La mairesse de Montréal «ravie» de l'ouverture du nouveau bureau de l'ONU


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — La mairesse sortante de Montréal, Valérie Plante, estime que l'inauguration, jeudi, d'un sixième bureau des Nations unies à Montréal reflète le programme environnemental et de logement qu'elle a défendu pendant près de huit ans de mandat.
Près de trois ans après son annonce, le Programme des Nations unies pour les établissements humains, appelé ONU-Habitat, ouvre son bureau de projet à Montréal avec une équipe initiale de neuf employés et une mission qui inclut la promotion de «villes et d'établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables».
Valérie Plante, qui ne brigue pas de nouveau mandat en novembre, s'est dite «ravie» de l'ouverture du bureau avant la fin de son mandat.
«Je suis très fière, car, en tant que mairesse qui a fait avancer le programme sur les changements climatiques et l'environnement jusqu'à présent au cours des huit dernières années, c'est presque une reconnaissance de ce travail», a-t-elle indiqué lors d'une entrevue mercredi à l'hôtel de ville.
«Mais les Nations unies s'intéressaient aussi à l'écosystème montréalais, a-t-elle poursuivi. Il y a les universités, il y a les talents, et aussi cette façon de penser qui nous pousse à croire que la création de quartiers et de logements verts et inclusifs est absolument cruciale et importante.»
Mme Plante est devenue la première femme élue à la tête de Montréal en 2017, remportant une victoire surprise face à son rival sortant et ancien ministre fédéral, Denis Coderre.
Elle a fait campagne en promettant d'améliorer le transport en commun et de réduire la congestion routière, ainsi que d'ajouter des espaces verts et des logements sociaux.
En tant que mairesse, elle a mis en place des politiques environnementales visant à protéger les pollinisateurs et à créer des parcs, notamment des «parcs éponges» qui absorbent les excédents de pluie, dans le cadre d'une stratégie d'atténuation des changements climatiques.
En cours de route, elle a également été accusée d'être anti-voiture et de consacrer trop d'énergie à l'expansion des pistes cyclables et à la piétonnisation des rues au détriment d'autres priorités.
Elle a aussi essuyé des critiques selon lesquelles son règlement phare obligeant les promoteurs à inclure des logements sociaux et abordables dans les nouvelles constructions s'est avéré inefficace pour atténuer une crise du logement croissante.
Mme Plante a mentionné que l'ouverture du bureau des Nations unies valide, d'une certaine manière, son approche, qui inclut la prise en compte des changements climatiques dans chaque projet entrepris par la Ville, du logement aux transports en commun en passant par la modernisation des égouts.
Elle espère que son successeur poursuivra son œuvre, même si d'autres gouvernements semblent hésiter sur leurs engagements environnementaux.
«C'est tellement important, surtout lorsque d'autres ordres de gouvernement pourraient revenir sur certaines priorités, que Montréal doit rester forte et continuer à se battre pour l'innovation en matière de lutte contre les changements climatiques, de réduction de nos émissions et de protection de la biodiversité», a-t-elle soutenu.
La protection de l'environnement est en fin de compte «une question de santé» qui contribue au bien-être des Montréalais, a-t-elle fait valoir.
«Un maire qui déciderait de revenir sur ces priorités tournerait, à mon avis, le dos à la santé des citoyens, a-t-elle ajouté. Et je ne pense pas que nous devrions accepter cela.»
Un bureau attendu
La directrice générale d'ONU-Habitat, Anacláudia Rossbach, a souligné que Montréal avait été choisie pour accueillir le bureau en raison du soutien de tous les ordres de gouvernement et de la présence d'experts en logement et en résilience climatique.
«Je parle des centres de recherche, des universités, des administrations locales, des ONG, des organismes communautaires, de toute l'expérience du Canada», a-t-elle déclaré lors d'une entrevue vidéo depuis Nairobi, au Kenya, avant son déplacement à Montréal pour la cérémonie d'inauguration.
Elle a ajouté que le Canada est également un chef de file dans des domaines pertinents pour le bureau, notamment les infrastructures urbaines résilientes au changement climatique et les institutions hypothécaires solides.
Si les défis du logement dans les pays développés peuvent sembler différents de ceux des pays du Sud, Mme Rossbach a souligné qu'il existe des dénominateurs communs. Parmi ceux-ci figurent un «écart historique d'accessibilité financière» et le sans-abrisme, qui, selon elle, toucherait 300 000 personnes dans le monde.
Si chaque région a ses propres défis en matière de logement, Mme Rossbach estime que le rôle d'ONU-Habitat est de servir de médiateur ou de canal pour favoriser la convergence des idées.
«Je suis bien consciente que nous ne pouvons pas simplement reproduire un modèle, une expérience, et l'appliquer d'un pays à l'autre, même au Nord comme au Sud, n'est-ce pas ?» a-t-elle affirmé.
«Les contextes sont très différents. Mais nous pouvons apporter notre contribution. Nous pouvons contribuer à intégrer certains principes, nous inspirer de certains mécanismes existants et des leçons apprises, puis les adapter aux différents contextes», a-t-elle fait valoir.
La création du bureau a été annoncée pour la première fois en décembre 2022, alors que Montréal accueillait la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15).
Mme Rossbach, qui a rejoint le programme plus récemment, n'a pas expliqué pourquoi son ouverture a pris autant de temps. «Peut-être que le bureau m'attendait», a-t-elle mentionné.
Elle a indiqué que la première mission du bureau, à savoir le recrutement de personnel et la création d'alliances, est bien avancée. Une autre priorité sera de réunir un groupe solide d'intervenants canadiens pour participer au Forum urbain mondial en Azerbaïdjan, ainsi que de participer à un groupe de travail sur le logement avec les pays membres de l'ONU.
Le bureau, situé au centre-ville de Montréal, devrait employer une vingtaine de personnes à terme.
Morgan Lowrie, La Presse Canadienne