Le Canada pourrait perdre son statut d'éradication de la rougeole

TORONTO — Une conseillère médicale principale de l'Agence de la santé publique du Canada affirme que le pays pourrait perdre son statut d'éradication de la rougeole si cette maladie hautement contagieuse continue de se propager à l'automne.

La Dre Marina Salvadori a mis en garde jeudi contre cette possibilité, alors que le nombre de cas en Ontario a augmenté de près de 200 infections, ajoutant que cela ne se produirait que si la propagation prolongée se poursuivait au-delà de la mi-octobre 2025.

«Cela pourrait arriver. Mais je pense que, lorsque les gens entendent parler de 'perte du statut d'éradication', ils craignent beaucoup que la rougeole ne se rétablisse et ne devienne courante, et que nous y soyons tous exposés au cours des prochaines décennies», a expliqué Mme Salvadori, soulignant que cela ne signifie pas nécessairement que la rougeole est là pour de bon.

Même si le statut d'éradication prend fin, elle croit que la rougeole peut être éliminée de nouveau dans le pays.

L'éradication de la rougeole est l'absence de transmission continue de la maladie pendant 12 mois ou plus dans une zone géographique donnée. Le Canada a atteint ce statut en 1998.

La Santé publique de l'Ontario a signalé jeudi 197 infections supplémentaires au cours de la semaine dernière, portant le nombre de cas probables et confirmés dans la province à 1440 depuis le début de l'épidémie en octobre.

La Dre Salvadori a indiqué que les responsables de la santé publique ont rencontré les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis et leurs collègues de la santé publique du Mexique pour discuter des points communs de l'épidémie, qui a frappé les trois pays.

«Nous sommes tous confrontés au même problème et nous travaillons tous très bien ensemble pour mieux comprendre la situation», a-t-elle avancé.

En Ontario, on compte 101 hospitalisations, dont 75 enfants, et huit patients ont été admis aux soins intensifs. La Dre Sarah Wilson, de santé publique/épidémiologiste médicale pour Santé publique Ontario, a indiqué que les hospitalisations représentent 7 % des cas d'épidémie dans la province.

«À mon avis, c'est une autre illustration très claire de la façon dont les infections par la rougeole peuvent entraîner des complications très graves, et il ne s'agit absolument pas d'une infection banale», a soutenu la Dre Wilson.

L'Alberta a annoncé jeudi que le nombre total de cas avait atteint 313 dans la province depuis la mi-mars, dont 19 hospitalisations.

La Saskatchewan a mis à jour son nombre cumulatif jeudi à 27 cas. Le médecin hygiéniste en chef de la province, le Dr Saqib Shahab, a déclaré qu'il s'attendait à voir de nouveaux cas chaque jour à l'avenir.

«La Saskatchewan fait maintenant partie de l'épidémie de rougeole sans précédent en Amérique du Nord», a annoncé le Dr Shahab lors d'une conférence de presse à Regina.

«Nous ne devrions pas voir de rougeole en 2025. Le fait que nous observions des éclosions dans certaines communautés, comme si c'était dans les années 1950, signifie que le contrat social de sécurité et de protection mutuelle est rompu», a-t-il déploré.

Mercredi, le Manitoba a annoncé avoir atteint 24 cas, probables ou confirmés. La Nouvelle-Écosse et les Territoires du Nord-Ouest ont tous deux signalé des cas de rougeole plus tôt cette semaine, leur premier depuis le début de l'épidémie.

— Avec des informations de Jeremy Simes, à Regina

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Hannah Alberga, La Presse Canadienne