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Meurtres: la GRC voulait aider la police de Winnipeg pour rechercher les femmes

durée 09h52
8 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — La dirigeante de la GRC a dit à Ottawa que la police nationale pourrait offrir des conseils à la police de Winnipeg sur les recherches d'un site d'enfouissement pour les restes de deux femmes des Premières Nations, révèle un document récemment publié.

Alors que la colère grandissait face au refus initial de la police de Winnipeg de fouiller le site, la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, avait affirmé aux sous-ministres fédéraux que le corps de police pourrait aider, notamment en partageant leur expérience de recherche dans la ferme porcine du tueur en série Robert Pickton.

La police n'avait pas une liste ou un plan détaillés, mais elle pouvait donner un aperçu de ce qui avait été effectué à l'époque, avait écrit Mme Lucki dans un courriel datant du 16 décembre, obtenu par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

La police de Winnipeg avait initialement décidé de ne pas fouiller la décharge Prairie Green, une décharge privée à l'extérieur de la ville, pour chercher les restes de Morgan Harris et Marcedes Myran, qui auraient été victimes d'un meurtrier en série.

Jeremy Skibicki, âgé de 35 ans, a été inculpé de quatre chefs de meurtre au premier degré dans la mort de Mmes Harris et Myran ainsi que de deux autres femmes: Rebecca Contois et une femme non identifiée que les dirigeants autochtones ont nommée comme étant Mashkode Bizhiki'ikwe, ou Buffalo Woman.

La police avait déclaré qu'il n'était pas possible de rechercher dans la décharge les restes des femmes et que les chances de les trouver étaient faibles, étant donné le temps qui s'était écoulé.

Peu de temps avant que Mme Lucki n'envoie son courriel, des groupes autochtones de Winnipeg avaient créé leur propre comité pour déterminer si une recherche était faisable et avaient demandé l'aide du gouvernement fédéral. La police de Winnipeg a annoncé le 14 décembre qu'elle ferait partie du comité.

Le 7 décembre, le chef de la police de Winnipeg, Danny Smyth, a déclaré aux journalistes que la police n'avait pas discuté de l'affaire avec Ottawa. Cette semaine, le porte-parole de la police de Winnipeg, Kelly Dehn, n'a pas précisé si la police locale avait demandé l'aide de la GRC et a refusé de commenter, car l'affaire est devant les tribunaux.

Une offre «proactive» de la GRC

La GRC a confirmé mardi que Mme Lucki avait donné l'information au gouvernement fédéral «de manière proactive», car ni le gouvernement libéral ni la police de Winnipeg n'avaient demandé à la GRC de réfléchir à la manière dont elle pourrait aider.

La GRC «a compilé des informations au sein de l'organisation afin d'être prête à répondre à d'éventuels appels à l'aide», a déclaré la porte-parole Kim Chamberland dans un communiqué mardi.

«À l'époque, la GRC au Manitoba avait rencontré des représentants communautaires, des fonctionnaires provinciaux et municipaux et des organisations autochtones du Manitoba pour écouter leurs préoccupations.»

La fille d'une femme dont les restes pourraient se trouver dans la décharge a déclaré que la police de Winnipeg aurait dû tendre la main, «s'ils avaient l'impression qu'ils n'étaient pas capables de retrouver ces femmes».

«J'aurais aimé qu'ils contactent la GRC, le gouvernement provincial, fédéral, municipal – n'importe qui», a affirmé Cambria Harris lors d'une entrevue mardi.

Le cas de Robert Pickton

L'une des façons dont la GRC a dit qu'elle pourrait aider était d'offrir l'expertise de son enquête sur Robert Pickton, dont la ferme porcine à Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, est devenue la plus grande scène de crime au Canada.

Pendant plus d'un an, des policiers et des experts ont fouillé la propriété à la recherche de femmes disparues du quartier Downtown Eastside de Vancouver. Ils ont finalement trouvé les restes de plusieurs d'entre elles, après que des centaines de milliers d'échantillons d'ADN et d'expositions eurent été collectés.

«Tandis que la perquisition de la propriété de Pickton a commencé il y a plus de 20 ans, les enquêteurs actifs et retraités qui ont travaillé sur le projet pourraient être mis à la disposition du Service de police de Winnipeg pour consultation», a indiqué le document fourni aux sous-ministres de la Sécurité publique et des Relations Couronne-Autochtones.

On ajoutait qu'environ 100 étudiants de premier cycle en archéologie de l'Université Simon Fraser avaient participé à l'enquête Pickton, affirmant «qu'un tel programme pourrait fonctionner avec les universités et collèges du Manitoba».

Hormis Pickton, le document suggère que les membres de la GRC qui ont répondu à l'accident du vol Swissair en 1998 au large de la Nouvelle-Écosse, où 229 personnes sont mortes, pourraient être mis à disposition.

Cet événement soulève également des considérations de coût, a souligné la GRC.

«Le coût de l'excavation à elle seule se chiffrera en millions de dollars, car tous les matériaux d'excavation (...) devraient être transportés par camion hors du site pour être triés. En comparaison, l'enquête sur le site de Pickton a coûté 102 millions $ à l'époque.»

«(Le) Service de police de Winnipeg n'a pas (publiquement) publié une estimation des coûts, mais il dispose de ce chiffre à partir d'une consultation d'experts.»

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne