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Le gouvernement fédéral investit 73 milliards $ dans la défense nationale

durée 18h21
4 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le gouvernement fédéral a dévoilé mardi son plan visant à investir 73 milliards $ dans la défense nationale d'ici la fin de la décennie, une somme colossale alors que le Canada se prépare à respecter ses engagements ambitieux en matière de dépenses auprès de l'OTAN.

Ce plan de dépenses en défense massif – peu précis, mais affichant des chiffres astronomiques – donne également un aperçu de la Stratégie industrielle de défense promise par le gouvernement et évoque même une nouvelle «capacité souveraine de lancement spatial».

Le premier budget du ministre des Finances, François-Philippe Champagne, annonce un montant total impressionnant de 81,8 milliards $ sur cinq ans (en valeur de trésorerie) pour renforcer les Forces armées canadiennes.

Ce montant comprend 9 milliards $ de dépenses déjà annoncées par le premier ministre Mark Carney en juin dernier, permettant ainsi au Canada de respecter son engagement auprès de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) de consacrer l'équivalent de 2 % de son PIB à la défense cette année.

Selon le budget 2025, le Canada respecte déjà un nouvel engagement de 1,5 % pris auprès de l'OTAN – un élément qui fait partie d'un objectif beaucoup plus vaste de 5 %, que le Canada s'engage à atteindre d'ici 2035.

Ce pourcentage de 1,5 % comprend des dépenses connexes à la défense, comme les dépenses de tous les paliers de gouvernement en matière de préparation aux situations d'urgence, tandis que 3,5 % doivent être consacrés aux besoins essentiels de la défense.

«Le gouvernement s’attend à ce que les dépenses actuellement prévues par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que les administrations municipales permettent d’atteindre cet objectif de 1,5 %», affirme le document, sans toutefois dévoiler les calculs internes du gouvernement.

«Le budget nous permettra d'atteindre notre objectif», a déclaré M. Champagne lors d'une conférence de presse à Ottawa mardi. «Ce pourcentage de 1,5 % (…) je crois que, pour le Canada, ce sera une façon de bâtir des infrastructures dans le Nord que les collectivités nordiques accueilleront favorablement.»

«Nous avons un déficit d'infrastructures à plusieurs endroits, particulièrement dans le Nord, lorsqu'on considère la protection du Canada», a-t-il ajouté.

M. Champagne a également déclaré que «chaque entreprise du pays devrait fondamentalement avoir une stratégie de défense», compte tenu de la volonté des gouvernements du monde entier d'accroître leurs dépenses en défense.

«On peut faire une chose, mais en même temps, on peut changer de cap et en faire une autre. Je crois que nous devons nous assurer que nos investissements en défense servent avant tout les Canadiens, et c'est ce que nous allons faire», a-t-il affirmé.

Le ministère des Finances n'a publié aucun calcul interne démontrant comment les nouvelles dépenses du pays se comparent au fil du temps selon le cadre comptable de l'OTAN.

Le plus important investissement en défense depuis des décennies

Le budget prévoit 30 milliards $ pour les seules dépenses d'immobilisations liées à la défense et les présente comme le plus important investissement en défense depuis des décennies. Cependant, il ne fournit pas les dépenses comparables de l'année précédente et ne détaille pas le calcul.

Le gouvernement de l'ancien premier ministre Justin Trudeau n'avait alloué que 7,9 milliards $ à la Défense nationale sur une période de cinq ans dans sa dernière mise à jour majeure de la politique de défense, «Notre Nord, fort et libre». Il prévoyait également des budgets de défense plus importants au cours des prochaines décennies.

Le budget 2025 reste vague quant aux détails de l'utilisation de ces fonds, mais présente des chiffres globaux impressionnants, laissant présager d'autres investissements à venir.

Le budget alloue 17,9 milliards $ sur cinq ans à l'expansion des capacités des Forces armées canadiennes. Ce montant comprend notamment le financement de «véhicules logistiques, des véhicules utilitaires légers et des véhicules blindés, ainsi que dans des capacités de frappes de précision à longue portée et de lutte contre les drones, et dans la fabrication de munitions canadiennes».

Le budget ne détaille aucun de ces postes, qui n'incluent pas le projet d'acquisition de plusieurs milliards de dollars prévu pour remplacer les quatre sous-marins de classe Victoria du Canada, dont le vieillissement s'accélère.

Il prévoit 20,4 milliards $ sur cinq ans pour le recrutement et la fidélisation du personnel militaire, une enveloppe qui comprend les augmentations salariales et le soutien aux soins de santé des militaires, ainsi que 19 milliards $ pour le maintien des capacités et des infrastructures existantes.

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, a averti le mois dernier qu'une grande partie des infrastructures militaires vieillissantes du Canada nécessitait d'importantes réparations. Elle a également souligné que les efforts de recrutement étaient insuffisants, avec des milliers de militaires manquants.

Des milliards pour l'industrie de la défense

Ottawa réserve 6,6 milliards $ à la prochaine Stratégie industrielle de défense, attendue dans les prochaines semaines, qui précisera comment le gouvernement entend faire croître l'industrie de défense nationale.

Le budget prévoit que la Défense nationale établira une «capacité souveraine de lancement spatial», un projet doté d'un budget de 182,6 millions $ sur trois ans. Le budget ne fournit aucun détail.

Un haut fonctionnaire, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a indiqué que le Canada dépend d'autres pays pour le lancement d'équipements sensibles, comme les satellites, et que les plateformes de lancement disponibles ne se trouvent pas toutes dans des pays amis.

Le budget prévoit également la création d'un nouvel organisme de recherche, BOREALIS, doté d'un financement de 68,2 millions $ sur trois ans.

La Banque de développement du Canada recevra 1 milliard $ afin d'octroyer des prêts, du capital de risque et des services de conseil aux petites et moyennes entreprises du secteur de la défense.

Des centaines de millions de dollars seront consacrés aux technologies quantiques et à l'exploitation des minéraux critiques, des minéraux essentiels à de nombreuses chaînes d'approvisionnement du secteur de la défense. La nouvelle Agence de l'investissement pour la défense – un organisme spécial de Services publics et Approvisionnement Canada chargé d’accélérer les acquisitions de matériel militaire – recevra 30,8 millions $ sur quatre ans.

On ignore encore le nombre d’employés qui composeront ce nouveau bureau.

Le budget prévoit 6,2 milliards $ pour les «partenariats de défense», notamment l’aide militaire à l’Ukraine.

Kyle Duggan, La Presse Canadienne

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