Projet pilote: des magasins ouvriront plus tard la fin de semaine dans trois villes


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — Est-ce que le gouvernement du Québec doit dicter l’heure à laquelle les commerçants doivent fermer boutique? Le ministre délégué à l'Économie, Christopher Skeete, se pose la question.
«Est-ce que le gouvernement est encore un acteur central dans ces discussions-là? Est-ce que c'est encore pertinent qu'on fasse ça?» s’est questionné le ministre en entrevue mercredi.
M. Skeete espère qu’un projet pilote, qui sera mené dans trois villes du Québec, apportera un éclairage sur la question.
Les commerces des villes de Gatineau, Laval et Saint-Georges pourront ainsi rester ouverts jusqu’à 20 heures les samedis et dimanches, plutôt que 17 heures. La période d’essai commercera au cours de l’été.
Le projet ne touche pas aux jours fériés. Les commerces d’alimentation et les pharmacies, qui bénéficient déjà d’une exemption, ne sont pas concernés.
Le but du gouvernement Legault est d’évaluer les répercussions liées à la modification des heures d’ouverture sur les travailleurs, les consommateurs et les commerçants.
Au terme du projet pilote qui durera un an, mais qui pourrait être étiré à deux ans, un rapport sera déposé et le gouvernement évaluera la pertinence d’implanter ce changement de manière permanente à la grandeur du Québec.
Les trois villes choisies offrent un laboratoire différent, a expliqué le ministre. Gatineau est à proximité de l’Ontario. Laval est un centre urbain et un pôle du commerce de détail. Saint-Georges donne une perspective pour les commerces éloignés des centres urbains.
Des heures d’ouverture «arbitraires»
En entrevue, M. Skeete a affirmé que l’intervention gouvernementale avait des inconvénients pour les commerçants et les consommateurs. «Souvent, ce qui arrive à 17 heures les fins de semaine, c'est qu'on bouscule les clients à l'extérieur des magasins parce que la loi les oblige de fermer, faute de quoi ils vont recevoir une amende», a-t-il déploré.
Les nombreuses exceptions alourdissent également le fardeau administratif de l’État, selon lui. Les heures d’ouverture des commerces comportent des exceptions pour les épiciers, les pharmacies, la Société des alcools du Québec (SAQ), les zones touristiques et les libraires, notamment.
Québec va d’ailleurs mener un autre projet pilote pour permettre aux boutiques d’objets érotiques de rester ouvertes jusqu’à 23 heures, tous les jours.
«Dans le contexte où il y a plein de demandes d'exception, on se pose la question si c'est pertinent qu'on soit là», a dit M. Skeete.
Le ministre a concédé qu’il avait déjà son opinion sur la question. Il a souligné que le Québec était «la seule juridiction en Amérique du Nord» à légiférer sur les heures d’ouverture avec une approche «mur à mur de manière arbitraire».
La conclusion du projet pilote n’est pas écrite d’avance, a nuancé le ministre. Le rapport permettra d’avoir plus d’informations pour alimenter le débat, selon lui.
«Est-ce que ça a un impact sur les travailleurs? Est- ce que ça a un impact sur les consommateurs? Est-ce que cela a un impact sur les commerçants? L'idée derrière le projet pilote, c'est justement de mesurer l'impact et, après ça, se faire une tête.»
Les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) ont déjà fait part de leurs préoccupations quant à l’impact d’un élargissement des heures d’ouverture sur la réussite scolaire des jeunes travailleurs, en commission parlementaire en février.
M. Skeete a rejeté cette préoccupation en entrevue. Il a souligné que son gouvernement a légiféré pour limiter le nombre d’heures que peut travailler un jeune de 14 ans à 16 ans. «Je répondrais aux syndicats qu’on est déjà en action là-dessus.»
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne