Les dénonciatrices du SCRS espèrent avoir fait oeuvre utile pour du changement
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Par La Presse Canadienne, 2023
VANCOUVER — Une agente du SCRS qui fait partie d'un groupe de femmes qui ont parlé d'agressions sexuelles et de harcèlement au quartier général de la Colombie-Britannique espère que leurs prises de parole auront «allumé la mèche» pour un changement dans ce «milieu sombre et inquiétant».
La dénonciatrice explique qu'elle et ses collègues veulent «forcer un changement» au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Elles affirment y avoir été victimes d'agressions et de mauvais traitements de la part de supérieurs hiérarchiques masculins au sein de l'unité de surveillance physique de l'agence en Colombie-Britannique.
Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié jeudi leurs allégations de «dévastatrices» et déclaré que tout le monde devrait se sentir en sécurité au travail, même si les tâches sont secrètes.
M. Trudeau a assuré jeudi que «l'ensemble du gouvernement» suivait «de très près» les questions soulevées par les femmes, qui ne peuvent pas être nommées en raison d'une loi qui interdit toute identification d'agents secrets.
Le premier ministre était invité à commenter l'enquête de La Presse Canadienne qui citait des agentes du SCRS. Une femme a ainsi soutenu qu'elle avait été violée neuf fois par un collègue haut placé, et une autre qu'elle a été agressée sexuellement par le même homme l'année suivante. Pourtant, l'état-major aurait été prévenu que cet agent ne devrait pas travailler avec de jeunes femmes.
Une collègue des deux femmes appuie leurs allégations selon lesquelles il s'agissait d'un milieu de travail toxique. Elle espère maintenant que les autres victimes auront désormais «le sentiment de pouvoir raconter leur histoire et d'être entendues».
«Nous n'avons eu aucun soutien à l'interne, a-t-elle dit. Je parle au nom de nous toutes quand je dis que je suis très heureuse que nous ayons allumé une mèche et que nous ayons été les lanceuses d'alerte dans un milieu aussi sombre et inquiétant.»
Elle soutient qu'elle et ses collègues espèrent maintenant que les déclarations de M. Trudeau ne sont pas que des paroles en l'air et mèneront à un changement réel au sein du SCRS.
Les agentes qui affirment avoir été agressées estimaient qu'elles ne pouvaient pas s'adresser à la police, en partie parce qu'elles étaient contraintes au silence par la Loi sur le SCRS, qui rend illégale toute identification d'agents secrets. Cette infraction est passible d'une peine maximale de cinq ans de prison.
Par ailleurs, ces femmes affirment que le mécanisme interne de traitement des plaintes au SCRS les a laissé tomber et que des officiers supérieurs ont intimidé et harcelé en toute impunité de jeunes agentes de surveillance en Colombie-Britannique.
Darryl Greer, La Presse Canadienne