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Nouvelle chirurgie cardiaque à l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal

durée 10h00
9 décembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Deux chirurgiens de l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal sont récemment devenus les premiers au Québec à utiliser une nouvelle technique qui permet de soigner les anévrismes et les dissections aortiques en évitant une chirurgie à cœur ouvert.

Cette nouvelle technique réduit considérablement les risques pour les patients, tout comme la durée de leur séjour à l'hôpital et de leur convalescence.

Elle représente aussi un nouvel espoir pour ces patients à qui, jusqu'à présent, on n'avait rien à proposer parce que leur cœur était trop faible pour le traitement traditionnel qui implique une intervention à cœur ouvert pendant laquelle le sternum est scié en deux.

«Ça nous permet de traiter des patients dans toutes sortes de scénarios, avec toutes sortes d'anatomies, mais aussi en urgence avec des prothèses auxquelles on a déjà accès», a résumé le docteur William Fortin, qui est chirurgien vasculaire et endovasculaire.

La technique appelée endoprothèse de l’arche aortique modifiée (Physician Modified Endovascular Grafts, en anglais) consiste à percer des trous dans une endoprothèse de métal que les médecins utilisent normalement pour soigner des problèmes de l'aorte potentiellement mortels pour le patient. 

Cette modification permet d'utiliser la prothèse dans les vaisseaux sanguins qui partent de l'aorte en direction de la tête et du bras, a expliqué le docteur Fortin.

Ces vaisseaux sanguins, a complété sa collègue, la docteure Marina Ibrahim, qui est chirurgienne cardiaque, partent plus spécifiquement de l'aorte transverse: un vaisseau part vers le bras droit, un vers le bras gauche et deux vers la tête.

«Ce genre de chirurgie comprend un risque très élevé d'AVC, a-t-elle dit. Pour cette chirurgie, on doit procéder à un arrêt circulatoire pendant lequel on arrête la perfusion du cerveau. On protège toujours le cerveau, mais le risque d'AVC est très important.»

Si la nouvelle technique reste relativement complexe pour les médecins, a poursuivi le docteur Fortin, «les bénéfices pour le patient semblent clairs dès le départ», notamment en ce qui concerne la réduction des risques opératoires et de la durée de la convalescence.

La nouvelle technique représente également un nouvel espoir pour les patients qui ne sont pas admissibles à l'intervention classique.

«On cherche des options minimalement invasives (pour ces patients) qui n'auraient pas pu supporter l'intervention ouverte, a-t-il dit. On veut offrir à ces patients une option autre que de simplement attendre que leur pathologie finisse par les emporter.»

La technique a été développée en France il y a une dizaine d'années. Elle permet de soigner rapidement des patients qui n'ont souvent pas le luxe d'attendre plusieurs semaines qu'on confectionne des prothèses sur mesure pour eux.

Autrement, a dit le docteur Fortin, les patients qui ont un anévrisme important au niveau de l'aorte, ou dont l'aorte est carrément déchirée, ne pourraient pas être traités en temps opportun.

«La nouveauté de cette technique est de pouvoir utiliser une prothèse qu'on a déjà et de l'adapter à l'anatomie spécifique de chaque patient, a-t-il expliqué. C'est vraiment quelque chose de nouveau. On peut traiter n'importe qui, n'importe quand, quand on en a besoin.»

Cela étant dit, a ajouté le docteur Fortin, ces interventions, peu importe la manière dont elles sont pratiquées, comportent des risques significatifs pour le patient «et on doit s'assurer d'avoir la bonne option pour chacun».

Le premier patient à avoir pu profiter de cette intervention à l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal est rentré à la maison après 48 heures, tandis que l'intervention classique implique habituellement une hospitalisation de sept à dix jours.

«Ça représente un grand progrès technique et professionnel, a dit la docteure Ibrahim. Ça a fonctionné, et on peut commencer à déployer la technique pour plusieurs patients.»

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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