Le militant Serge Mongeau, le père de la «simplicité volontaire», est mort

MONTRÉAL — Le militant de longue date Serge Mongeau, auteur de plusieurs livres et père de la «simplicité volontaire», est décédé le 9 mai dernier. Il avait 88 ans.

Les Éditions Écosociété en ont fait l'annonce lundi matin, précisant qu'il s'était éteint après avoir demandé l'aide médicale à mourir.

M. Mongeau avait déclaré qu'il n'avait plus «la capacité de poursuivre les actions essentielles pour mener notre société vers une vie frugale, écologique et communautaire», selon ce que rapporte l'éditeur.

En plus de son travail militant, Serge Mongeau aura écrit plus de 25 livres à travers le temps, dont son plus populaire, «La simplicité volontaire», publié en 1985, qui a connu un regain de popularité plusieurs années plus tard.

Ce mouvement de simplicité volontaire critique la société de consommation et a préparé le terrain pour la promotion de la décroissance, quelques années plus tard.

Serge Mongeau, médecin de formation, n'aura pratiqué la médecine que deux ans dans les années 1960 avant de se tourner vers des études en organisation communautaire.

Il a commencé à publier quelques livres dans les années 1960, dont «Cours de sexologie», publié en cinq tomes, ainsi que des ouvrages sur la planification des naissances. Il fonde d'ailleurs en 1967 le Centre de planification familiale du Québec, qui lutte notamment pour la contraception et la décriminalisation de l'avortement.

«Médecin de formation, Serge Mongeau pratique dans les milieux populaires et il est rapidement sensibilisé aux problèmes d’accès à la contraception et des avortements clandestins qu’il lui semble urgent d’éliminer par la diffusion de moyens préventifs», peut-on lire dans un article de l'historienne Marie-Pier Dion, publié en 2010 dans la «Revue d’histoire de l’Amérique française».

«Ainsi, avant même son implication directe dans les organismes de planification familiale, cette question constitue le principal cheval de bataille de ce médecin dans les années 1960.»

M. Mongeau a milité également en politique à cette période, étant impliqué dans le journal de gauche et indépendantiste «Québec Presse».

Pendant la crise d'Octobre de 1970, il est arrêté et incarcéré huit jours sans jamais savoir pourquoi. Il a raconté le récit des événements dans «Kidnappé par la police», publié la même année.

Serge Mongeau publiera aussi plusieurs livres sur la santé, dont «Adieu médecine, bonjour santé» et «Moi, ma santé».

En parallèle, l'auteur a aussi contribué à fonder en 1992 les Éditions Écosociété, une organisation qui met de l'avant les enjeux écologistes.

«N’eurent été l’acharnement et l’abnégation dont fera preuve Serge Mongeau au fil des ans, la maison d’édition aurait rapidement mis la clé sous la porte», soulignent les Éditions Écosociété.

«Qu’il ait agi en tant qu’auteur, éditeur, lecteur de manuscrit, membre du comité éditorial ou du conseil d’administration, Serge Mongeau aura été pendant 25 ans de tous les combats de la maison d’édition.»

Selon la maison d'édition, c'était le legs dont il était le plus fier.

Serge Mongeau reviendra à la politique en 2008 pour se présenter sous les couleurs de Québec solidaire dans la circonscription d'Hochelaga-Maisonneuve. Il terminera troisième avec 12,93 % des voix.

Alexandre Leduc, député solidaire actuel de cette circonscription, a d'ailleurs rendu hommage à M. Mongeau, se souvenant de sa candidature en 2008.

«J’étais fier de distribuer des dizaines de ses dépliants. C’était un bel humain rempli de bonté et d’empathie», a-t-il écrit.

Vicky Fragasso-Marquis, La Presse Canadienne