La fumée des feux au Canada dégrade la qualité de l'air dans le Midwest américain


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Par La Presse Canadienne, 2024
La fumée provenant des feux de forêt qui font rage au Canada entraîne une dégradation de la qualité de l'air au sud de la frontière, dans le Midwest américain, où les conditions dans certaines régions ont été jugées «très malsaines» mardi.
Les incendies ont forcé plus de 27 000 Canadiens dans trois provinces à fuir leur maison, et la fumée a même atteint l'Europe.
L'odeur de fumée planait mardi sur la région de Minneapolis-St. Paul, malgré la pluie qui masquait l'étendue réelle de la pollution atmosphérique. L'Agence de contrôle de la pollution du Minnesota a publié une alerte pour presque tout l'État qui restera en vigueur jusqu'à mercredi.
Le département des ressources naturelles de l'Iowa a averti que la qualité de l'air dans une bande allant du sud-ouest au nord-est de l'État pourrait atteindre des niveaux malsains jusqu'à jeudi matin. L'agence a recommandé aux habitants, en particulier ceux souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires, d'éviter les activités longues ou intenses à l'extérieur.
Les conditions de fumée qui ont touché périodiquement les États-Unis ces dernières semaines se sont étendues mardi jusqu'au Michigan à l'est, jusqu'au Nebraska à l'ouest, et jusqu'à la Géorgie au sud-est.
Conditions malsaines
Sur la carte AirNow de l'Agence américaine de protection de l'environnement, on pouvait voir une bande rouge correspondant à des conditions «malsaines» dans la moitié est du Minnesota, l'ouest du Wisconsin et le nord de l'Iowa.
Des conditions «très malsaines», en violet, étaient signalées dans une grande partie de la région métropolitaine de Minneapolis-St. Paul.
Hennepin Healthcare, le principal hôpital d'urgence de Minneapolis, a constaté une légère augmentation du nombre de patients présentant des symptômes respiratoires aggravés par la pollution atmosphérique.
La Dre Rachel Strykowski, pneumologue, a expliqué qu'il y a normalement un certain délai avant que les patients se présentent, ce qui est regrettable, car plus ces patients contactent leur médecin tôt, meilleurs sont les résultats.
Selon elle, les symptômes typiques comprennent «l'essoufflement, une respiration sifflante, peut-être une légère augmentation de la toux et une exacerbation de leur maladie sous-jacente, comme l'asthme».
Selon la Dre Strykowski, les particules fines issues de la fumée des incendies provoquent une inflammation accrue des voies respiratoires des patients, aggravant ainsi leurs pathologies sous-jacentes.
Mme Strykowski a fait remarquer que c'est généralement à cette période que ces patients peuvent sortir et profiter de l'été, car il y a moins de facteurs déclenchants. Les conditions actuelles qui les obligent à rester à l'intérieur peuvent donc leur donner un sentiment «d'isolement».
Les gens peuvent se protéger en restant à l'intérieur ou en portant des masques N95, a-t-elle rappelé. Mme Strykowski a ajouté qu'il fallait que ce soient des masques N95, car les masques en tissu utilisés pendant la pandémie de COVID-19 n'offrent pas une filtration suffisante.
La situation des incendies
Le Canada connaît une nouvelle saison de feux de forêt particulièrement grave. Plus de 27 000 personnes ont été contraintes d'évacuer leur résidence dans trois provinces.
La fumée qui atteint le Midwest américain provient surtout des incendies qui font rage au nord-ouest de Winnipeg, la capitale du Manitoba.
Des hôtels de Winnipeg ont ouvert leurs portes lundi aux personnes évacuées. Plus de 17 000 habitants du Manitoba ont été déplacés depuis la semaine dernière, dont 5000 habitants de la communauté de Flin Flon.
En Saskatchewan, 2500 habitants de la ville de La Ronge ont reçu l'ordre de fuir lundi, s'ajoutant aux plus de 8000 personnes déjà évacuées dans la province.
La pire saison de feux de forêt que le Canada ait jamais connue a eu lieu en 2023. Elle a recouvert une grande partie de l'Amérique du Nord d'une fumée dangereuse pendant des mois.
La fumée atteint l'Europe
Les incendies de forêt au Canada sont si importants et si intenses que la fumée atteint même l'Europe, où elle provoque un ciel brumeux, mais ne devrait pas affecter la qualité de l'air en surface, selon Copernicus, le service européen de surveillance du climat.
Le premier panache de fumée à haute altitude a atteint la Grèce et l'est de la Méditerranée il y a un peu plus de deux semaines, et un panache beaucoup plus important a traversé l'Atlantique au cours de la semaine dernière. D'autres sont attendus dans les prochains jours, selon Copernicus.
«Cela montre vraiment l'intensité de ces incendies, qui peuvent produire une fumée suffisamment haute pour être transportée aussi loin par les courants-jets», a soutenu Mark Parrington, scientifique senior au service.
Les incendies émettent également des niveaux importants de pollution carbone, estimés à 56 mégatonnes jusqu'à lundi, juste derrière 2023, selon Copernicus.
Steve Karnowski, The Associated Press