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Le personnel en santé par habitant est plus abondant qu'il y a 30 ans, selon l'IRIS

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21 mai 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Lorsqu'on prend en compte l'ensemble de la main-d'œuvre en santé, au privé comme au public, tout type de métier confondu, il n'y a pas de pénurie de personnel, indique une nouvelle étude de l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). Il s'agit plutôt d'un exode des employés du public vers le privé, selon les données du marché de l’emploi. 

C'est ce qu'explique Anne Plourde, chercheuse à l'IRIS qui est spécialisée dans les politiques de santé. Dans son étude publiée mardi, elle affirme que la main-d'œuvre totale en santé et services sociaux par habitant, provenant des secteurs public et privé, était 35 % plus élevée en 2022 qu’il y a 30 ans. Selon son analyse, il y a 132 000 personnes de plus qui exercent dans ce secteur qu’en 1991. 

Dans son calcul, Mme Plourde tient compte du vieillissement de la population et des besoins plus importants de cette population. L'étude de l'IRIS souligne que les personnes de 65 ans et plus représentent 20 % de la population, mais elles comptent pour 47 % des dépenses en santé, c'est-à-dire 2,3 fois plus que leur poids démographique.

La chercheuse nuance que la pénurie est bien réelle pour les infirmières et que du côté des médecins les effectifs par habitant stagnent. Elle reconnaît que ces deux professions sont des piliers du système de santé québécois, notamment, dit-elle, puisqu'elles sont davantage axées sur les soins curatifs que la prévention. 

«On a un discours public qui est très axé sur le fait qu’on a une pénurie de main-d’œuvre en santé et services sociaux, et c’est souvent présenté comme un fait incontestable, a déclaré en entrevue Mme Plourde. Mais quand on analyse les données, on constate que c’est plus complexe qu’on croit. Quand on regarde la main-d’œuvre dans son ensemble, incluant le secteur privé et le secteur public, on constate en fait qu’il y a plus de main-d’œuvre maintenant que dans les 30 dernières années.»

«Dans le secteur public, là, il y a véritablement un manque chronique de main-d’œuvre depuis de nombreuses années.»

Mme Plourde est d'avis que les trois plus récentes réformes du système de santé au Québec ont toutes contribué à diminuer la qualité des conditions de travail du personnel de la santé. Comme argument, elle parle des heures supplémentaires dans le réseau public qui ont augmenté au fil des années. Elle soutient que la proportion de rémunération totale consacrée au temps supplémentaire (à ne pas confondre avec le temps supplémentaire obligatoire) est passée de 1 à 6 % entre 1991 et 2020.

Elle craint que le transfert du personnel du public vers le privé se poursuive avec la réforme de l'agence Santé Québec. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne