Les impacts de la chaleur sur la mortalité sont plus importants à Montréal et Toronto


Temps de lecture :
3 minutes
Par The Canadian Press, 2024
MONTRÉAL — La chaleur n'a pas les mêmes répercussions selon la ville où on se trouve. Les événements de chaleur extrême ont des impacts plus considérables à Montréal et Toronto, selon une analyse de Statistique Canada publiée mercredi. La plus grande proportion de logements dans ces villes pourrait l'expliquer en partie.
L'étude a analysé les effets des épisodes de chaleur intense sur la mortalité dont les causes sont d'origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire. Douze villes canadiennes ont été analysées de 2000 à 2020. Il s'agit de Toronto, Montréal, Calgary, Ottawa, Edmonton, Winnipeg, Mississauga, Vancouver, Brampton, Hamilton, Surrey et Québec.
Au cours de cette période, on a dénombré dans ces villes environ 668 surmortalités non accidentelles attribuables aux risques accrus de décès durant les vagues de chaleur, 115 surmortalités dont la cause est d’origine cardiovasculaire et 114 surmortalités d’origine respiratoire.
Les résultats montrent que la chaleur extrême est associée à un nombre de surmortalités «considérablement supérieur à zéro» dont les causes sont d’origine cardiovasculaire à Montréal et d’origine respiratoire à Montréal, Québec et Toronto.
Montréal semble avoir le plus d'impacts négatifs en comparaison aux autres grandes villes canadiennes. Elle est la seule ville dans laquelle les événements de chaleur extrême étaient associés «à une augmentation sans ambiguïté» de surmortalité pour les trois résultats (non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire).
Le rapport de Statistique Canada présente certaines pistes pour expliquer l'hétérogénéité entre les villes. On avance que la concentration des logements locatifs pourrait jouer un rôle, entre autres parce que les niveaux d’accès à la climatisation sont plus faibles chez les locataires par rapport aux propriétaires.
«Des analyses exploratoires indiquent que les risques globaux liés à la chaleur extrême relativement aux trois résultats de mortalité sont en corrélation directe avec la proportion de ménages locataires», indique l'étude.
Parmi les 12 villes, Montréal et Toronto avaient deux des trois proportions les plus importantes de ménages locataires, respectivement 61 % et 48 %. On souligne que d’après une autre recherche de Statistique Canada de 2023, les personnes vivant dans des logements locatifs sont beaucoup moins susceptibles d’avoir la climatisation par rapport aux moyennes provinciales.
Au Québec, 49 % des locataires ont un climatiseur par rapport à une moyenne de 58 %, en Ontario cela s'élève à 71 % par rapport à 85 % et en Colombie-Britannique 24 % des ménages locataires sont dotés d'un air climatisé par rapport à une moyenne provinciale de 32 %.
L'historique des conditions météorologiques et l’adaptation à la chaleur extrême sont une autre hypothèse mentionnée pour expliquer la disparité des résultats entre les villes. Selon une précédente recherche, les personnes vivant dans des régions où les températures ambiantes sont plus basses et où les événements de chaleur extrême sont moins fréquents peuvent moins bien s'acclimater à la chaleur. De plus, ces régions disposent souvent de mesures d’adaptation insuffisantes pour faire face à la chaleur extrême.
L'étude souligne par ailleurs que les répercussions de la chaleur accablante sur la mortalité étaient généralement plus importantes chez les personnes de 65 ans et plus.
L’exposition à la chaleur extrême est associée à la mortalité de différentes façons. Cela peut faire en sorte que la chaleur corporelle augmente et dépasse ainsi les capacités de thermorégulation du corps humain et menant «à l'épuisement par la chaleur, à des maladies liées à la chaleur et à un coup de chaleur». Le rapport explique qu'un coup de chaleur est «une maladie grave liée à la chaleur» qui nécessite de refroidir rapidement la température corporelle sans quoi il peut entraîner la mort.
L'exposition à des températures élevées exacerbe également des problèmes de santé existants, comme des maladies cardiovasculaires et respiratoires.
D'autre part, la chaleur est «propice à la formation de polluants atmosphériques», tels que l’ozone, qui sont associés au risque de décès prématuré lorsqu'on y est exposé à court terme et à long terme.
—
Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.
Katrine Desautels, La Presse Canadienne