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La famille du jeune Ahmad Maher Al Marrach, poignardé à mort, témoigne de sa peine

durée 19h48
27 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — La famille d'un adolescent poignardé à mort par plusieurs individus en 2024 a décrit son immense perte à un juge du tribunal pour adolescents d'Halifax lundi, affirmant être brisée et que la vie semble vide sans lui.

La mère et la sœur du garçon ont pris la parole lors de l'audience de détermination de la peine d'un adolescent qui a plaidé coupable de meurtre au deuxième degré pour le décès d'Ahmad Maher Al Marrach, 16 ans.

S'exprimant par l'intermédiaire d'un interprète arabe, la mère du défunt, Basima Al Jaji, a déclaré avoir eu l'impression de mourir elle aussi le jour du meurtre de son fils.

«Depuis, je ne vis plus que dans un corps sans âme. J'essaie sans cesse d'accepter la mort de mon fils, mais je ne peux pas vivre comme d'autres qui continuent de vivre normalement», a-t-elle déclaré au tribunal et à la juge Bronwyn Duffy. Mme Al Jaji a expliqué qu'elle aurait aimé être présente dans le stationnement couvert du centre commercial d'Halifax pour protéger son fils, «même si ça aurait voulu dire donner ma vie. Il aurait mieux valu pour moi être comme un bouclier dans le dos de mon fils.»

L'accusé de 16 ans, dont l'identité est protégée de publication, a plaidé coupable de meurtre au deuxième degré en janvier. Il avait 14 ans au moment du crime et a admis avoir poignardé la victime avec un couteau de cuisine volé le 22 avril 2024. Trois autres adolescents ont été accusés de l'attaque collective.

Selon un exposé conjoint des faits, les quatre adolescents se sont rencontrés dans un centre commercial du centre-ville d'Halifax où l'accusé a volé un grand couteau de cuisine dans un magasin en prévision d'une bagarre avec Ahmad Maher Al Marrach.

Les quatre adolescents, qui prévoyaient tous de se joindre à la bagarre, ont pris un autobus jusqu'à un stationnement couvert de l'ouest de la ville, où le conflit a éclaté. La victime est décédée après que l'adolescent lui a planté son couteau en plein milieu de la poitrine.

La sœur du défunt a déclaré au tribunal que la mort de son frère avait anéanti chez elle toute joie de vivre. «C'est comme si la lumière s'était éteinte dans nos vies et en nous», a-t-elle dit, la voix tremblante.

Après la mort de son frère, elle a confié avoir eu du mal à croire qu'il était vraiment parti. Elle a ajouté qu'elle se réveillait au milieu de la nuit et le cherchait partout dans la maison. «J'étais certaine que sa mort n'était qu'un cauchemar dont je m'étais enfin réveillée. Mais malheureusement, c'était réel (…) mon frère innocent dort maintenant dans nos cœurs.»

Ahmad Maher Al Marrach est arrivé au Canada avec ses parents et ses six frères et sœurs en 2016 après avoir fui la guerre en Syrie. Sa mère a raconté qu'il avait aidé à élever ses plus jeunes frères et sœurs, prenant soin d'eux en les nourrissant et en les habillant pour l'école.

Trois des frères du garçon ont rédigé des déclarations de victimes, qui ont été lues au tribunal lundi par la procureure de la Couronne, Sarah Kirby.

Les frères ont chacun décrit leur profond sentiment de deuil, affirmant que leur frère était gentil, généreux, attentionné et amusant. Il était religieux, a rapporté l'un de ses frères: «il essayait de prier tous les jours, quoi qu'il arrive et où qu'il soit.»

L'un des frères aînés a raconté qu'il ne s'était «jamais senti seul avant son départ».

«J'ai honte et je suis dégoûté de moi-même»

L'accusé s'est redressé, regardant droit devant lui pendant les témoignages. Mme Al Jaji et sa fille ont quitté la salle d'audience avant que l'accusé ne lise une déclaration.

L'adolescent s'est excusé pour le meurtre, affirmant avoir commis la plus grosse erreur de sa vie ce jour d'avril. «Il n'avait qu'un impact positif sur son entourage. C'était quelqu'un de bien. Et maintenant je parle de lui au passé.»

L'accusé a expliqué qui ne connaissait pas sa victime, mais qu'il a appris au cours du procès qu'il était une personne gentille, attentionnée et respectueuse, appréciée de sa famille et de ses amis.

«En ôtant la vie à Ahmad, j'ai ruiné la vie d'autres personnes. Je leur ai enlevé leur frère, leur modèle et leur soutien. Je ne peux pas me le pardonner. J'aurais préféré que tout cela n'arrive jamais. Je n'avais pas prévu de tuer Ahmad, et mon coaccusé non plus (…) j'aurais préféré rester en dehors de ça. Au lieu de cela, j'ai volontairement rejoint une bagarre qui ne me concernait pas», a-t-il affirmé.

L'adolescent a pris note des «choses horribles» qu'il a écrites et dites après le meurtre, notamment des paroles de rap sur l'agression au couteau, écrites depuis un centre de détention pour jeunes.

«J'ai honte et je suis dégoûté de moi-même.»

Le prononcé de la peine de l'accusé se poursuivra le 12 novembre.

L'adolescente impliquée dans la bagarre, qui avait 14 ans au moment du meurtre, a admis être l'une des quatre adolescentes responsables du crime et a plaidé coupable d'homicide involontaire l'automne dernier.

Un adolescent de 18 ans, accusé par la Couronne d'avoir organisé la bagarre, a été reconnu coupable d'homicide involontaire. Et en août, un autre garçon de 18 ans a été condamné à 10 mois de détention dans un centre de détention pour jeunes et à 17 mois de surveillance dans la communauté pour son rôle dans la mort d'Ahmad Maher Al Marrach.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

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