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Patrick Bonin n'a pas réussi à suspendre l'agrandissement du Port à Contrecoeur

durée 17h09
17 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Le député bloquiste Patrick Bonin a échoué dans sa tentative de faire suspendre les travaux d’expansion du Port de Montréal à Contrecœur, le temps de permettre une consultation publique sur l’impact de ces travaux sur le chevalier cuivré.

L'agrandissement du Port aura nécessairement un impact sur ce poisson qui n’existe nulle part ailleurs au monde et dont l’existence est menacée.

Agissant à titre de vice-président du Comité permanent de l’environnement et du développement durable, à Ottawa lundi, le député et ancien porte-parole de Greenpeace est revenu à la charge à de multiples reprises auprès des représentants du Port de Montréal pour connaître les détails du processus de consultation mené par celui-ci.

Aucune alerte

Les représentants du Port et de l’Agence canadienne d’évaluation d’impact ont reconnu qu’en raison de certains problèmes techniques, aucune alerte n’avait été envoyée à l’effet que des consultations auraient lieu.

Le chef de cabinet et vice-président du Port, Julien Beaudry, a dû admettre qu’on n’avait reçu aucun commentaire électronique ou verbal en marge de cette consultation. «Nous avons respecté les requis, s’est-il défendu. Nous sommes également allés au-delà de ce qui est demandé par des événements publics.»

La présidente-directrice générale du Port, Julie Gascon, a fait valoir que si les nouvelles installations entraîneraient la destruction de 2,4 hectares d’herbiers où s’alimente le chevalier cuivré, les aménagements compensatoires prévus pour sa protection augmenteraient cette réserve alimentaire, déjà immense. «À l’Île aux Bœufs, on va planter (un herbier de) 3,29 hectares, qui va doubler après six ans à environ 6,2 hectares et, dans un horizon de 15 ans, à 12,6 hectares. Mais il faut comprendre qu'il y a 30 000 hectares d'habitat d'alimentation du poisson.»

Investissements de 17 millions $

«La condition du chevalier cuivré, est-ce qu'elle va s'améliorer? Le Port de Montréal va investir 17 millions $ dans cette espèce en péril au total avant l'ouverture en 2030. Jamais quelqu’un n’a investi autant dans ce poisson-là», a-t-elle déclaré.

Le député bloquiste s’est toutefois fait insistant, demandant à plusieurs reprises si le Port serait prêt à tenir une telle consultation. «Une telle situation aurait des impacts financiers et des délais importants sur le projet», lui a répondu Julien Beaudry.

Patrick Bonin s’est alors permis une attaque en règle, affirmant que «c’est l'impact financier qui vous préoccupe, mais vous n'êtes pas préoccupé par l'impact sur le chevalier cuivré».

«Monsieur le député, en toute franchise, ce n'est pas ce que j'ai dit», a répliqué Julien Beaudry, piqué au vif, après avoir répété que le Port avait respecté toutes les étapes prévues par la loi.

Permis non valide

Patrick Bonin a également dénoncé le fait que le permis récemment obtenu de Pêches et Océans Canada pour réaliser ces travaux dans l’habitat d’une espèce en péril n’avait pas été inscrit au registre de la Loi sur les espèces en menacées. De ce fait, selon lui, le Port de Montréal a entrepris des travaux à Contrecœur dans l’habitat d’une espèce menacée sans détenir un permis valide.

Le député bloquiste a également amené le Port à confirmer un fait qui était déjà connu, c’est-à-dire que tous les travaux terrestres pour l’aménagement du terminal, notamment l’abattage de milliers d’arbres et la décontamination des terrains, n’avait obtenu aucun permis de la Ville de Contrecœur.

Julien Beaudry était toutefois prêt à répondre à ce reproche: «À titre de mandataire du gouvernement (pour) ce projet, puisque les travaux sont réalisés bien entendu à la demande du Port, compte tenu de la constitution canadienne, nous n'avons pas à demander des autorisations municipales, puisque nous sommes également sur un terrain fédéral.»

Motion défaite

Patrick Bonin a tenté de faire adopter une motion par le Comité demandant «la suspension des travaux qui ont lieu actuellement dans l'habitat essentiel du chevalier cuivré, pour tenir une consultation en bonne et due forme sur le projet d'aménagement compensatoire».

«Ce qui me préoccupe, a dit M. Bonin, c'est l'avenir de l'espèce emblématique qu'on retrouve juste au Québec qui est le chevalier cuivré, qui est menacé, qu’il y a des travaux actuellement et que ça a été fait tout croche. Les gens n'ont pas été informés.

«Demain, le Port peut déposer son avis de consultation. En 30 jours, ce serait conclu. (…) Il y a des spécialistes externes indépendants, des groupes qui suivent le dossier qui nous disent que ça n'a pas de bon sens», a-t-il conclu avant de voir sa motion rejetée par les membres du Comité.

De leur côté, les membres conservateurs du Comité se sont surtout concentrés sur le rôle du Bureau des grands projets dans cet agrandissement, mais ont eu du mal à obtenir des précisions financières, les dirigeants du Port de Montréal invoquant des négociations en cours.

L'agrandissement du Port de Montréal à Contrecœur est l'un des premiers projets qui a été inclus dans la liste de soutien du Bureau des grands projets mis sur pied par le premier ministre Mark Carney.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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