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L'UNB lance une enquête sur le travail universitaire d'un allié de Trump

durée 18h39
3 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

L'Université du Nouveau-Brunswick (UNB) a nommé trois professeurs d'autres établissements pour mener une enquête officielle sur des allégations de fraude académique contre un ancien étudiant au doctorat qui est également un allié de premier plan de l'ex-président américain Donald Trump.

Les attestations d'études de Doug Mastriano, colonel à la retraite de l'armée américaine et homme politique républicain, ont été remises en question l'automne dernier lorsque plusieurs universitaires ont allégué que sa thèse de doctorat de 2013 comportait des erreurs factuelles, des fabrications, des omissions et de l'archéologie amateur.

À l'époque, le sénateur de l'État de Pennsylvanie était largement connu pour son rôle actif dans le mouvement visant à renverser la défaite électorale de M. Trump en 2020. Avec le soutien de M. Trump, il a remporté l'investiture républicaine pour se présenter au poste de gouverneur de l'État, mais il a perdu cette course le 9 novembre 2022.

M. Mastriano a rejeté les allégations l'automne dernier, affirmant que les «professeurs de gauche» de l'UNB étaient incapables de faire face à ses opinions politiques et à ses antécédents militaires.

En réponse aux allégations initiales, les responsables de l'université ont procédé à une évaluation préliminaire d'une plainte officielle et ont examiné les politiques des établissements en matière d'attribution de diplômes de doctorat. Les résultats de ces efforts n'ont pas été rendus publics.

213 allégations de faute académique

La plainte officielle a été déposée le 6 octobre 2022 par James Gregory, instructeur et candidat au doctorat à l'Université de l'Oklahoma, qui a documenté 213 allégations de faute académique dans la thèse de M. Mastriano sur le sergent de l'armée américaine Alvin York, un fantassin hautement décoré de la Première Guerre mondiale.

Le 3 mars dernier, M. Gregory a reçu une lettre du vice-président à la recherche de l'UNB, David MaGee, qui a déclaré qu'il avait déterminé que les allégations avaient «suffisamment de substance» pour justifier une enquête officielle en vertu de la politique de conduite responsable en recherche de l'établissement.

Le comité d'enquête composé de trois membres doit soumettre ses conclusions et recommandations à M. MaGee dans les 60 jours suivant sa formation. Cependant, la politique de l'université stipule que leur rapport confidentiel ne sera pas rendu public.

M. Gregory a dit qu'il avait demandé à M. MaGee ce qu'il adviendrait du rapport d'enquête.

«Il était très silencieux quand j'ai demandé combien de temps cela prendrait et si je serais informé des résultats, a relaté M. Gregory en entrevue mardi. Les réponses étaient très vagues.»

M. MaGee n'a pas répondu à une demande d'entrevue. D'autres membres de l'administration de l'université ont refusé de répondre aux questions, invoquant des enjeux de confidentialité.

Si le comité détermine que M. Mastriano a commis une faute académique, il peut recommander des mesures disciplinaires, mais la politique ne fournit pas de détails sur ce que cela signifie.

Quant à M. MaGee, il dispose de plusieurs options: accepter les résultats en tout ou en partie, transmettre le rapport aux cadres supérieurs appropriés pour d'éventuelles mesures disciplinaires, déterminer un recours non disciplinaire, et/ou informer les tiers concernés, y compris les agences de financement et les éditeurs.

«Recherches falsifiées»

Jeffrey Brown, professeur d'histoire de longue date à l'UNB, a été parmi les premiers à mettre en garde contre la thèse de M. Mastriano en 2012. En tant que membre du comité d'examen qui a examiné le travail de M. Mastriano, M. Brown a déclaré que ses suggestions de révision n'avaient pas été prises au sérieux.

Il a indiqué que le principal problème avec l'article de 500 pages était qu'il s'appuyait trop sur une autobiographie de 1928 qui a été remise en question par d'autres historiens pour être un portrait simpliste de la vie de M. York. 

M. Brown a également cité les lacunes d'une fouille archéologique menée par M. Mastriano en France. Le professeur a affirmé que deux experts qualifiés se sont présentés en 2008 pour contester les conclusions de M. Mastriano.

En 2014, M. Mastriano a écrit un livre basé sur sa thèse.

M. Gregory, auteur de «Unravelling the Myth of Sgt. Alvin York», a mentionné qu'il s'était inquiété du travail de M. Mastriano après avoir cité un passage du livre de l'homme de 2014 dans un article. M. Gregory a déclaré avoir reçu des messages indiquant que le matériel était douteux et a décidé d'examiner de plus près le livre et la thèse.

«Sa thèse et son livre ultérieur sont fondés sur des recherches falsifiées», soutient M. Gregory dans sa plainte du 6 octobre à l'UNB.

Michael MacDonald, La Presse Canadienne