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Le journal Métro revient à la vie à Montréal et Québec en version numérique

durée 13h43
1 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le journal Métro, que l’on croyait mort et enterré après avoir fait faillite en 2023, ressuscite à compter de ce mercredi à Montréal et à Québec, mais uniquement sous forme numérique et propulsé par l’intelligence artificielle (IA).

Les actifs du défunt journal local avaient été rachetés par un entrepreneur spécialisé en technologies, Pierre-Antoine Fradet, qui est désormais le président-directeur général de Métro. Olivier Robichaud, qui avait été le directeur de l’information du quotidien de 2019 à 2022, revient chez Métro comme rédacteur en chef.

Métro se dit en mode recrutement et est activement à la recherche de journalistes, d’abord pour le site de Québec, et éventuellement d’une personne parlant l’italien pour une relance du Corriere Italiano, mais pour l’instant les deux sites web de Montréal et Québec sont l’affaire d’un seul homme, Olivier Robichaud, lourdement soutenu par l’IA. «On ne pouvait pas relancer Métro sans faire une utilisation de l'intelligence artificielle», a affirmé M. Robichaud lors de la conférence de presse annonçant le lancement des sites journalmetro.com (Montréal) et metroquebec.com (Québec).

Une IA fortement encadrée

«Je sais qu'il y a du monde pour qui l'utilisation de l'intelligence artificielle, c'est un sujet un peu controversé, a-t-il reconnu. Nous, on pense que c'est nécessaire d'aller de l’avant avec ça pour qu'on puisse fournir de l’information de qualité sur plusieurs plateformes et aussi en étant très efficient avec nos ressources.»

Il promet que l’usage de l’IA sera fortement encadré, que l’usage de matériel glané sur le web sera strictement limité aux annonces publiées par voie de communiqué et qu’il n’est pas question d’aller repiquer du matériel journalistique produit ailleurs. «C'est un outil pour générer directement du contenu sur les sites web à partir de communiqués de presse et à partir d'informations qui sont sur des sites web externes. Mais ce qui est important à souligner, par contre, c'est que ça n'efface pas les journalistes. Il y aura toujours un journaliste avant, pendant et après la création de ces reportages-là. Il n'y a aucun reportage généré par l'intelligence artificielle qui sera diffusé sans que moi, personnellement, j'aie un mot à dire dessus. Je reçois les articles, je regarde la source, je vérifie les informations, je vérifie l'image, je la modifie, je change l'image aux besoins, j'ajoute du contexte, j'ajoute des liens et ensuite, c'est publié.»

Pas pour remplacer des journalistes

Chaque article produit par l’IA sera clairement identifié comme tel à la fin avec une note assurant que le tout a été révisé et édité par un humain. Pierre-Antoine Fradet, qui a développé le «Moteur IA» de l’entreprise, croit que Métro devient ainsi «le premier journal canadien à officiellement intégrer l'intelligence artificielle. (…) Ç’a pris deux ans, mais on voulait prendre le temps de bien faire des choses et de le faire de manière éthique».

Olivier Robichaud se défend de vouloir remplacer des journalistes par l’IA. «Y a-t-il des journalistes chez Métro en ce moment? Ça faisait deux ans qu'il n'y en avait pas. On ne remplace rien. On met en place une structure qui nous permet de ramener des journalistes. Le moteur IA qu'on a développé n'est pas là pour remplacer les journalistes. Absolument pas. C'est un outil pour les journalistes», tranche-t-il.

Il promet d’ailleurs que l’IA ne touchera jamais les sujets complexes ou sensibles, une tâche qui sera réservée aux journalistes humains. Prenant l’exemple du dossier de Nooran Rezayi, cet adolescent de 15 ans abattu par un policier à Longueuil, «ça, ce n'est pas quelque chose qu'on va faire avec l'intelligence artificielle, parce que ça prend quelqu'un sur le terrain pour s'assurer d'avoir la sensibilité de faire un reportage qui est humain», assure-t-il. Il a également évoqué la couverture des élections municipales comme étant hors de la portée de l’IA.

Mission inchangée

La mission de Métro demeurera sensiblement la même qu’à l’époque de sa version papier, soit de se concentrer sur l’actualité locale, la politique municipale, la culture et le style de vie, l’immobilier et le logement ainsi que les finances personnelles.

On entend soutenir financièrement le média par des revenus publicitaires, du contenu commandité, des abonnements qui permettront d’avoir accès à certains contenus primés et un soutien des entreprises locales. Des applications mobiles pour les appareils iPhone et Android sont en voie d’être finalisées et l’intention des dirigeants est de permettre à leurs éventuels journalistes de se donner de l’espace sur les plateformes numériques populaires, telles que TikTok et autres Instagram. «Les journalistes, on va leur laisser de l'espace et du temps pour qu'ils mettent l'information directement sur les réseaux sociaux et qu'ils mettent un peu de leur personnalité là-dessus aussi», a expliqué Olivier Robichaud.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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