Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les météorites trouvées au Canada ne peuvent pas être retirées du pays sans permis

durée 19h09
21 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

Attrapez une étoile filante si vous le pouvez et mettez-la dans votre poche, mais n’essayez pas de traverser les frontières internationales avec, au risque d’enfreindre une loi canadienne peu connue.

Un musée américain devra naviguer dans les méandres de cette loi s’il tente d’acheter des portions d’une météorite qui aurait atterri au Nouveau-Brunswick le mois dernier.

Une boule de feu a traversé l’atmosphère terrestre le 8 avril et a atterri quelque part dans la province, incitant le Maine Mineral and Gem Museum à offrir une récompense de 25 000 $ US pour la première météorite d’un kilogramme récupérée.

Cependant, Chris Herd, professeur à l’Université de l’Alberta et conservateur de sa collection de météorites, a rappelé que l’obtention des fragments d’astéroïdes ne serait pas aussi simple que de faire une offre.

«Au Canada, toutes les météorites sont automatiquement considérées comme des biens culturels canadiens en vertu de la Loi sur l’exportation et l’importation de biens culturels, a-t-il déclaré lors d’une entrevue. (…) Si c’est une propriété publique, disons qu’un Américain entre et trouve (la météorite), il doit faire une demande pour l’exporter du Canada. Il ne peut en fait pas la sortir du Canada à moins d’avoir un permis d’exportation approuvé.»

Le musée situé à Bethel, dans le Maine, a ouvertement exprimé son intérêt à obtenir certains des débris spatiaux s’ils sont retrouvés.

De précieux spécimens

Darryl Pitt, chef de la division des météorites du musée, a déclaré que les relevés radar Doppler suggèrent que la météorite — qui provient très probablement de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter — était probablement dispersée entre le Nouveau-Brunswick et le Maine.

L’intérêt du musée s’étend également au-delà de la première météorite de 1 kg ; un communiqué de presse a déclaré qu’il achèterait tous les spécimens supplémentaires trouvés.

«Selon le type de météorite dont il s’agit, les spécimens pourraient facilement valoir leur pesant d’or», a affirmé M. Pitt.

Les météorites peuvent être identifiées par une croûte extérieure vitreuse brun foncé ou noire qui ressemble à une coquille d’œuf, selon M. Herd. 

«C’est un signe révélateur qu’il a traversé l’atmosphère terrestre depuis l’espace», a-t-il dit, notant qu’ils sont généralement denses et étonnamment lourds.

La personne qui trouve une météorite entière ou partielle sur une propriété publique doit remplir une demande d’exportation qui est examinée par un examinateur expert, a précisé M. Herd, qui en est un.

«L’examinateur expert pourrait alors dire : “cela a une signification potentielle exceptionnelle et une importance nationale”», a-t-il expliqué.

«Si l’expert dit : “je pense que c’est significatif et important”, alors (les services frontaliers du Canada) recommanderont le refus du permis d’exportation.»

Le dossier est ensuite transmis à une commission d’examen des exportations de biens culturels, qui peut être en désaccord avec l’expert examinateur et laisser la météorite être exportée. Alternativement, il peut imposer une période d’embargo de six mois pendant laquelle les institutions canadiennes peuvent offrir d’acheter la météorite à un prix équitable, a-t-il déclaré.

Quiconque sort une météorite du Canada sans le permis requis peut être passible d’amendes pouvant atteindre 25 000 $, jusqu’à cinq ans de prison ou les deux.

Une diligence raisonnable à l'achat

Malgré son intérêt ouvert pour l’achat de la météorite, M. Pitt a indiqué que son Musée est bien conscient des réglementations qu’il doit suivre pour obtenir des fragments.

«Le musée devrait toujours faire preuve de diligence raisonnable… pour savoir si la météorite a été obtenue légalement avant de l’acquérir réellement», a rappelé M. Herd.

«Si cela vient de l’extérieur des États-Unis, comme ce serait le cas dans ce scénario, ils devraient alors faire preuve de diligence raisonnable et s’assurer que la personne l’a exporté légalement du Canada.»

M. Pitt a déclaré que la responsabilité d’obtenir un permis d’exportation incombe à quiconque trouve un météore. Pour sa part, il a déclaré que le musée «entrerait immédiatement en contact» avec M. Herd pour aider à négocier un accord.

«Si le Canada le veut, c’est canadien, a-t-il dit. J’espère que nous pourrons arriver à un accord avec nos amis canadiens afin qu’un échantillon puisse arriver au Maine Mineral and Gem Museum.»

M. Herd a raconté avoir conclu un accord avec un revendeur américain pour un morceau de la météorite Grimsby qui est tombée dans la région de Niagara, dans le sud de l’Ontario, en 2009.

«Ils ont réalisé qu’ils n’allaient pas pouvoir l’exporter parce que c’était une chute unique», a-t-il précisé.

Comme le Canada est un vaste pays, M. Herd a dit que des milliers de météorites pourraient être tombées dans des endroits éloignés.

«Je ne pense pas que nous saurions réellement combien d’entre eux sont n’importe où au Canada. Mais ils font partie de l’histoire naturelle du Canada. La loi est là pour une raison.»

Hina Alam, La Presse Canadienne