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Peu de recherches s'attardent au logement étudiant au Québec, selon un rapport

durée 12h09
14 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Même si les étudiants font partie des personnes les plus touchées par la crise du logement, peu de recherches s'attardent au portrait du logement étudiant au Québec, soutient un rapport de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS),  produit avec la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. 

Dans le rapport «Défis en logement étudiant au Québec et ailleurs: une recension des écrits», Nick Revington, professeur adjoint du Centre Urbanisation Culture Société de l'INRS, a procédé à une revue de la littérature des recherches actuelles sur le logement étudiant au Québec.

«On n’a pas vraiment trouvé grand-chose, donc on s’est tourné vers les écrits du reste du Canada, de l’international, pour comprendre les débats scientifiques autour de cette question dans d’autres régions du monde, pour voir ensuite ce qu’on pourrait identifier comme les lacunes les plus importantes au Québec», explique M. Revington, en entrevue. 

Selon lui, «il faut vraiment plus de données et de recherches sur la question du logement étudiant au Québec afin de mieux comprendre les enjeux, et donc, de mieux comprendre quelles seraient des solutions».

Même si les études sur le sujet sont peu nombreuses dans la province, le Québec dispose de plusieurs données, notamment grâce aux sondages menés par l'Unité de travail pour l’implantation de  logement étudiant (UTILE), qui sont, pour M. Revington, «les meilleures sources de données sur les étudiants et le logement étudiant au Canada, et leurs données sont principalement pour le Québec».

«Le problème, c’est que c’est difficile de valider les données de l’UTILE, parce qu’on n’a pas d’autres sources de données officielles qui sont assez détaillées sur les étudiants, les caractéristiques socioéconomiques, sociodémographiques, des étudiants au Québec et au Canada pour dire: oui, les données de l’UTILE sont très fiables ou pas», précise le professeur. 

Il estime que la responsabilité du développement de la recherche sur le sujet n'incombe pas seulement aux chercheurs, mais aussi au gouvernement, comme au ministère de l'Éducation supérieure, qui pourrait développer des données officielles plus robustes sur la population étudiante. 

Le rapport auquel a participé M. Revington propose quelques pistes de recherches qui pourraient être approfondies. 

«Il faut mieux comprendre l’effet de la crise du logement sur les étudiants, sur la réussite scolaire, sur la question de la conciliation travail-famille-étude», dit-il, à savoir si la crise du logement force les étudiants à travailler ou travailler plus d’heures pour pouvoir payer leur logement, et quel sera l’impact sur leur réussite scolaire. 

Le professeur indique qu'il pourrait être pertinent de se questionner à savoir si certains étudiants décident de ne pas poursuivre leur éducation en raison du coût élevé des logements ou de la difficulté à trouver un toit. La cohabitation entre les étudiants des villes universitaires et collégiales avec les résidents locaux pourrait aussi être étudiée. 

Les recherches devraient également se pencher sur le logement étudiant dans l'ensemble de la province. 

«Les quelques recherches qui existent au Québec portent vraiment sur Montréal, donc il y a aussi un besoin de comprendre la situation en dehors de la métropole, parce que la crise du logement ne touche pas que Montréal, mais ça touche plus ou moins toutes les villes universitaires ou collégiales au Québec», explique M. Revington. 

Explorer des solutions existantes

Pour M. Revington, les problématiques entourant le logement étudiant concernent majoritairement le marché privé. 

«C'est presque 70 % des universitaires qui vivent dans le marché locatif privé. Dans le marché privé, (il y a des) questions d'abordabilité, de pouvoir trouver un logement, il y a des taux d'inoccupation très bas dans plusieurs villes universitaires au Québec, et aussi dans les villes avec les cégeps», explique M. Revington. 

Il souligne qu'il y a aussi un manque de places en résidences universitaires, ce qui explique la grande proportion d'étudiants devant se loger sur le marché locatif privé. 

Selon le professeur, certaines initiatives innovantes sont déjà en place au Québec, et elles mériteraient d'être explorées davantage. Il cite notamment l'organisme UTILE, qui travaille au développement de logements abordables pour les étudiants, souvent en collaboration avec des associations étudiantes. 

Le rapport met aussi en lumière des projets de résidences répondant aux besoins propres aux étudiants autochtones, entrepris à Québec, à Trois-Rivières et à Sept-Îles, pour faciliter leur réussite scolaire. 

Coralie Laplante, La Presse Canadienne