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Le fondateur des Colocs, André «Dédé» Fortin, est désigné personnage historique

durée 15h14
23 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTREAL — Vingt-cinq ans après son suicide qui a bouleversé le Québec, l’auteur-compositeur-interprète André «Dédé» Fortin, fondateur du groupe mythique Les Colocs, a été désigné personnage historique.

Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, en a fait l'annonce samedi, alors qu'une statue en l'honneur de l'artiste était dévoilée dans la municipalité de Normandin, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où il a grandi.

Pour le ministre, il s'agissait du bon moment pour décerner cet honneur en vertu de la «Loi sur le patrimoine culturel». L'auteur-compositeur-interprète rejoint ainsi d'autres monuments de la chanson québécoise, comme Félix Leclerc ou encore La Bolduc.

«Sa façon de chanter la culture québécoise, de chanter les Québécois était très particulière, parce que 25 ans après, ces chansons-là sont encore très vivantes», a expliqué M. Lacombe en entrevue avec La Presse Canadienne, dimanche.

Il a également rappelé que les Québécois ont «un attachement fort» pour André «Dédé» Fortin, qui a su les toucher non seulement avec son registre parlé, mais aussi par sa façon de chanter.

En plus de son empreinte sur la culture québécoise, le fondateur des Colocs a «notamment contribué à la renaissance de la chanson québécoise d'expression française au tournant des années 1990», est-il indiqué dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Les Colocs désignaient dans un premier temps André «Dédé» Fortin et son ami Pierre Lanthier, qui ont emménagé ensemble en 1989.

C'est en 1990 que Fortin décide de former un groupe professionnel avec le même nom. Il sera rapidement complété par Jimmy Bourgoing à la batterie, Patrick Esposito di Napoli à l'harmonica, Serge Robert à la basse et Mike Sawatzky à la guitare.

Après le départ de certains membres et le décès de Patrick Esposito di Napoli, Les Colocs deviennent un trio formé de Fortin et Sawatzky, à qui s'ajoute André Vanderbiest. Les frères Karim et El Hadji (Elage) Diouf les rejoignent par la suite.

Pour le journaliste culturel Philippe Rezzonico, il n'est pas surprenant qu'André «Dédé» Fortin ait été nommé personnage historique, puisqu'il était l'un des artistes les plus importants du Québec dans les années 1990.

Le groupe Les Colocs était particulièrement reconnu pour ses chansons engagées, qui venaient toucher directement le quotidien des gens.

«On parlait beaucoup de société. Une chanson comme "La Rue Principale" donne une bonne idée des positions sociales et de l'évolution que le chanteur dans la chanson peut voir», a illustré M. Rezzonico.

Avec «Bon'yeu», et sa fameuse ligne «donne-moé une job», les Québécois pouvaient se retrouver dans les paroles, qui présentent des éléments qui sont intemporels et touchent encore aujourd'hui.

«Cette chanson-là n'a pas pris une ride. Plus de 30 ans plus tard, elle est tout à fait aussi pertinente qu'à sa naissance. Il y a pas mal de chansons des Colocs qui, sur cet aspect, sont tout aussi pertinentes», a avancé le journaliste culturel.

Les membres du groupe reflétaient aussi particulièrement la diversité culturelle de la province à cette époque et le cosmopolitisme montréalais.

Les Colocs rassemblait des gens d'ici avec Fortin, Robert et Bourgoing, mais aussi l'expatrié français Patrick Esposito di Napoli, le Canadien aux racines cries Mike Sawatski, le Belge André Vanderbiest ou encore les frères Diouf d'origine sénégalaise.

«C'était un élément qui était super rassembleur tant musicalement que socialement. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles on a adoré ce groupe, c'était l'instantané de ce que pouvait être un grand groupe québécois mâtiné d'influences d'un peu partout, mais qui était résolument ancré au Québec», a souligné M. Rezzonico.

Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne

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