Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le pavillon du Canada comme outil militant à la Biennale d'architecture de Venise

durée 06h00
17 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Pour mettre en lumière la crise du logement qui sévit au pays et particulièrement au Québec, un groupe d'architectes canadiens et de leaders autochtones transformera le pavillon du Canada de la 18e Biennale d'architecture de Venise en incubateur de solutions.

Plus grand rassemblement d'architecture au monde, la Biennale de Venise débute ce mercredi et se déroulera jusqu'en novembre. Plus de 100 exposants du monde entier se rassembleront au cours de cette période, alors que 300 000 visiteurs internationaux sont attendus.

Le collectif Architects Against Housing Alienation (AAHA) dénonce la spéculation immobilière et la concentration de la propriété qui rendent le logement de moins en moins accessible.

«Pas à vendre!» se veut un quartier général où un remue-méninges continu visera à imaginer des logements équitables «qui rejettent le concept de propriété et la forme d'architecture financiarisée qu'il implique». 

Leur projet inédit a été retenu par le Conseil des Arts du Canada (CAC), qui agit à titre de Commissaire pour choisir qui aura le privilège de représenter l'unifolié à l'occasion de cette importante exposition internationale. 

Le président du CAC, Simon Brault, est d'avis que l'initiative canadienne trouvera écho lors de l'événement en raison de son caractère universel.

«Ce qui a démarqué le collectif, c'est qu'il proposait quelque chose de différent qu'une simple exposition. En lien avec le thème de la biennale qui est "le laboratoire du futur", il propose d'utiliser le pavillon du Canada comme le quartier général d'une campagne de sensibilisation mondiale sur la crise du logement, quelque chose qui se vit dans de nombreux pays dans le monde», explique-t-il.

Les enjeux autochtones, portés par plusieurs membres du collectif eux-mêmes issus des Premières Nations, seront aussi au premier plan.

«Au fond, l'idée du laboratoire du futur, c'est la question de voir comment l'architecture, comme d'autres formes d'art, peut contribuer à la recherche de solutions à des problèmes de société actuels, qui impliquent beaucoup plus que de simplement faire des plans pour un bâtiment ou un complexe immobilier», renchérit M. Brault. 

Des demandes

Ces enjeux, loin d'être propres au Canada, devraient susciter des échanges entre les différents exposants et avec les visiteurs, estime le président du CAC. Il pourrait en ressortir des initiatives communes, inspirées des meilleures pratiques d'ailleurs.

«Le projet du collectif est vraiment une invitation à tenir une conversation, souligne M. Brault. Plutôt que d'arriver avec un projet qu'ils vont monter et exposer pendant six mois, ils vont construire ce projet tout au long de l'événement. Ça va être intéressant de suivre ce qui va en sortir.»

D'ailleurs, le collectif débarque à Venise avec une liste de dix demandes qui permettraient de rendre le logement plus équitable pour les Canadiens. Parmi ces requêtes, on relève la restitution des terres ancestrales, des pavillons pour la construction d'habitations au sein des Premières Nations, une architecture réparatrice, une taxe sur l'embourgeoisement, des modèles de propriété collective, des habitats solidaires et des propriétés excédentaires pour le logement, entre autres.

«Il y a un côté critique du fait que les bâtiments ne servent d'abord plus à loger des gens, mais sont plutôt considérés comme des investissements devant être rentables, explique M. Brault. Pour le collectif, une maison, ça ne devrait pas être un actif financier, mais quelque chose qui sert à loger à l'abri de la spéculation et qui reste abordable.»

———

Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne