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Permis d'opérer: les syndicats craignent des pertes d'emplois à la Fonderie Horne

durée 12h05
23 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTREAL — Des rumeurs au sujet du permis d'opération de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, inquiètent les syndicats qui veulent s'assurer qu'aucun emploi n'est en danger dans la région.

Le Syndicat des travailleurs de la mine Noranda de la CSN ainsi que la Fédération de l'industrie manufacturière ont interpellé dimanche matin le premier ministre François Legault à ce sujet.

Des discussions ont eu lieu ces dernières semaines entre les syndicats et Glencore, l'entreprise responsable de la fonderie située en Abitibi-Témiscamingue, selon Kevin Gagnon, président de la Fédération de l'industrie manufacturière-CSN.

«On en est au point où l'entreprise est en discussion avec le gouvernement provincial pour l'autorisation ministérielle en lien avec les opérations de la fonderie», a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse Canadienne.

M. Gagnon a précisé que certains enjeux d'ingénierie ou technique seraient en question, forçant alors l'entreprise à réviser ses plans et demander une certaine extension par rapport aux délais initiaux.

Mais d'après lui, autorisation ministérielle rime aussi avec autorisation de mettre l'usine en activité.

«Dès qu'on parle d'incertitude au niveau des autorisations, on parle aussi de possibilités de pertes d'emploi et donc les gens ont une inquiétude au niveau local», a-t-il indiqué.

Le président du syndicat a rappelé que ce seraient près de 3000 emplois directs et indirects qui pourraient être touchés par une telle décision.

Et, selon lui, l'impact pourrait aussi être majeur pour l'économie du Québec, alors que la fonderie Horne est la seule fonderie de cuivre au Canada.

«Dans un monde où l'on commence à parler beaucoup de l'électrification des véhicules, on va aller vers un avenir où des procédés industriels sont de plus en plus verts. Non seulement on va encore avoir besoin du cuivre, mais on va en avoir besoin de plus en plus», a-t-il argumenté.

M. Gagnon appelle surtout le gouvernement à trouver un point d'équilibre entre le respect des normes environnementales, qu'il juge essentielles, et les emplois.

«Il faut réaliser que depuis plusieurs mois et plusieurs années, on parle beaucoup de transition énergétique au Québec, mais la transition juste, ça ne se fait pas en 24 heures», a-t-il souligné.

«On espère que les choses tournent bien et que les gens ne se découragent pas, que cela ne commence pas à penser à partir travailler ailleurs. C'est ce qui nous inquiète», a confié M. Gagnon.

Au début du mois, sur la foi de deux sources au fait du dossier, l'agence de presse Reuters avait avancé que la multinationale anglo-suisse prévoit de fermer la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda et l'affinerie CCR de Montréal-Est, mais qu'aucune date n'a encore été fixée pour l'arrêt des activités.

Contacté à ce sujet, le cabinet du premier ministre a référé à une déclaration faite il y a quelques semaines par M. Legault.

«Je veux rassurer la population de l’Abitibi-Témiscamingue: la Fonderie Horne ne s’apprête pas à fermer ses portes. L’entreprise a elle-même démenti les informations véhiculées et a réaffirmé sa volonté de poursuivre ses activités au Québec», avait-il alors mentionné.

M. Legault avait assuré que le gouvernement continuerait de suivre la situation de près et que son objectif est de protéger les emplois et la santé des citoyens de la région.

Dans un communiqué transmis à l'époque par son directeur des relations médias, Fabrice de Dongo, l'entreprise a assuré qu'elle continue à mettre en œuvre son plan de réduction des émissions «en faisant progresser les études et autres travaux».

Le directeur des relations médias de Glencore Canada a reconnu que les fonderies «font face à d'énormes pressions à travers le monde, autant sur le plan financier et réglementaire qu’opérationnel».

Il a toutefois rappelé que la Fonderie Horne et l'affinerie CCR «jouent un rôle important dans l'approvisionnement en matières premières essentielles du marché nord-américain et étranger».

Cibles

La fonderie a été au cœur de plusieurs controverses dans les dernières années, notamment en raison de ses rejets de contaminants.

Elle dépasse largement la norme annuelle concernant les rejets d'arsenic, qui est de trois nanogrammes (ng) par mètre cube (m3), mais bénéficie d'ententes particulières avec le gouvernement du Québec.

En vertu de la plus récente autorisation ministérielle accordée par Québec, en 2023, la fonderie devait atteindre une cible de 45 ng/m3 en 2024 et devra respecter un objectif de 15 ng/m3 à partir de 2027.

Selon les données de l'entreprise, la concentration d’arsenic émis dans l'air en 2024 aurait atteint une moyenne de 39,1 ng/m3, en baisse par rapport à 73 ng/m3 en 2022.

avec des informations de Mathieu Paquette et de Stéphane Blais de La Presse Canadienne

Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne

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