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Les États-Unis exigeront que tous les voyageurs soient photographiés

durée 17h03
27 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

WASHINGTON — Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) modifie ses politiques afin d'exiger que tous les non-citoyens — Canadiens inclus — soient photographiés à leur entrée ou à leur sortie des États-Unis.

Le règlement publié lundi au registre fédéral entrera en vigueur le 26 décembre, mais sa mise en œuvre complète pourrait prendre des années.

Le DHS souhaite mettre en place un système complet de collecte de données biométriques grâce à cette nouvelle politique. Il indique qu'il utilisera la technologie de reconnaissance faciale pour associer la photo des voyageurs aux informations déjà enregistrées auprès du gouvernement américain.

Ces documents pourraient être conservés jusqu'à 75 ans.

«Dans certains cas, il pourrait également être nécessaire de recueillir des empreintes digitales, mais uniquement si cela est nécessaire pour mieux établir des liens avec les dossiers biométriques précédemment collectés», a souligné le DHS.

Le gouvernement américain précise que ce changement est nécessaire pour lutter contre le terrorisme et l'utilisation de documents frauduleux, ainsi que pour garantir que les voyageurs ne dépassent pas la durée de validité de leur visa.

«Ultimement, cela fournit au DHS des informations plus fiables pour vérifier les identités et renforcer sa capacité à identifier les criminels et les terroristes connus ou présumés», est-il expliqué dans l'annonce du registre fédéral.

Le DHS a indiqué que le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis collecte les données biométriques de certains voyageurs depuis 2004.

Les personnes ayant transité par un aéroport américain sont susceptibles d'y avoir été photographiées lors de l'enregistrement. Les modifications réglementaires étendront ces efforts grâce à un système plus complet de suivi des voyageurs quittant les États-Unis.

Le DHS a ajouté faire face à des défis technologiques dans le cadre du déploiement de sa nouvelle politique aux postes frontaliers terrestres.

Des préoccupations pour la vie privée

L'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) s'inquiète de ce changement, jugeant la reconnaissance faciale défectueuse et intrusive.

«Cette expansion spectaculaire des capacités intrusives de reconnaissance faciale est d'autant plus troublante qu'elle ne s'accompagne pas de mesures de protection de la vie privée», a déclaré Howard Sapers, directeur exécutif de l'ACLC, dans un communiqué de presse.

«Les informations biométriques sont extrêmement sensibles et nécessitent le plus haut niveau de protection, y compris des garanties de sécurité rigoureuses et des recours efficaces en matière de protection de la vie privée»

L'association a expliqué que la technologie de reconnaissance faciale a «une forte propension à l'erreur» et qu'elle expose les personnes racialisées et non blanches à des taux plus élevés de faux positifs.

Tamir Israel, directeur du programme «Vie privée, surveillance et technologie» de l'Association canadienne de lutte contre le racisme et la discrimination, a déclaré que «le déploiement massif de cette technologie — qui n'est tout simplement pas encore adaptée — est imprudent».

Le gouvernement a également mis fin à une règle qui exemptait les voyageurs de moins de 14 ans et de plus de 79 ans de la collecte d'informations biométriques. Cette règle était en place en raison de «limites technologiques», selon le DHS.

Cette exemption a été levée afin de pouvoir «rattacher ultérieurement les dossiers d'immigration créés pour les enfants à leurs dossiers d'adultes, ce qui contribuera à lutter contre la traite des enfants». Le gouvernement note qu'il s'agit aussi de vérifier si les voyageurs ont des antécédents criminels ou s'ils se sont associés, à un moment dans leur vie, à des organisations terroristes ou d'autres groupes cherchant à enfreindre la loi.

Une modification quasi identique avait été proposée en 2021. De nombreux citoyens avaient alors formulé des commentaires exprimant leur opposition à ces modifications pour des raisons de confidentialité.

Le ministère recueille d'ailleurs les commentaires du public au sujet de la nouvelle modification jusqu’au 26 novembre.

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne

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