Levi Strauss est visée par une enquête fédérale sur le travail forcé des Ouïghours
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Par La Presse Canadienne, 2023
OTTAWA — L'ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises a ouvert une enquête sur les allégations selon lesquelles Levi Strauss Canada travaillerait avec des entreprises qui ont recours au travail forcé de Ouïghours en Chine.
Le bureau de Sheri Meyerhoffer veut déterminer si l'entreprise connue pour ses jeans Levi's entretient des relations d'approvisionnement avec des entreprises chinoises qui ont recours au travail forcé des Ouïghours, majoritairement musulmans, dans la région du Xinjiang, ou qui en bénéficient.
Le bureau de l'ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises est chargé d'enquêter sur les plaintes concernant d'éventuelles violations des droits de la personne dans les activités de sociétés canadiennes du vêtement, d'exploitation minière, ainsi que du pétrole et du gaz.
Levi Strauss nie ces allégations, qui seraient selon elle «fondées sur des données obsolètes et inexactes». L'entreprise ne s'est pas rendue disponible pour une réunion d'évaluation initiale «et n'a fourni aucun renseignement permettant de vérifier sa réponse aux allégations», indique l'ombudsman.
«Compte tenu de la participation limitée de Levi Strauss jusqu’à présent dans le processus de plainte, l’ombudsman peut examiner la question de la participation de bonne foi à une étape ultérieure», lit-on dans le rapport d’évaluation initiale de la plainte. L'ombudsman pourrait notamment recommander à la ministre du Commerce international de retirer ou de refuser tout soutien commercial à cette entreprise.
Les allégations découlent d’une plainte déposée en juin 2022 par une coalition de 28 organisations de la société civile, dont le Conseil national des musulmans canadiens et le Conseil canadien des femmes musulmanes. Ces organisations avaient d'abord déposé leur plainte auprès de Levi Strauss, en novembre 2021, et affirment n’avoir reçu aucune réponse.
La plainte citait un rapport australien de mars 2020 qui documentait le recours à la main-d'œuvre ouïghoure au Xinjiang, ainsi qu'un rapport de 2021 d'un professeur de l'Université de Sheffield Hallam, au Royaume-Uni, qui liait Levi Strauss à trois entreprises qui ont recours au travail forcé ou qui en bénéficient.
Les Nations unies ont officiellement reconnu en 2022 que la Chine avait commis de graves violations des droits de la personne contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes qui «pourraient constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l'humanité». Pékin a contesté cette affirmation.
Dans sa réponse à l'ombudsman, Levi Strauss a déclaré qu'«après un examen récent de ses relations avec les fournisseurs, l’entreprise n’a, à sa connaissance, aucune relation commerciale avec les cinq fournisseurs cités dans la plainte».
Puisque Levi Strauss conteste l’exactitude des données contenues dans les rapports cités dans la plainte, «une enquête permettra d’évaluer la fiabilité des données», indique l'ombudsman.
Le bureau de Sheri Meyerhoffer avait annoncé récemment des enquêtes sur Walmart, Hugo Boss et Diesel. Levi Strauss est par ailleurs la septième entreprise à faire l'objet d'une enquête de l'ombudsman pour des allégations de recours au travail forcé ouïghour dans leur chaîne d'approvisionnement. Le bureau a déclaré que d'autres évaluations seraient rendues publiques dans les semaines à venir.
La Presse Canadienne