Le Québec fait belle figure pour plusieurs indicateurs du bien-être
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le Québec se compare avantageusement parmi 12 juridictions dans le monde selon plusieurs des 55 indicateurs du bien-être compilés par le collectif G15+.
Avec une proportion de 87 % de sa population de 25 à 54 ans qui travaille, le Québec est en haut du classement des 12 États analysés en ce qui concerne le taux d’emploi.
La province fait également belle figure, deuxième derrière la Finlande, pour le taux d’emploi des femmes.
Le Québec se démarque aussi avec sa quatrième position au test PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).
La faible proportion de jeunes qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi et ni en formation, confère à la province le deuxième rang sur 12 à ce niveau.
Selon le coefficient Gini, une formule complexe qui mesure les différences de revenu par rapport à une distribution parfaitement égale de la richesse, le Québec se classe en troisième position.
Est-ce qu’on peut en conclure que le Québec va bien?
«C’est positif à certains égards», a répondu Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre, qui fait partie du G15+.
«Mais le message principal qui sort de cette étude-là, c'est que pour déterminer la santé d'un pays, il faut aller au-delà du produit intérieur brut. Le PIB, c'est un indicateur parmi tant d'autres, et puis ce sont les autres indicateurs qui vont nous donner un portrait beaucoup plus complet», a ajouté Mme Thorpe.
Dans l’étude publiée jeudi, le Québec est comparé aux pays du G7 et à des pays membres de l’alliance internationale WeGo, comme la Nouvelle-Zélande, l’Islande et la Finlande. WeGo fait référence à «Wellbeing Economy Governments», un groupe de gouvernements dont les membres s’engagent à prioriser le bien-être plutôt que la seule croissance économique.
De moins bons résultats
Les données sur la productivité du travail indiquent que le Québec se classe 11e sur 12 et le revenu brut (incluant les transferts sociaux) par habitant place la province au dernier rang du classement.
Le collectif G15+ souligne que «l’endettement grandissant des ménages, la détérioration de la santé mentale et l’augmentation constante du nombre de véhicules en circulation sont inquiétants et assombrissent le portrait du bien-être au Québec».
Empreinte carbone et inefficacité énergétique
Le G15+ souligne que «peu d’indicateurs ont connu des améliorations notables en environnement, laissant un important chemin à parcourir pour atteindre les cibles climatiques».
Afin de respecter l'Accord de Paris, il faudrait limiter l'empreinte carbone de chaque Terrien à deux tonnes d'équivalent de dioxyde de carbone (CO2) par an d'ici 2050. Les Québécois ont émis en moyenne 8,89 tonnes d'équivalent de CO2 en 2020, un peu moins que les Ontariens (10,14), selon les données compilées par le G15+.
«Les émissions de GES par habitant sont très en deçà des engagements du Québec en matière de climat», peut-on lire dans la synthèse des données publiées par le collectif.
Malgré ses difficultés à diminuer les gaz à effet de serre, le collectif souligne qu’en matière environnementale, «le Québec performe relativement bien comparé aux juridictions à l’étude», notamment grâce à son importante proportion d’énergie provenant de sources renouvelables.
Cette énergie pourrait toutefois être beaucoup mieux utilisée, comme l’ont souligné des membres du G15+.
«Notre productivité énergétique accuse un grand retard, notamment avec les pays d’Europe. Cette mauvaise utilisation énergétique nous empêche d’accélérer une transition socialement juste et économiquement bénéfique pour atteindre les cibles de l'Accord de Paris», ont écrit Natalie Pouliot, directrice générale de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre, Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, et Denis Bolduc, secrétaire général à la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec.
Des indicateurs «orphelins»
Le Québec est absent de 16 des 55 indicateurs du bien-être, «faute de données robustes», selon le collectif.
La plupart des «indicateurs orphelins» sont de nature sociale et environnementale.
«L’étude montre que d'autres juridictions comme la France et l’Allemagne publient régulièrement des statistiques sur les catastrophes et urgences naturelles, l'indice des espèces en péril ou encore la santé environnementale. À mesure que les impacts des changements climatiques s’accélèrent et s’intensifient, il est crucial de compter sur un juste portrait de la situation afin de pouvoir aider efficacement les personnes à faire face aux crises», ont écrit Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki, et Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale.
Le G15+ est formé d’une vaste coalition d’organisations, qui n’ont pas toujours les mêmes priorités, comme le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec ou encore la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre.
Stéphane Blais, La Presse Canadienne