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Nouvelle stratégie face au cancer de la prostate au CHUM

durée 11h52
27 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Une nouvelle stratégie déployée face au cancer de la prostate au Centre hospitalier de l'Université de Montréal permet non seulement de détecter la maladie plus efficacement, mais aussi de l'attaquer avec plus de précision.

Un essai clinique de phase III est actuellement en cours, mais les résultats obtenus jusqu'à présent sont si prometteurs que le CHUM a d'emblée décidé de changer sa façon de faire.

«C'est une combinaison de deux choses qui sont arrivées à peu près en même temps, c'est-à-dire la nouvelle imagerie beaucoup plus performante (et) les techniques de radiothérapie qui sont plus précises, a dit la cheffe du département de radio-oncologie du CHUM, la docteure Cynthia Ménard. Donc oui, ça vient vraiment changer la donne.»

La nouvelle stratégie repose sur l'utilisation d'une forme d'imagerie très sophistiquée appelée TEP-PSMA (soit tomographie par émission de positrons (TEP) ciblant l'antigène membranaire prostatique spécifique (prostate-specific membrane antigen, ou PSMA, en anglais).

La TEP-PSMA fonctionne en détectant la présence d’une protéine, la PSMA, à la surface des cellules cancéreuses. En guidant et en intensifiant la radiothérapie, a-t-on assuré par voie de communiqué. «cette approche améliore significativement la survie sans échec, sans augmenter les effets secondaires ni altérer la qualité de vie du patient».

Après un suivi de 37 mois, les patients ayant reçu le traitement guidé par TEP-PSMA ont présenté deux fois moins de rechutes que ceux recevant le traitement standard.

Cette technologie, a expliqué le premier auteur de l'étude, le docteur Collin Beliveau, qui est médecin résident en radio-oncologie, permet de repérer le cancer de la prostate et d'éventuelles métastases (et même des micro-métastases) dans les moindres recoins de l'organisme, et donc de procéder par la suite à un traitement de radiothérapie extrêmement ciblé.

«C'est une avancée significative (de pouvoir) repousser la récidive dans le futur en guidant mieux, en personnalisant les traitements de radiothérapie avec une imagerie nouvelle, plus précise», a-t-il dit.

Mais ce n'est pas tout, a dit la docteure Ménard: cette imagerie permet aussi de détecter des cancers qui seraient autrement passés inaperçus, du moins pour le moment.

«Quand on a essayé de trouver quel pourcentage de patients chez qui on trouve des lésions carrément en dehors du champ qu'on aurait traité si on n'avait pas eu l'information, c'est au-delà de 30 %, a-t-elle précisé. C'est un nombre significatif de patients chez qui on serait passés à côté avec un traitement standard.»

Après un suivi d'un peu plus de trois ans, a ajouté la docteure Ménard, «c'est clair qu'il y a une grosse différence entre les deux groupes de patients, ceux qui survivent sans récidive et ceux où il y a un échec».

Le principal obstacle en ce moment, a-t-elle poursuivi, en est un d'accès, «puisque ce ne sont pas tous les centres qui ont accès à l'imagerie». De plus, face à d'éventuels délais, on devra se poser la question pour savoir si c'est pertinent d'attendre, parce que «le traitement standard est préférable à aucun traitement».

«Cette étude nous permet de personnaliser le traitement pour chaque patient, a conclu le docteur Belliveau. Avant, ou bien on allait tout traiter pour être certain de ne rien manquer, ou bien on ne traitait pas assez et on ratait une lésion, donc on n'offrait pas nécessairement le meilleur traitement. Mais avec le TEP-PSMA, on est pas mal convaincus qu'on vise exactement à la bonne place.»

Les conclusions de la phase II de cet essai clinique ont récemment été publiées par le journal médical JAMA Oncology.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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