«Les Canadiens s'intéressent soudainement beaucoup à nous», constate Blanchet
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTEBELLO — Le déchirement de l'entente qui permettait aux libéraux de se maintenir au pouvoir grâce à l'appui des néodémocrates provoque un intérêt soudain pour le Bloc québécois qui retrouve la balance du pouvoir, constate son chef Yves-François Blanchet.
«Les Canadiens s'intéressent soudainement beaucoup à nous», a-t-il lancé lundi soir devant près d'une centaine de militants et de députés rassemblés dans une microbrasserie de Montebello, en Outaouais, en marge du caucus présessionnel de sa formation politique.
M. Blanchet, réagissait aux commentaires de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, qui affirmait que le gouvernement fédéral n'a pas le mandat de «négocier avec les séparatistes du Québec aux dépens de l’Alberta, de l’Ouest et du reste du pays», faute de quoi des élections devraient être déclenchées «immédiatement».
Selon lui, «des gens dont les intentions ne sont pas les plus nobles» en profitent pour «dénigrer» le Québec et les Québécois étant donné que «les Canadiens connaissent peu le Québec, ils connaissent mal le Québec».
«Alors si le Canada s'intéresse – pour quelques semaines ou quelques mois – à nous, et bien nous aurons l'occasion d'expliquer davantage qui nous sommes. On n'est pas les mauvais dans l'affaire. (...) On est les bons.»
Il s'est amusé que, par ses propos, la première ministre Smith soit déçue que le Bloc obtienne pour le Québec des choses que l'Alberta n'a pas eues. «Je la comprends d’être déçue des députés conservateurs», a-t-il déclaré en provoquant des rires et applaudissements dans la pièce.
M. Blanchet a plutôt suggéré aux gens de l'Ouest et à la première ministre albertaine de faire «comme nous autre» et de se créer «un Bloc de l'Ouest qui ne parlera que pour l'Ouest».
Des militants rencontrés sur place ont jugé que le Bloc a davantage intérêt à conclure des ententes qui maintiennent le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau au pouvoir et qui permettent aux Québécois d’y trouver leur compte plutôt que de favoriser le déclenchement d’élections.
«Si ça peut durer six mois, si ça peut durer un an, je suis d’accord avec ça s’il peut y avoir des gains pour le Québec! (...) Ça va donner un "boost" au Québec», a dit Michel Chalifoux.
Quant à l’emploi du mot «séparatiste» par Mme Smith, il rétorque que «ce n’est pas si pire que ça de vouloir fonder un pays».
Devant lui, à sa table, Yves Maheux ne l'entendait pas de la même manière. «C’est pas disable, a-t-il déclaré en levant le bras. Ça m’a insulté pas rien qu’un peu. Pas mal! (...) Ils nous traitent toujours comme des pas bons.»
Croisé sur la terrasse, le député de Drummond, Martin Champoux, note que l'emploi de ce mot utilisé «à tort et à travers pour coller une espèce d’étiquette négative aux indépendantistes» révèle surtout que ceux qui l'utilisent «ont épuisé leurs arguments» et sont rendus à la «tentative d’insulte». Après tout, les 32 députés bloquistes ont été élus par la population, a-t-il noté.
Selon lui, Mme Smith devrait y penser à deux fois avant de dénoncer des négociations avec des séparatistes étant donné que certains gains éventuels pourraient bénéficier aux Albertains.
Il a cité l'augmentation des pensions pour les aînés de 65 à 74 ans dont le Bloc a le projet de faire une priorité de la rentrée et qu'il place très haut sur sa liste de ce qu'il pourrait offrir en échange d'un appui lors d'un vote de confiance.
Lors de ce rassemblement qui avait toutes les allures d'un arrêt en campagne électorale alors même que le vote par anticipation a débuté dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun, M. Blanchet a présenté son parti comme le parfait vote stratégique.
«Il y a des gens qui disent: il faudrait bloquer l'un ou bloquer l'autre, a-t-il dit. Vous savez quoi: chaque député du Bloc québécois empêche un député libéral et empêche un député conservateur. Vous voulez être stratégique: vous ne voulez ni la tarentule, ni la vipère: vous votez Bloc québécois!»
La réunion du caucus bloquiste se déroule mardi pour une seconde journée. Le lendemain, environ la moitié de la députation fera une tournée de la circonscription où ils se réunissaient, Argenteuil–La Petite-Nation. L'autre moitié se dirigera vers LaSalle-Émard-Verdun où débute la dernière ligne droite de la campagne.
Michel Saba, La Presse Canadienne