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Le protocole sur le pipeline «ne change rien», soutiennent les Premières Nations

durée 15h49
27 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

La présidente des Premières Nations côtières de Colombie-Britannique affirme que la signature d'un protocole d'accord par le premier ministre Mark Carney et la première ministre de l'Alberta Danielle Smith concernant un projet d'oléoduc vers la côte ouest «ne change rien» aux chances qu'il a de se concrétiser.

Marilyn Slett assure dans un communiqué que l'interdiction des pétroliers sur la côte «n'est pas négociable» et que les Premières Nations «ne toléreront jamais aucune exemption ou dérogation, point final».

Elle ajoute que les nations n'ont «aucun intérêt» à coposséder ou à tirer profit d'un projet qui, selon elle, menace de détruire leur mode de vie, citant le risque d'une marée noire catastrophique.

Le ministre de l'Énergie de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, affirme que le Canada doit se concentrer sur des «projets concrets» plutôt que sur une «politique performative» après la signature de l'accord.

M. Dix estime qu'une approche «Canada en équipe» devrait privilégier les initiatives qui créent des emplois et créent des opportunités financières, plutôt que «des protocoles d'accord sur des projets qui n'existent pas».

Le protocole d'accord signé par M. Carney et Mme Smith à Calgary ouvre la voie à des modifications de l'interdiction des pétroliers sur la côte nord de la Colombie-Britannique «si nécessaire».

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a qualifié de «fictif» le projet de pipeline et M. Dix a déclaré à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique que l'avenir économique du Canada et de la province «exige du sérieux».

Le protocole d'accord stipule qu'Ottawa et l'Alberta négocieront avec les peuples autochtones de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, promettant de leur offrir la possibilité d'une copropriété et «d'autres formes d'avantages économiques».

Mme Smith a indiqué plus tôt dans la journée que, même s'il faut discuter du pipeline avec la Colombie-Britannique, le protocole d'accord ne fait «aucune mention d'un droit de veto» pour cette province.

«Je pense que la Colombie-Britannique a déjà utilisé tous les outils à sa disposition», a-t-elle déclaré après la cérémonie de signature, faisant référence aux efforts infructueux de la province pour bloquer l'extension du pipeline Trans Mountain.

«Je suppose que c'est l'expression qu'ils avaient utilisée, et cela a échoué. Les tribunaux ont clairement affirmé que cette décision ne relevait pas de la Colombie-Britannique.»

M. Eby a rappelé qu'il n'y avait toujours pas de promoteur pour le pipeline et a averti que le conflit avec les Premières Nations pourrait faire dérailler d'autres projets essentiels.

Des «avantages» pour les résidents

Le protocole d'accord promet de collaborer avec la Colombie-Britannique afin de garantir que ses résidents «profitent des avantages économiques et financiers substantiels du pipeline proposé».

Mme Smith a déclaré qu'«un certain nombre de projets» qui avaient initialement rencontré une opposition en Colombie-Britannique avaient finalement suscité «beaucoup d'enthousiasme», citant le GNL et d'autres projets.

Le chef de l'opposition conservatrice de la Colombie-Britannique, John Rustad, se réjouit que l'Alberta coopère avec le gouvernement fédéral pour travailler avec les Premières Nations et conclure les accords nécessaires à l'acheminement du pétrole.

M. Rustad affirme que le pipeline est «la bonne chose à faire» pour le Canada, y compris pour la Colombie-Britannique.

Andy Hira, professeur de sciences politiques à l'université Simon Fraser, reste sceptique quant à la réalisation d'un nouvel oléoduc malgré le protocole d'accord, qu'il qualifie de «théâtre politique»; une tentative du gouvernement libéral fédéral pour gagner le bastion conservateur qu'est l'Alberta.

«La proposition fédérale contient des dispositions qui suggèrent que les Premières Nations et les juridictions qui seront touchées par le pipeline doivent donner leur accord, explique M. Hira. Et pour moi, cela va empoisonner l'ensemble de l'entente.»

M. Hira indique avoir participé mercredi à une conférence téléphonique avec plusieurs responsables environnementaux et de Premières Nations, au cours de laquelle un représentant de Premières Nations côtières a clairement indiqué que le groupe «ne soutiendrait jamais» le pipeline.

Il ajoute que les avantages économiques pour les communautés locales de la Colombie-Britannique découlant de l'interdiction des pétroliers, qui vont de la pêche au tourisme, pourraient déjà être égaux, voire supérieurs, aux revenus pétroliers générés par un nouveau pipeline.

«Le tourisme et la pêche créent certainement plus d'emplois, affirme M. Hira. Je pense donc que même les arguments économiques en faveur de ce projet sont douteux.»

Une alternative, selon lui, pourrait être que le gouvernement fédéral poursuive l'extension d'un pipeline existant.

Jason Alsop, président du Conseil de la nation haïda et vice-président de la Great Bear Initiative, un regroupement de Premières Nations côtières, se dit déçu par le protocole d'accord, qu'il juge être une manœuvre politique qui ne fera pas avancer le projet de pipeline.

«Nous avons clairement indiqué que les Premières Nations côtières, la nation haïda et les populations côtières n'autoriseront jamais les pétroliers ou ce pipeline sur leur territoire en raison des risques que cela représente pour leur culture, leur mode de vie et leur autosuffisance, déclare-t-il. L'océan prend soin de nous, et nous avons la responsabilité de le préserver.»

Ashley Joannou et Wolfgang Depner, La Presse Canadienne

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