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Le Canada ignore où aboutissent certains déchets industriels importés

durée 12h20
2 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Le Canada ignore où aboutissent certains déchets industriels importés des États-Unis et du Mexique et d'importantes lacunes subsistent dans la déclaration et le suivi des transferts pour l'élimination de déchets industriels à l’échelle du continent.

C’est ce que révèle un rapport de la Commission de coopération environnementale (CCE) de l’Amérique du Nord, qui a analysé les données déclarées par quelque 24 000 établissements industriels du Canada, des États-Unis et du Mexique à leur Registre de rejets et de transferts de polluants (RRTP) national respectif.

Certains déchets industriels sont transférés au-delà des frontières des pays d’où ils proviennent pour être recyclés ou éliminés.

Par exemple, des municipalités canadiennes, des sites gaziers et d’autres industriels ont envoyé plusieurs centaines de kilogrammes de phosphore total dans les dernières années aux États-Unis, pour élimination.

Comment ce phosphore a-t-il été éliminé? Difficile de le savoir, car si au Canada, il est obligatoire de déclarer les déchets de phosphore total, ce n’est pas le cas aux États-Unis.

À l’inverse, les entreprises américaines doivent déclarer les déchets de baryum, mais pas les entreprises canadiennes.

Des sites canadiens reçoivent pourtant des déchets de baryum provenant d’aciéries américaines, mais on ignore où aboutissent ces déchets.

«Aussitôt qu’il transite la frontière, on ne sait pas quelle est la destination de ce baryum», a expliqué Danielle Vallée,  chargée de projet de l'Initiative RRTP de l’Amérique du Nord.

Des risques pour la santé et l’environnement

Dans son rapport, la Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord indique que les différentes exigences de déclaration des RRTP pour les déchets industriels et l’impossibilité, dans certains cas, de suivre leurs traces, entravent la capacité des chercheurs, des gouvernements et de la population à comprendre pleinement les risques liés à leur élimination.

«Si le baryum se retrouve dans un site d’enfouissement, ou dans un bassin de retenue, et qu’il n’y a pas de contrôle adéquat, ça peut contaminer les eaux souterraines, donc des sources d’eau potable», a indiqué Danielle Vallée à La Presse Canadienne.

«Qu’est-ce qui arrive dans un contexte de changement climatique? Qu’est-ce qui arrive si une inondation se produit et qu’on ne connaît pas les sortes de polluants que contient un site d’enfouissement? On a alors de la difficulté à gérer efficacement et rapidement les risques pour la communauté et l’environnement», a ajouté Mme Vallée.

Le rapport de la CCE indique que les établissements industriels du Canada, des États-Unis et du Mexique ont déclaré au total quelque 5 milliards de kilogrammes de polluants chaque année, dont 335 millions qu’ils ont transférés hors site pour élimination.

Les auteurs du rapport ont indiqué que l’étude avait été élaborée en réponse aux préoccupations que soulèvent certaines pratiques d'élimination des déchets, telles que l’enfouissement et l'épandage sur le sol, qui peuvent libérer des contaminants dans l'environnement et entraîner une pollution à long terme tout en ayant des effets néfastes sur la santé de la population.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne