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L'Université Memorial a payé des relationnistes 13 800 $ pour leur enjeu autochtone

durée 17h21
15 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2023

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — L'Université Memorial de Terre-Neuve a accepté de débourser 13 800 $ pour engager une firme de relations publiques, alors que l'héritage autochtone de son ancienne présidente Vianne Timmons était remis en question dans l'espace public.

Un contrat obtenu grâce à la loi sur l'accès à l'information provinciale montre que le cabinet de relations publiques National a offert «des conseils en communications concernant un enjeu sensible impliquant sa présidente» au conseil d'administration de l'établissement. Le contrat est daté du 10 mars, deux jours après que Radio-Canada a publié une enquête au sujet des ancêtres mi'kmaq revendiqués par Mme Timmons.

«Nous avons travaillé avec des organisations des secteurs privé et public, incluant des universités aux quatre coins du pays, pour naviguer des allégations de fausse représentation et d'inconduite dirigées contre des dirigeants», a affirmé National dans le document, en réponse à une demande faite par l'université.

Le cabinet a offert de faire une veille médiatique et d'encadrer les communications grâce à une équipe incluant leur vice-présidente à la gestion de crises et d'enjeux, pour une somme estimée de 13 800 $. National a affirmé que son approche protégerait la réputation de l'université, mais les détails de ce plan et du budget associé ont été caviardés.

La porte-parole de l'Université Memorial, Michelle Osmond, a indiqué dans un courriel que le conseil d'administration avait contacté la firme de relations publiques pour qu'elle «fournisse des conseils indépendants et du soutien». Elle n'a pas pu dire immédiatement quel montant l'université a finalement payé à la compagnie.

L'article de Radio-Canada avait soulevé des questions au sujet de l'héritage revendiqué de Mme Timmons, qui disait que l'arrière-arrière-grand-mère de son père était mi'kmaq. Mme Timmons s'est excusée peu de temps après, disant regretter «toute blessure ou confusion que le partage de (son) histoire a causée». Le 13 mars, elle a dit qu'elle prenait un congé payé de six semaines, mais le 6 avril, le conseil d'administration a annoncé avoir mis fin à son contrat.

Mme Timmons n'est pas la première membre du milieu académique dont les revendications d'héritage autochtone ont récemment été remises en question.

En mars, la British Columbia Civil Liberties Association a annulé un prix qu'elle avait donné à l'ancienne juge et professeure de droit Mary Ellen Turpel-Lafond, disant croire que cette dernière avait «falsifié son héritage cri». Plusieurs écoles, incluant l'Université McGill, ont aussi annulé les diplômes honoraires qu'elles avaient donnés à Mme Turpel-Lafond, qui a aussi par elle-même décidé d'abandonner ceux qu'elle avait reçus des universités Simon Fraser et Brock.

L'été dernier, Carrie Bourrassa a démissionné de son poste de professeure de santé à l'Université de Saskatchewan après qu'une enquête de Radio-Canada avait remis en question ses affirmations selon lesquelles elle était métisse.

Mme Timmons a soutenu n'avoir jamais revendiqué être autochtone, mais seulement d'avoir un héritage autochtone. Cependant, elle a pendant des années cité son adhésion à la première nation mi'kmaq Bras d'Or de Nouvelle-Écosse dans ses références professionnelles. Le groupe n'est pas reconnu comme une première nation par le gouvernement de Nouvelle-Écosse ni par le fédéral.

Mme Timmons est entrée en poste à l'Université Memorial en avril 2020, avec un contrat de cinq ans et un salaire annuel de 450 000 $. Son contrat stipule que s'il est révoqué sans cause ― ce qui est le cas maintenant ― elle a droit à 675 000 $ en indemnité de départ, en plus de 270 000 $ en autres prestations.

Sarah Smellie, La Presse Canadienne