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La GRC dit avoir appris des leçons des manifestations du «Convoi de la liberté»

durée 08h16
17 mars 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Après avoir supervisé les manifestations du «Convoi de la liberté», la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dit avoir appris des leçons, dont la nécessité de mieux se préparer à une prise d'assaut des lignes téléphoniques d'urgence, selon des documents publiés récemment.

Des notes d'information obtenues par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information soulignent également les pressions sécuritaires pour protéger les dirigeants à Ottawa et détaillent les défis qui ont découlé du fait que les manifestations n'avaient pas de direction claire.

Le corps de police a compilé les documents avant que six hauts responsables de la GRC, dont la commissaire Brenda Lucki, ne soient interrogés par des avocats de la Commission sur l'état d'urgence en septembre dernier.

Au début de 2022, Mme Lucki faisait partie des responsables que le premier ministre Justin Trudeau et les membres de son cabinet ont consultés alors qu'ils cherchaient à répondre aux manifestations organisées à la colline du Parlement et à plusieurs postes frontaliers.

Pour dégager les manifestants, qui contestaient le gouvernement Trudeau et les mesures de santé publique liées à la COVID-19, Ottawa a finalement invoqué la Loi sur les mesures d'urgence – une décision que le juge Paul Rouleau a jugée justifiée dans un rapport final publié il y a un mois.

Les centaines d'heures de témoignages et les milliers de pages de documents présentés au cours des six semaines d'audiences publiques de l'automne dernier ont abouti à 56 recommandations, dont 27 visaient à améliorer les opérations policières.

Mais bien avant la publication du rapport du juge Rouleau, la GRC avait déjà préparé sa propre liste de «leçons préliminaires apprises», montrent deux des documents d'information.

La GRC a reconnu qu'il était important de «donner le ton tôt avec les manifestants» et que c'était «compliqué par le manque de leadership clair».

Une autre leçon apprise était la nécessité d'empêcher les véhicules ou autres campements de devenir «retranchés» dans un espace public, selon le document.

Parmi les autres améliorations suggérées aux opérations futures figuraient: l'anticipation de l'écrasement des lignes d'appel d'urgence, la fourniture aux agents d'une protection auditive et la planification d'une augmentation des demandes de sécurité pour les députés et les ministres.

Michael Kempa, professeur de criminologie à l'Université d'Ottawa, suggère que les leçons apprises montrent que la GRC se rend compte qu'elle ne peut pas utiliser ses expériences avec les manifestations passées pour gérer les manifestations futures. 

«Ils disent: "Nous ne pouvons pas nous fier à notre expérience passée."»

En entrevue, M. Kempa a déclaré que le convoi était un exemple d'une «nouvelle forme de protestation de masse», qui peut être organisée sur les médias sociaux et collecter des tonnes d'argent, mais qui n'a pas de leadership clair parmi les différents groupes de protestation.

La GRC n'a pas répondu à une requête de La Presse Canadienne.

Le document préparé pour les fonctionnaires était accompagné d'un calendrier et d'une description des tâches accomplies par la GRC pendant la manifestation d'une semaine à Ottawa, notamment la fourniture d'escortes de sécurité pour les ministres, les chefs de parti et les juges.

Il indique que la division de protection de la GRC a vu une forte augmentation du nombre de menaces et de «commentaires inappropriés proférés contre des responsables sous sa protection», dont la majorité était dirigée contre le premier ministre Justin Trudeau.

La note d'information indique que la GRC a ouvert 168 «dossiers indésirables» du 21 janvier au 28 février en 2022, contre 44 au cours de la même période en 2021.

Au cours de l'enquête de l'automne dernier, Mme Lucki a été critiquée pour ne pas avoir partagé d'informations avec le cabinet selon lesquelles un plan était en place pour évacuer les manifestants d'Ottawa.

Lors de son témoignage, Mme Lucki a reconnu: «Je suppose qu'avec le recul, oui, cela aurait pu être quelque chose d'important».

L'enquête a également appris que dans les heures précédant la prise de décision, Mme Lucki avait envoyé une note à un haut fonctionnaire suggérant qu'elle estimait que «tous les outils disponibles» n'avaient pas été explorés.

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne