La campagne tarifaire du président Trump choisie comme nouvelle de l'année

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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — La campagne tarifaire du président américain Donald Trump contre le Canada – et la vague de fierté nationale qu'elle a suscitée – a été choisie comme «Nouvelle canadienne de l'année» par La Presse Canadienne.
Près des deux tiers des rédacteurs en chef et des chefs de nouvelles à travers le pays ont désigné les droits de douane du président Trump comme l'événement le plus important de 2025.
Le parcours des Blue Jays de Toronto jusqu'en Série mondiale et les élections fédérales du printemps ont également reçu des votes comme nouvelle canadienne de l'année.
L'impact considérable du différend tarifaire sur la politique, l'économie et l'identité nationale canadiennes a fait la une des journaux tout au long de l'année.
«Les politiques de Donald Trump ont des répercussions quotidiennes sur les Canadiens et les entreprises. Depuis son élection, Trump est sur toutes les lèvres et on anticipe son prochain coup d'éclat», a soutenu Stéphanie Mac Farlane, rédactrice en chef du journal «Le Canada Français», en Montérégie.
Des tensions de longue date
Les tensions entre le Canada et son principal partenaire commercial ont commencé à s'accentuer après la réélection de M. Trump, fin 2024. Pendant sa campagne électorale, il avait promis d'utiliser les droits de douane pour financer son programme controversé et corriger ce qu'il considérait comme un traitement injuste des États-Unis à l'échelle mondiale.
Le fossé s'est creusé avant son investiture en janvier, M. Trump réclamant sans cesse que le Canada devienne le «51e État américain».
Le président Trump a mis à exécution ses menaces de droits de douane dans les mois qui ont suivi, mais ses échéances sans cesse repoussées ont souvent semé la confusion quant aux produits qui seraient taxés, ceux qui seraient exemptés et la date d'entrée en vigueur.
Il a pris pour cible les industries automobile, sidérurgique et de l'aluminium canadiennes et mexicaines avant d'imposer des droits de douane à la Chine et à d'autres pays en avril – les fameux droits de douane du «Jour de la Libération» – dans le cadre de sa volonté de remodeler le système commercial mondial.
Élection de Mark Carney
Le retour de ce président belliqueux a également transformé la vie politique canadienne.
Après la démission de l'ancien premier ministre Justin Trudeau, en début d'année, l'ancien banquier Mark Carney a facilement pris la tête du Parti libéral du Canada, se positionnant comme l'homme le mieux placé pour guider le pays à travers une crise sans précédent.
Fort de cette dynamique, M. Carney a mené les libéraux à une quatrième victoire électorale consécutive en avril, défaisant les conservateurs de Pierre Poilievre, largement considérés comme ceux qui formaient le gouvernement en attente à la fin de 2024.
Début avril, Mark Carney a dressé un constat abrupt des politiques protectionnistes de M. Trump. L'ère de l'intégration croissante entre le Canada et les États-Unis est révolue, a-t-il déclaré, appelant à une nouvelle voie qui ne dépende pas de l'accès au marché américain.
La fierté canadienne en hausse
Mais alors que les droits de douane redessinaient le paysage politique canadien et menaçaient de bouleverser l'économie, un autre phénomène survenait.
La réaction à l'agression commerciale de M. Trump et à ses propos sur le «51e État» fut une montée de la fierté canadienne.
Les sondages menés tout au long de 2025 ont révélé une détérioration de l'attitude des Canadiens envers les États-Unis, longtemps considérés comme un allié clé.
«Le succès incroyable de la (Confrontation) des 4 nations a montré à quel point aucun autre sujet n'a autant mobilisé les Canadiens cette année», a souligné Jean-François Tremblay, directeur de la section des Sports à «La Presse». Le Canada a remporté ce tournoi de hockey, battant les États-Unis lors de la finale.
Les consommateurs ont lancé le mouvement «Achetez canadien» pour riposter aux droits de douane, boycotté les produits américains et annulé leurs voyages aux États-Unis.
En janvier, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a arboré une casquette proclamant que «Le Canada n'est pas à vendre», une critique sans équivoque de M. Trump.
L'expression «les coudes en l'air» («Elbows Up») est devenue emblématique de la réponse du Canada à l'agression américaine. M. Carney a fait de ce slogan son message de campagne. M. Poilievre, quant à lui, a depuis accusé les libéraux de céder aux pressions américaines en abandonnant les mesures de rétorsion et en acceptant d'autres exigences des États-Unis.
Piétinement des négociations
Les négociations commerciales entre le Canada et les États-Unis ont piétiné en octobre lorsque M. Trump s'est offusqué d'une campagne publicitaire ontarienne qui citait l'ancien président américain Ronald Reagan s'opposant aux droits de douane.
M. Carney a affirmé que le Canada était prêt à dialoguer lorsque M. Trump le serait, mais le premier ministre a minimisé l'importance d'un accord rapide.
Au lieu de cela, il a canalisé les inquiétudes liées aux perturbations économiques dans un budget fédéral d'automne qui a creusé les déficits annuels et réorienté les dépenses publiques vers des investissements productifs. M. Carney a également annoncé son intention d'augmenter les dépenses de défense pour respecter les engagements du Canada envers l'OTAN et s'est rendu régulièrement à l'étranger pour approfondir les relations commerciales hors Amérique du Nord.
Face à la fermeture du marché du Sud, les premiers ministres des provinces et territoires se sont tournés vers l'économie intérieure et ont entrepris de lever les barrières commerciales interprovinciales de longue date afin de compenser l'impact des droits de douane américains.
L'économie canadienne a subi un net ralentissement au deuxième trimestre et les droits de douane américains en vigueur sur l'acier, l'aluminium, le bois d'œuvre et les constructeurs automobiles nuisent à ces secteurs clés.
Cependant, l'économie s'est montrée plus résiliente que prévu par de nombreux analystes, avec un rebond inattendu au troisième trimestre et un marché du travail qui a ralenti, sans toutefois s'effondrer.
De nombreux économistes affirment que l'exemption tarifaire accordée aux marchandises conformes à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) a contribué à protéger les entreprises canadiennes des turbulences tarifaires.
Cet accord de libre-échange sera réexaminé en 2026 et Donald Trump a récemment menacé de s'en retirer s'il n'obtenait pas satisfaction.
La Presse Canadienne