Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le coroner demande d'encadrer la vente de diphénhydramine à la suite de décès

durée 15h21
10 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le bureau du coroner du Québec recommande que la diphénhydramine — un antihistaminique et sédatif parfois utilisé pour mieux dormir — soit mieux contrôlée en pharmacie après le décès par surdose d'un homme de 18 ans en décembre 2023.

Le jeune homme, dont l'identité n'est pas révélée dans le rapport rendu public, est décédé d'une intoxication aiguë à la diphénhydramine dans son domicile de Saint-Mathias-sur-Richelieu.

Le matin du 11 décembre 2023, la mère de l'homme l'a retrouvé inconscient et couché sur le dos dans son lit. Une analyse toxicologique a révélé un taux létal de diphénhydramine dans son sang.

Ce médicament est l'ingrédient sédatif de certains antihistaminiques en vente libre, dont le Benadryl.

Le coroner a conclu que les circonstances entourant le décès soulèvent des questions quant à la disponibilité d'une substance potentiellement mortelle en vente libre. Il a souligné qu'il existe un consensus au sein des organismes scientifiques sur les risques d'intoxication, mais que la substance est sur les tablettes en pharmacie.

«Je ne m'explique pas que la vente de diphénhydramine (…) ne soit pas mieux contrôlée, a écrit le coroner Vincent Denault. Je ne m'explique pas que la diphénhydramine soit en vente libre, d'autant plus que le Gravol qui, lui aussi, a comme ingrédient la diphenhydramine, n'est pas en vente libre.»

Dans un rapport daté de fin avril, mais publié cette semaine, le coroner a indiqué que le décès de l'homme «est attribué à la toxicité aiguë de la diphénhydramine, un dépresseur du système nerveux central qui, si consommé en quantité suffisante, occasionne une dépression respiratoire fatale» et des risques de développer une arythmie cardiaque mortelle.

Le coroner a constaté que des pots et des plaquettes vides de comprimés de diphénhydramine avaient été utilisés dans la chambre de l'homme.

«Les consommait-il pour mieux dormir? Aurait-il consommé des comprimés de la même façon, mais en plus grande quantité, dans la nuit du 10 au 11 décembre 2023?» a demandé le coroner.

Me Denault a souligné que ce n'était pas la première fois que des décès étaient causés par ce médicament; il s'était déjà prononcé sur trois enquêtes précédentes au Québec.

On a constaté une hausse en 2020 après un défi lancé par des usagers du réseau social TikTok entourant le Benadryl. L'objectif était de consommer de grandes quantités de comprimés contenant de la diphénhydramine.

«Le décès d'enfants a mis des visages sur cette dangereuse mode, a écrit Me Denault. La littérature scientifique confirme que la diphénhydramine est consommée à des doses élevées pour ses effets euphoriques et hallucinogènes, et que des personnes l'ont utilisée afin de se suicider.»

Me Denault a recommandé à l'Office des professions du Québec de modifier la réglementation relative à la vente de médicaments afin d'inclure la diphénhydramine destinée à une administration par voie orale dans une catégorie de médicaments nécessitant une gestion plus rigoureuse de la part des pharmaciens.

Ce changement comprendrait la création d'un dossier, la prise en note des ventes et la réalisation d'une étude pharmacologique pour le dossier.

Me Denault a également demandé au Bureau du coroner de partager le rapport avec le Collège des médecins du Québec et l'Ordre des pharmaciens du Québec.

Jean-François Desgagné, président de l'Ordre des pharmaciens, a déclaré cette semaine que l'Ordre examinerait la recommandation du coroner de reclasser le médicament afin d'évaluer la pertinence de le transférer derrière le comptoir des pharmacies.

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge