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Malgré les menaces de Trump, le Canada appuie la décarbonation des navires

durée 12h57
21 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Malgré les menaces de l’administration Trump qui prépare des mesures de rétorsion contre les pays qui ne partagent pas sa vision, le Canada compte appuyer une réglementation qui vise à réduire les gaz à effet de serre du secteur maritime.

Dans un échange de courriels avec La Presse Canadienne, un porte-parole du département d'État des États-Unis a écrit que l’administration Trump se prépare à mettre en œuvre «des droits de douane, des restrictions de visas ou des taxes portuaires» si l’Organisation maritime internationale (OMI) adopte officiellement la stratégie sur la réduction des émissions de GES provenant des navires.

En avril dernier, les pays membres de l’OMI, une organisation onusienne, ont approuvé une première fois cette stratégie, qui inclut un système mondial de tarification du carbone pour le transport maritime.

Cette stratégie, souvent appelée «cadre à zéro émission nette de l'OMI», vise notamment la diminution des GES provenant du transport maritime international d’au moins 20 à 30 % d’ici 2030 et doit être adoptée officiellement en octobre prochain.

Le Canada appuie le cadre malgré les menaces américaines

Malgré les menaces de l’administration Trump, un conseiller en communication de Transports Canada a expliqué à La Presse Canadienne que «le Canada appuie cette stratégie» et reste déterminé à collaborer avec ses partenaires pour la faire adopter.

«Le Canada attend avec impatience l’adoption du cadre à zéro émission nette de l’OMI en octobre 2025. Ce cadre est le fruit de nombreuses années de négociations à l’OMI, y compris d’évaluations détaillées des répercussions environnementales et économiques, ce qui constitue un exemple du multilatéralisme à l’œuvre», a écrit Flavio Nienow dans un échange de courriels.

Une «taxe carbone» contre les Américains

Le 12 août dernier, un texte signé par le secrétaire d’État Marco Rubio, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, le secrétaire à l’Énergie Chris Wright et le secrétaire aux Transports Sean Duffy a été publié sur le site du département d'État.

Ce texte explique les raisons pour lesquelles le président Donald Trump «n'accepterait aucun accord environnemental international» qui «imposerait un fardeau excessif ou injuste ou porterait préjudice aux intérêts du peuple américain».

Quels que soient les objectifs de l’OMI, le cadre «cadre zéro émission nette» constitue en réalité «une taxe carbone mondiale imposée aux Américains par une organisation onusienne irresponsable», selon les secrétaires américains.

Ces normes sur les carburants, selon eux, «profiteraient commodément à la Chine en exigeant l'utilisation de carburants coûteux et indisponibles à l'échelle mondiale».

L'administration Trump «rejette sans équivoque cette proposition soumise à l’OMI et ne tolérera aucune mesure qui accroisse les coûts pour nos citoyens, les fournisseurs d'énergie, les compagnies maritimes et leurs clients, ou les touristes».

Les secrétaires de l’administration Trump avaient conclu cette note en indiquant que «les États-Unis n'hésiteront pas à prendre des mesures de rétorsion» contre les pays qui ne partagent pas leur vision, sans préciser, à ce moment-là, quels genres de ripostes ceux-ci pourraient subir.

Faire payer les grands pollueurs

Le cadre de l'OMI vise à réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes internationaux vers 2050 et comprend un éventail de mesures pour y arriver.

Par exemple, il prévoit faire payer les transporteurs les plus polluants et récompenser les navires à faible émission.

Il inclut une norme en matière de carburant pour les navires et un mécanisme de tarification des émissions à l'échelle mondiale.

Si un transporteur est incapable de réduire ses GES au-delà d’un certain seuil, une taxe minimale de 100 $ US pour chaque tonne de gaz à effet de serre émise lui sera imposée.

Les seuils fixés par l’accord deviendraient de plus en plus stricts afin d’atteindre l’objectif de zéro émission nette fixé par l’OMI d’ici 2050 environ.

L’Organisation maritime internationale (OMI) estime que ces taxes généreront entre 11 et 13 milliards $ US de recettes annuelles.

Ces fonds seront versés à son fonds «zéro émission nette» pour investir dans les carburants et les technologies nécessaires à la transition vers un transport maritime vert, récompenser les navires à faibles émissions et soutenir les pays en développement afin qu’ils ne soient pas laissés pour compte avec des carburants polluants et des navires vétustes.

Ces mesures, selon un communiqué publié en avril par l’OMI, deviendraient obligatoires pour «les grands navires océaniques de plus de 5000 tonnes brutes, qui émettent 85 % du total des émissions de CO2 du transport maritime international».

Les émissions du transport maritime ont augmenté au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 3 % du total mondial, les navires étant devenus plus grands, transportant davantage de marchandises par voyage et consommant d’énormes quantités de carburant.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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