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L’Ontario souhaite se concentrer sur les investissements dans la défense en 2026

durée 09h23
24 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

TORONTO — Au cours d’une année qui a débuté par un bouleversement des relations commerciales mondiales orchestré par les États-Unis, le ministre du Développement économique de l’Ontario a parcouru le monde à la recherche de nouveaux partenariats et s’est concentré sur le secteur de la défense afin de stabiliser la situation pour l’année prochaine et les suivantes.

Les turbulences générées par les États-Unis sont loin d’être terminées, mais l’Ontario, comme le reste du Canada et la plupart des autres pays du monde, cherche à prendre ses distances par rapport à ces attaques quasi quotidiennes, a souligné Vic Fedeli lors d’une récente entrevue.

«La question qui se pose partout dans le monde est la suivante: comment pouvons-nous travailler ensemble autour des États-Unis?, s’est-il interrogé. Ils savent que vous vous réveillez chaque matin avec un œil à moitié ouvert, que vous consultez Twitter et que vous vous demandez: “Quelle nouvelle catastrophe nous attend ce matin?”»

M. Fedeli, officiellement ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce, mais officieusement surnommé le directeur commercial de l’Ontario, s’est rendu dans 20 pays cette année afin de renforcer les liens existants et d’en forger de nouveaux.

L’année prochaine sera similaire, mais peut-être «un peu moins intense», a-t-il prévenu.

«Vingt pays, c’était beaucoup, a affirmé M. Fedeli. Nous devons maintenant laisser certaines choses mûrir et conclure les accords qui sont tous en suspens, afin de nous assurer qu’ils aboutissent. Mais vous verrez que nous nous concentrerons davantage sur les endroits où nous nous rendons, en mettant l’accent sur la défense.»

M. Fedeli cherche à attirer de nouvelles productions étrangères dans la province et à aider les fabricants ontariens du secteur de la défense à conquérir de nouveaux marchés, mais il vise également à stimuler la production nationale.

Projets dans l'acier

La province et le gouvernement fédéral voient une occasion, par exemple, chez Algoma Steel, a-t-il déclaré. Une vague de dépenses dans le domaine de la défense est attendue dans un avenir proche, notamment le plan ReArm Europe de l’Union européenne, d’un montant de 1300 milliards $, et beaucoup d’acier sera nécessaire pour répondre à ces demandes, a rappelé M. Fedeli.

Ils ont un projet de deuxième chaîne de fabrication de tôles d’acier et de poutres en I pour les infrastructures, a indiqué M. Fedeli.

«Nous travaillons avec le gouvernement fédéral et Algoma dans le cadre d’un partenariat tripartite afin de financer ces deux projets qui constitueront des ajouts permanents à Algoma et permettront de réembaucher de très nombreuses personnes», a-t-il expliqué.

Algoma a récemment annoncé la suppression d’environ 1000 emplois, car les droits de douane américains l’obligent à passer du charbon aux fours électriques à arc. Cette décision a été vivement critiquée, en grande partie parce que les gouvernements fédéral et ontarien lui avaient accordé 500 millions $, ce qui, selon les détracteurs, aurait dû s’accompagner de solides garanties en matière d’emploi.

Toutefois, la province n’hésite pas à investir à nouveau dans l’entreprise, a affirmé M. Fedeli.

«Cet argent leur a permis de survivre, a-t-il déclaré. Honnêtement, ils ne seraient tout simplement pas ouverts aujourd’hui s’ils n’avaient pas reçu cette injection pour les maintenir en vie.»

Ventes aux États-Unis

L’Ontario compte environ 300 entreprises qui fabriquent des composants pour la défense, et M. Fedeli a laissé entendre que d’autres annonces seraient faites au cours de la nouvelle année concernant le soutien provincial pour les aider à faire progresser leurs produits. Une entreprise ontarienne a récemment fait la une des journaux lorsqu’il a été rendu public que l’agence américaine de l’immigration et des douanes (ICE) avait commandé 20 de ses véhicules blindés.

Amnistie internationale et Human Rights Watch ont établi un lien entre l’ICE et de graves violations des droits de la personne, notamment des détentions arbitraires, et certains défenseurs estiment que la société Roshel, établie à Brampton, en Ontario, ne devrait pas leur vendre ses produits.

Le premier ministre Doug Ford les a soutenus, tout comme M. Fedeli, qui a dit avoir constaté de ses propres yeux la popularité de leurs produits lors de salons consacrés à la défense.

Les sociétés minières, dont Juno, considèrent l’armée américaine comme un client clé, dépendant de minéraux essentiels.

M. Fedeli espère que ces minéraux pourront être traités en Ontario grâce à un fonds de 500 millions $ destiné au traitement des minéraux essentiels, mais il ne voit aucune contradiction à essayer d’aider l’Ontario à réduire sa dépendance commerciale vis-à-vis des États-Unis tout en soutenant les entreprises qui leur vendent leurs produits.

«Il s’agit d’accords privés entre des entreprises privées et les États-Unis», a-t-il soutenu.

«Nous voulons aider ces entreprises à traiter ces minéraux ici. Pour l’instant, c’est tout ce que nous pouvons faire. Nous pouvons les aider afin d’apporter une valeur ajoutée. Notre objectif est de créer des emplois.»

Allison Jones et Liam Casey, La Presse Canadienne

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