L'Ontario envisage d'élargir la composante pratique de la formation des enseignants

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Par La Presse Canadienne, 2025
TORONTO — Des changements au processus de certification des nouveaux enseignants en Ontario seront annoncés l'an prochain et comprendront une composante pratique plus importante, selon le ministre de l'Éducation.
Dans une entrevue de fin d'année accordée à La Presse Canadienne, le ministre de l'Éducation, Paul Calandra, a déclaré qu'il envisageait de raccourcir la durée des études à l'école normale et qu'il examinait les données sur l'offre et la demande d'enseignants.
«Quoi qu'il en soit, je tiens à le souligner: ce que l'on nous répète sans cesse, c'est que les futurs enseignants, les stagiaires, ont besoin de passer plus de temps en classe avant d'enseigner à temps plein, a-t-il affirmé. Nous serons en mesure, dès le début de la nouvelle année, d'expliquer plus clairement nos intentions concernant la certification des enseignants, mais il suffit de dire que davantage de temps passé en classe en fera partie.»
Des documents du ministère de l'Éducation, obtenus plus tôt cette année par La Presse Canadienne grâce à une demande d'accès à l'information, ont révélé que la province s'était penchée sur les méthodes de certification des enseignants dans d'autres provinces et territoires, et ont notamment constaté que des programmes plus longs ne formaient pas de meilleurs enseignants.
L'expérience pratique en classe semble toutefois avoir un impact significatif, selon une étude menée par le ministère. Les enseignants qui effectuent des stages plus longs sont plus susceptibles de rester dans la profession.
L'étude souligne également que l'Ontario offre parmi les stages les plus courts pour les enseignants, soit 80 jours. Dans quatre provinces et territoires, dont l'Ontario, la durée des stages varie entre huit et douze semaines, tandis que dans le reste du pays, elle se situe entre 14 et 24 semaines.
Depuis une dizaine d'années, les programmes des collèges d'enseignement durent généralement deux ans, divisés en quatre semestres. En 2015, le gouvernement libéral de l'époque a doublé la durée du programme en raison d'une pénurie d'enseignants. À ce moment-là, le taux de chômage des enseignants atteignait près de 40 % la première année suivant leur certification.
L'allongement des programmes à deux ans a entraîné une chute brutale du nombre d'admissions, et des associations d'enseignants et de directions d'école réclament le retour à un programme d'un an face à la pénurie d'enseignants. La durée des études en école normale était l'un des principaux problèmes d'offre soulignés dans le document ministériel.
Du côté de la demande, le document notait une augmentation des inscriptions, estimée alors à 180 000 étudiants supplémentaires sur une période indéterminée. Des documents internes du ministère prévoyaient également une aggravation de la pénurie d'enseignants en 2027. Cependant, toutes ces prévisions ont été faites avant que le gouvernement fédéral ne réduise drastiquement le nombre d'immigrants, ce qui pourrait avoir une incidence sur le nombre d'élèves et la demande d'enseignants.
Le Conseil des directions d'école de l'Ontario et la Fédération des enseignantes et enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEEO) font partie des groupes qui réclament le retour à des programmes d'un an.
David Mastin, président de la FEEO, a déclaré que le ministère devrait privilégier la rétention plutôt que le recrutement, citant des données de la Fédération des enseignantes et enseignants de l'Ontario qui suggèrent que des dizaines de milliers d'enseignants certifiés n'exercent pas actuellement dans le système d'éducation de la province.
«Il n'y a tout simplement pas de pénurie d'enseignants dans cette province, a-t-il affirmé. Il y a beaucoup d'enseignants certifiés. Ce qui manque, c'est la motivation nécessaire pour attirer ces enseignants certifiés qui ont investi six années de leurs études pour devenir enseignants qualifiés et qui choisissent de ne pas exercer ce métier. Les conditions de travail sont difficiles, il y a de la violence, un manque de respect et un manque de soutien pour les élèves qui tiennent tant à cœur à ce groupe de personnes, et ils quittent la profession.»
Le Conseil des universités de l'Ontario a déclaré que les établissements postsecondaires s'efforcent de «condenser et de rationaliser» la formation des enseignants et a laissé entendre que les universités où les enseignants obtiennent leur certification ne souhaitent pas que les programmes soient raccourcis.
«En veillant à ce que les éducateurs soient formés pour répondre aux réalités complexes des salles de classe d'aujourd'hui, nous investissons dans un système d'éducation plus solide — un système qui donne à chaque élève les moyens de réussir et qui contribue à la résilience sociale et économique de notre province», a écrit le Conseil dans une fiche d'information publiée cet été sur la pénurie d'enseignants.
«Les défis d'aujourd'hui exigent que nos candidats à l'enseignement soient mieux préparés, et non moins», a-t-il ajouté.
Allison Jones, La Presse Canadienne