Les jeunes hommes diplômés «en arrachent», selon un rapport de l’IDQ


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — La morosité économique frappe plus durement les jeunes hommes qui ont un diplôme universitaire, selon un rapport de l’Institut du Québec (IDQ).
Le taux de chômage des jeunes hommes fraîchement sortis de l’université atteint 11,4 % au Québec. C’est presque le double du taux de chômage de 6,6 % des femmes dans la même situation.
Ils s’en tirent également moins bien que l’ensemble des jeunes hommes de 22-26 ans, dont le taux de chômage se situe à 9,9 %.
La dernière année a été difficile pour tous les jeunes, qui peinent à décrocher un premier emploi. «Quand on regarde de plus près, on voit que ce sont surtout les hommes qui en arrachent», a souligné la présidente-directrice générale de l’IDQ, Emna Braham.
Près de la moitié des emplois créés au cours des trois dernières années étaient dans les secteurs de la santé et de l’éducation, qui comptent un plus grand nombre de femmes diplômées universitaires, a expliqué Mme Braham. Les secteurs traditionnellement masculins, comme le transport ou la construction, ont subi les contrecoups du ralentissement économique.
Malgré un contexte difficile pour les secteurs traditionnellement masculins, les femmes universitaires sont toujours désavantagées par rapport à leurs homologues masculins, tandis qu’elles gagnent, en moyenne, 9 % de moins.
Même avec cet écart, il est généralement très avantageux pour une femme de poursuivre des études universitaires.
Le taux horaire d’une femme de 22-26 ans avec un baccalauréat en poche sera en moyenne 35 % plus élevé que celui d’une travailleuse ayant un diplôme d’étude secondaire ou moins. Dans la même situation, l’écart est moins grand pour les jeunes hommes, soit de 25 %.
Les emplois traditionnellement occupés par des hommes sans diplômes universitaires sont généralement mieux rémunérés que les métiers à prédominance féminine avec le même niveau d’éducation.
Mme Braham craint que les jeunes hommes soient découragés de poursuivre des études universitaires alors qu’ils sont déjà moins nombreux que les femmes à faire des études supérieures.
«Avec un marché du travail où c'est plus difficile de trouver une possibilité d'emploi, certains hommes pourraient voir un petit peu moins l'avantage d'investir temps et argent pour aller à l'université.»
Au contraire, les études universitaires sont payantes, même pour les hommes, a-t-elle souligné. «Dès le début de la carrière, un homme va gagner 25 % de plus, en moyenne, avec un diplôme universitaire qu'avec un diplômé secondaire ou moins. En plus, c'est un avantage salarial qui va augmenter au fil des années pour atteindre 62 % en mi-carrière.»
Un diplôme universitaire donne aussi des outils pour mieux s’adapter aux changements technologiques dans les milieux de travail, a plaidé Mme Braham.
«Les diplômes, tout particulièrement le diplôme universitaire, permettent d'être moins vulnérables à ces changements technologiques, a-t-elle avancé. Pas seulement parce qu’on est capable de s'adapter sur notre poste de travail, mais aussi parce qu’on est capable de se requalifier et d'aller chercher un nouvel emploi si le nôtre est complètement remplacé par la machine.»
Les jeunes Québécois ne sont pas les seuls à affronter un marché de l’emploi difficile. Outre le ralentissement économique, des experts ont attribué ces difficultés à l’intelligence artificielle au moment où les entreprises cherchent des façons d’utiliser cette technologie pour exécuter certaines tâches.
Est-ce que cela pourrait expliquer les difficultés des jeunes diplômés au Québec? «C’était une hypothèse qu'on avait, mais les données ne montrent pas clairement cette histoire», a répondu Mme Braham, qui a souligné que l’incertitude économique jouait probablement un plus grand rôle dans les défis rencontrés par les jeunes.
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne