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Le Québec demeure la seule province sans programme de dépistage du cancer colorectal

durée 06h00
1 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Le cancer colorectal vient au deuxième rang des causes de décès par cancer au Québec et pourtant, la province ne dispose toujours pas d'un programme de dépistage organisé et facile d'accès. Une situation décriée par divers organismes et experts.

D'après les chiffres du ministère de la Santé, 2550 personnes meurent chaque année des suites d'un cancer du côlon au Québec. Malgré tout, il faut encore passer par un médecin ou une infirmière praticienne spécialisée (IPS) afin d'obtenir une ordonnance pour passer un test de dépistage.

Le test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (RSOSi) s'effectue facilement chez soi. Il s'agit d'un simple prélèvement de selles. L'échantillon est ensuite déposé dans un centre de prélèvement pour fin d'analyse. S'il y a présence de sang, le patient est ensuite invité à subir une coloscopie, où un médecin examinera l'état de son côlon.

Dans la plupart des provinces canadiennes, il suffit de demander une trousse par téléphone ou par courriel pour effectuer soi-même le test RSOSi. Le résultat est ensuite communiqué directement à la personne qui sera dirigée vers les bonnes ressources en cas de besoin. 

Les recommandations actuelles stipulent qu'une personne devrait effectuer ce test tous les deux ans entre l'âge de 50 et 74 ans.

Du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux, on dit travailler à la mise en place d'un programme de dépistage systématique calqué sur le modèle de la prévention du cancer du sein. L'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a déjà déterminé une marche à suivre selon laquelle les gens pourraient possiblement obtenir un test dans les CLSC, mais l'implantation tarde à se concrétiser.

«L’inertie du système, vous ne pouvez même pas imaginer, dénonce la Dre Mélanie Bélanger, présidente de l'Association des Gastro-Entérologues du Québec (AGEQ). Probablement qu’on va se reparler l’an prochain et qu’on va encore se dire que ça avance.»

Or, le temps peut justement faire toute la différence. Selon les données de la Société canadienne du cancer, si le diagnostic tombe dans les deux premiers stades de la maladie, le taux de survie s'élève à 90 %. S'il survient au stade 4 de la maladie, le taux de survie chute à 11 %.

Mais il y a mieux encore, car le cancer colorectal peut être carrément évité. Comme l'explique la Dre Bélanger si l'on détecte des lésions au moment de la coloscopie, «on retire les polypes et tu n'auras pas de cancer».

Ainsi, en plus d'éviter un possible décès, on prévient même d'avoir à soigner un patient. On lui épargne du même coup les désagréables traitements et on allège le fardeau sur le système de santé.

Il faut toutefois aussi tenir compte des délais. Avant la pandémie de COVID-19, la liste d'attente pour une coloscopie au Québec comptait à 59 000 personnes alors qu'aujourd'hui elle s'est allongée à 135 000 personnes.

Du même coup, le taux de patients en attente ayant dépassé le délai prescrit pour subir leur examen est passé de 45 % à 69 %, selon des données fournies par l'AGEQ. 

Faire connaître le RSOSi

À l'occasion du mois de la sensibilisation au cancer colorectal, la Société canadienne du cancer lance justement ce mercredi la campagne «Détrônons le cancer du côlon». L'objectif est de sensibiliser la population à l'importance du dépistage et d'en parler à leur médecin.

C'est le chanteur Ludovick Bourgeois qui en est le visage. Son père, l'auteur-compositeur-interprète Patrick Bourgeois, est décédé des suites d'un cancer du côlon en novembre 2017.

Cette campagne vient s'ajouter à celle de Cancer colorectal Canada lancée plus tôt cette semaine.

Le Dr Mustapha Tehfe, hémato-oncologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), déplore le fait que trop peu de ses patients ayant reçu un diagnostic de cancer colorectal connaissaient l'existence du test de dépistage.

«Et ceux qui connaissent le test ne savaient pas où aller parce qu'ils n'ont pas de médecin de famille», se désole-t-il.

Le Dr Tehfe, qui est aussi professeur titulaire au Département de médecine de l'Université de Montréal, promet de continuer à travailler pour que le programme de dépistage devienne une routine chez toutes les personnes de 50 ans et plus.

«Il faut que les gens sachent où se présenter et comment faire pour obtenir un test, insiste-t-il. Malheureusement, en ce moment au Québec, il faut passer par un médecin».

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Ugo Giguère, La Presse Canadienne