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L'ancien politicien de la Beauce Fabien Roy est décédé cette semaine

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4 novembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Fabien Roy, l'homme qui a dominé la politique beauceronne au cours des années 1970, est décédé cette semaine à l'âge de 95 ans.

Selon le site du salon funéraire Roy & Giguère, M. Roy s'est «éteint paisiblement» au CHSLD de Beauceville. Il était alors entouré des siens. Les causes de la mort n'ont pas été dévoilées.

Né à Saint-Prosper, en Beauce, l'homme aura dévoué sa vie au créditisme, une doctrine populiste de droite qui a connu une vigueur certaine dans le Québec rural des années 1960.

Député d'un parti miné par les conflits internes à l'Assemblée nationale, il deviendra le chef des créditistes fédéraux lors de leur dernier baroud d'honneur aux élections de 1979 et de 1980. Entre-temps, il aura connu la très courte aventure du Parti national populaire qu'avait fondé Jérôme Choquette à la suite de son départ du gouvernement Bourassa en 1975.

L'homme sera élu trois fois député à Québec, une fois à Ottawa, mais jamais il ne fera partie d'un gouvernement. Mais, pour lui, se retrouver dans les banquettes de l'opposition n'était pas une tare. Comme il l'écrivait dans son autobiographie, «tout député, même seul, hors du parti au pouvoir, peut être l'initiateur du changement».

Sa carrière commence modestement. Il travaille au sein d'une coopérative de bois où, avoue-t-il dans son autobiographie, il monte un dossier contre les «travailleurs communistes», dossier qu'il montrera sans vergogne à ses patrons. Il a ensuite fondé son entreprise de transport et fonde la caisse populaire de sa ville natale avant de travailler pour les caisses d'établissement.

Une rencontre avec le chef créditiste Réal Caouette le convainc de militer politiquement. Il devient même le président du comité exécutif du parti de la circonscription de Dorchester.

En 1970, il sera l'un des 12 candidats créditistes à être élus à l'Assemblée nationale, se permettant le luxe de battre le ministre Paul Émile-Allard par plus de 2400 voix. Il sera alors nommé porte-parole de son parti en matière de finance avant d'en devenir, deux ans plus tard, leader parlementaire.

À la suite de la démission de Camil Samson, il se porte candidat à la direction des créditistes dans l'espoir, écrit-il dans son autobiographie, de maintenir l'unité du parti. Il finit troisième derrière Samson et l'élu, l'ancien ministre libéral fédéral, Yvon Dupuis.

Lors du scrutin de 1974, c'est l'hécatombe pour tous les partis d'opposition, y compris les créditistes qui ne sauvent que deux élus, dont Fabien Roy.

Mais même deux semble un nombre trop élevé pour les créditistes. Redevenu chef, Camil Samson expulse Fabien Roy. En 1975, celui-ci appuie l'ancien homme fort du régime Bourassa, Jérôme Choquette, dans l'aventure du Parti national populaire (PNP). L'objectif, selon l'ancien créditiste, était notamment de pouvoir discuter «égal à égal» avec l'Union nationale pour former un nouveau parti. L'alliance naîtra et durera... un mois.

Malgré tout, le 15 novembre 1976, Fabien Roy est facilement réélu dans son comté, obtenant même plus de 50 pour cent de toutes les voix que récoltera le PNP.

À Ottawa, les créditistes fédéraux traversent eux aussi le désert. Après le départ de Réal Caouette et la mort accidentelle de son successeur André-Gilles Fortin, ils choisissent un anglophone unilingue, Lorne Resnowki, qui ne fera pas long feu dans le panier de crabes. Les créditistes se tournent alors vers Fabien Roy qui accepte de relever le défi.

Aux élections fédérales de 1979, les créditistes ne comptent que six élus, mais détiennent la balance du pouvoir. Les relations avec le gouvernement conservateur minoritaire de Joe Clark ne sont pas au beau fixe. Sans surprise, lors du débat sur le budget, la petite troupe de Fabien Roy s'abstient de voter, contribuant à la chute du gouvernement Clark. Mal leur est en pris. Aux élections subséquentes, tous les candidats créditistes sont défaits, même leur chef, une première pour lui. Une première qui se répétera lors de l'élection partielle dans Frontenac.

Il ne quitte pas pour autant la politique. Au référendum de 1980, même s'il se défend d'être «un séparatiste», il opte pour le «oui», disant vouloir «freiner les ambitions fédérales centralisatrices de Pierre Trudeau».

Après sa carrière politique, il change d'orientation et devient courtier en valeurs mobilières. Et il se lance même dans les médias, devenant, pendant trois ans, animateur du matin à Radio-Beauce. Et lorsque l'heure de la retraite sonne, il siège à l'exécutif de l'Amicale des anciens parlementaires de l'Assemblée nationale.

Fabien Roy ne reniera jamais le Crédit social. Dans son autobiographie, il écrira que ce mouvement est «le seul qui propose des réformes fondamentales pour améliorer les conditions de vie de tous».

Ses funérailles seront célébrées le samedi 18 novembre, dès 9h, à l'église de Saint-Georges (secteur Ouest).

François Vézina, La Presse Canadienne