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Le Canada s'enligne pour rater sa cible d'éliminer le cancer du col de l'utérus

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17 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le Canada ne réussira probablement pas à atteindre son objectif d'éliminer le cancer du col de l'utérus d'ici 2040. Après avoir connu une baisse constante au cours des dernières années, voilà que le taux de ce cancer — complètement évitable lorsque dépisté à temps — stagne.

Ce constat survient cinq ans après le lancement de la stratégie de l’Organisation mondiale de la santé visant à éliminer le cancer du col de l’utérus, moment où le Canada s'était fixé comme cible d'éliminer l'incidence de ce cancer d'ici 2040. On estime qu’en 2025 au Canada, 1650 personnes recevront un diagnostic de cancer du col de l’utérus, et 430 y succomberont, «une issue largement évitable», peut-on lire dans le rapport «Statistiques canadiennes sur le cancer 2025», publié lundi.

«Quand j'ai commencé ma formation et ma pratique en oncologie il y a 30 ans, je m'attendais à ce qu'on puisse dire que nous avons vraiment jugulé le problème du cancer du col de l'utérus et que ça ne fait pas partie de la pratique. Trente ans plus tard, ce n'est pas vraiment le cas», raconte le Dr Denis Soulières, hématologue-oncologue et porte-parole scientifique et médical de la Société canadienne du cancer (SCC).

En 2025, on prévoit que les taux de cancer du col de l’utérus seront les plus élevés à Terre-Neuve-et-Labrador (10,2 cas pour 100 000 personnes) et en Saskatchewan (10,1 pour 100 000). Les plus faibles taux sont anticipés au Manitoba (7,0 pour 100 000), en Colombie-Britannique (7,5 pour 100 000) ainsi qu'au Québec et au Nouveau-Brunswick (7,8 pour 100 000).

Au Canada, le test de dépistage du virus du papillome humain (VPH) remplace de plus en plus le test Pap. Au Québec, cette transition est déjà bien entamée, et, d'ici 2026, toutes les régions devraient avoir remplacé le test Pap par le test VPH, qui est plus précis pour détecter le cancer du col de l'utérus, et qui se fait aux cinq ans.

Or, le Dr Soulières déplore qu'une grande partie de la population québécoise n'ait toujours pas accès au test VPH, notamment la région de Montréal. «Je pense que la survenue d'un nouveau test comme le test VPH pour la détection du VPH au niveau du col devrait être un moment où on se pose des questions sur comment on fait la promotion de ce test pour qu'il y ait une meilleure adhésion», soulève-t-il.

Comparativement à la mammographie, par exemple, il y a beaucoup moins de femmes qui se font dépister pour le cancer du col de l'utérus. «La stagnation au niveau de l'incidence du cancer du col nous amène à nous demander pourquoi ça n'a pas continué à régresser comme les années auparavant», pointe l'expert.

Les effets de la vaccination bientôt perçus

Dr Soulières souligne que la vaccination au Québec a un taux d'adhésion très fort, de l'ordre de 76 à 80 %. «On espère que ça va continuer à avoir une adhésion qui est forte», commente le médecin.

La vaccination à son plus haut niveau, c'est-à-dire à la fois chez les filles et les garçons, a débuté il y a une quinzaine d'années chez une population qui n'était pas encore active sexuellement. Le Dr Soulières s'attend donc à voir les effets les plus marqués de la vaccination dans les prochaines années.

Il y a également au Québec des projets pilotes pour que les femmes aient accès à des trousses de dépistage du VPH à la maison. Certains experts assurent que les autoprélèvements à la maison sont tout aussi efficaces que les prélèvements effectués en cliniques. Le Dr Soulières croit qu'il faudrait d'abord un premier test avec un clinicien pour comprendre comment ça fonctionne et avoir une discussion sur l'importance de ce test de dépistage.

Le rapport «Statistiques canadiennes sur le cancer 2025» a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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