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La Nouvelle-Écosse critiquée sur son manque de mesures contre la violence conjugale

durée 19h25
2 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a constaté mardi, lors d'une rencontre d'un comité législatif, que le gouvernement ne parvient pas à lutter contre la violence conjugale. Cette réunion s'est déroulée environ un an après que le gouvernement a déclaré que cette violence était une épidémie dans la province.

Nicole Johnson-Morrison, sous-ministre associée du Conseil consultatif sur la condition féminine de la Nouvelle-Écosse, a souligné que l'adoption unanime, le 12 septembre 2024, d'un projet de loi déclarant la violence conjugale une épidémie constituait une étape cruciale dans la reconnaissance de la gravité du problème.

«Nous savons que la violence conjugale est une épidémie dans notre province et qu'elle continue de toucher beaucoup trop de Néo-Écossaises», a-t-elle déclaré mardi dans son discours d'ouverture devant le comité.

Depuis le 18 octobre, sept femmes ont été tuées en Nouvelle-Écosse, dont le décès est lié à leur partenaire masculin, et, dans un cas, le père d'une victime a également été tué. Mme Johnson-Morrison a indiqué que l'engagement du gouvernement à lutter contre cette violence «ne se limite pas aux mots et à l'argent. Il se traduit par des actions», soulignant que le budget 2025-2026 prévoit plus de 100 millions $ pour des initiatives liées à la violence conjugale ou à la violence fondée sur le genre.

Emma Halpern, directrice générale de la Société Elizabeth Fry de la Nouvelle-Écosse continentale, a mentionné au comité que, cette année, l'expérience de son personnel en matière de violence fondée sur le genre «est passée du niveau professionnel au niveau personnel», puisque trois de ses membres issus de différentes communautés ont été touchés par des cas extrêmes de violence.

«Nous avons eu une employée dont la cousine a été tuée, une autre dont la tante a été tuée. Et une autre qui s'est fait tirer dessus par un ancien partenaire», a-t-elle rapporté.

Mme Halpern a déclaré que l'expérience vécue en essayant d'aider cette collègue après le drame lui a rappelé les «lacunes importantes» qui existent dans les systèmes de soutien aux survivantes de la province.

«Mon équipe était présente au foyer après les coups de feu pour nettoyer le sang. Mon équipe était chargée de bloquer les fenêtres pour s'assurer que personne n'entre (…) Nous avons constaté des lacunes dans les services médicaux (…) Nous lui avons trouvé un logement, faute de temps pour bénéficier des allocations et lui trouver un nouveau domicile», a raconté Mme Halpern.

Elle a ajouté que les professionnels du secteur sont conscients des lacunes existantes et des améliorations possibles, mais qu'ils ont besoin de financement et du soutien du gouvernement pour y parvenir.

Après la réunion de mardi, la ministre Johnson-Morrison a expliqué que «nous faisons de notre mieux pour trouver des moyens d'être à l'écoute du secteur et de continuer à le soutenir autant que possible.»

Cependant, elle ne s'est pas engagée à fournir aux associations d'aide aux victimes de violences sexistes un financement «de base» pour couvrir leurs frais de fonctionnement.

Meghan Hansford, de l'organisme sans but lucratif Adsum for Women and Children, a expliqué au comité qu'au lieu de bénéficier d'un financement de base, de nombreux groupes qui soutiennent les survivantes de violence fondée sur le genre en Nouvelle-Écosse sont pris dans le cycle stressant et chronophage des demandes de financement annuel auprès de la province.

Mme Hansford a soutenu que la province devrait veiller à ce que ces groupes puissent poursuivre leur travail essentiel en les finançant adéquatement et à long terme.

«Lorsque notre gouvernement a fait face à la COVID-19, un financement extraordinaire a été rapidement mobilisé, témoignant de l'urgence de sauver des vies. La violence fondée sur le genre exige la même approche», a-t-elle affirmé.

Le rapport final de l'enquête publique sur la fusillade de masse de 2020 en Nouvelle-Écosse, qui a fait 22 morts et a débuté par une histoire de violence conjugale, recommandait aux gouvernements d'accorder un «financement de niveau épidémique» à la prévention et à l'intervention en matière de violence fondée sur le genre.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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