mardi, le premier ministre a précisé qu'il entend dévoiler le nom de ce rapporteur spécial «dans les prochains jours ou semaines» et a insisté qu'il juge important d'avoir «le bon expert indépendant».

Tout comme le Bloc, le Nouveau Parti démocratique a également balayé du revers de la main la proposition. «Pour ce qui est des noms, nous n’en avons pas partagé. Nous croyons que c'est au gouvernement de prendre cette décision», a écrit son porte-parole Éric Demers, dans une déclaration transmise mardi à La Presse Canadienne.

Le NPD, qui ne s'objecte pas à ce que le premier ministre nomme un rapporteur spécial, estime néanmoins qu'une enquête publique constitue «la seule façon d'aller au fond des choses».

«Ce que nous avons dit aux libéraux, c'est la même chose qu'on a dite publiquement: le rapporteur doit être indépendant et il ne doit pas être lié aux libéraux, a ajouté M. Demers. Nous voulons aussi qu'il soit nommé rapidement.»

Le Parti conservateur du Canada n'avait pas répondu à une demande de commentaire au moment de publier. Son chef, Pierre Poilievre, avait affirmé la semaine dernière que la nomination d'un rapporteur est ni plus ni moins qu'une tactique des libéraux pour camoufler une affaire d'ingérence. Il réclame lui aussi une enquête publique indépendante.

M. Poilievre avait ajouté ne pas avoir confiance que le rapporteur spécial sera réellement indépendant, étant choisi par le premier ministre. «On sait tous que ce sera quelqu'un lié à lui (ou) aux libéraux, choisi pour protéger l'establishment libéral», avait-il dit.

Un sondage de la firme Léger révélait mardi que l’idée que le gouvernement du Canada lance une enquête indépendante sur l'ingérence étrangère lors des deux dernières élections fédérales recueille l’appui d’une majorité de Canadiens. Ces derniers croient néanmoins que le système électoral du pays est sûr.

Les allégations voulant que la Chine soit intervenue dans les élections fédérales de 2019 et 2021 ont dominé les débats à Ottawa durant les dernières semaines.

Une série de reportages basés sur des fuites de sources du milieu du renseignement détaillaient les allégations à l'effet que la Chine aurait tenté de soutenir des candidats considérés comme amis du régime et que Pékin aurait eu pour objectif que les libéraux obtiennent un gouvernement minoritaire en 2021.

Michel Saba, La Presse Canadienne