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L'ancien ministre fédéral Marc Lalonde est décédé à l'âge de 93 ans

durée 21h14
7 mai 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Père Fouettard, grand vizir, homme fort, grand boss; les épithètes qu’on lui a accolées décrivent bien le rôle joué pendant plus de 10 ans par l’ancien ministre Marc Lalonde, qui s’est éteint dimanche à l’âge de 93 ans.

Stratège habile, l’avocat de formation est indissociable du gouvernement de Pierre Elliot Trudeau, pour qui il sera un ami et un bras droit essentiel.

Élu pour la première fois en 1972 dans la circonscription fédérale d’Outremont, Marc Lalonde connaît à l’époque déjà le goût du pouvoir, lui qui a été secrétaire principal de Lester B. Pearson et de Trudeau.

Ce fils de fermier, né à L'Île-Perrot, étudiera le droit à Montréal, puis à Oxford. Son éducation est marquée par l’Action catholique, un mouvement où plusieurs leaders en devenir sont actifs et où on réfléchit grandement à l’avenir du Québec d’avant la Révolution tranquille. Son profil aquilin et son air sérieux renforceront son image d’homme sévère, voire rigoriste.

Il commence à travailler sur la colline parlementaire, à Ottawa, comme conseiller spécial auprès du ministre conservateur de la Justice, David Fulton, entre 1959 et 1960. Mais c’est au sein de la famille libérale que Lalonde se fait le plus connaître.

De 1967 à 1968, il est aux côtés du premier ministre libéral Pearson. Il est l’un des joueurs clés derrière la candidature surprise de Trudeau lors de la course au leadership libéral, en 1968.

Une fois premier ministre, Trudeau le garde dans son entourage. En fait, Lalonde devient un incontournable de l’administration Trudeau. Comme secrétaire principal, pas une décision ou nomination ne se fait sans son consentement.

De 1968 à 1972, il sera l’homme de main du premier ministre, accomplissant les sales besognes, imposant la discipline, décidant de qui a accès ou non au chef.

Durant la crise d’octobre 1970, il assure la liaison avec le gouvernement du Québec lors de l’application de la Loi des mesures de guerre. S’il n’hésite pas à affronter Trudeau lorsqu’il diverge d’opinion, Marc Lalonde est au diapason de son chef sur la façon de voir le Québec au sein de la fédération.

En octobre 1972, il se fait élire député d’Outremont et devient ministre de la Santé, un poste qu’il conservera jusqu’en 1977. À l’arrivée d’un gouvernement péquiste à Québec, Trudeau le charge aussi des relations fédérales-provinciales.

En 1978, il hérite du portefeuille de la Justice. En parallèle, le ministre continue à exercer son influence sur le caucus libéral québécois afin de faire taire ceux qui voudraient remettre en question le leadership du chef.

Mais ce sera comme ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles que Marc Lalonde fera le plus parler de lui, avec le programme énergétique national. Le train de mesures, qui visent à l’autosuffisance pétrolière, déplaît fortement dans l’ouest du pays, où l’on voit d’un mauvais oeil cette intervention de l’État.

En 1982, il prend les rênes du ministère des Finances. Mais lorsque le premier ministre Trudeau annonce son départ de la vie politique, en 1984, rares sont ceux qui croient que Lalonde restera à Ottawa.

Lorsque John Turner est choisi par les militants libéraux pour devenir le prochain chef, il ne fait plus aucun doute que le poids de Marc Lalonde s’est rétréci comme peau de chagrin. Toujours ministre des Finances, il se lance sans le cacher dans une campagne pour obtenir le poste de secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Il échoue, ce qui sera pour lui une défaite publique au goût amer.

En juillet 1984, il tire officiellement sa révérence et retourne à la pratique du droit, au sein du cabinet Stikeman Elliot où il se spécialise en droit commercial. Il représente les intérêts du Canada dans de nombreuses disputes commerciales, par exemple dans le différend Canada-Brésil sur les avions régionaux.

Il utilise aussi ses entrées libérales pour représenter les intérêts de certaines compagnies auprès du gouvernement. Les activités de lobbyiste de cet ancien ministre de la Santé en faveur d’un cigarettier font jaser.

En 2005, il effectue un retour sur la scène politique lorsqu’il accepte de coprésider la campagne électorale des libéraux du premier ministre Paul Martin, au Québec.

Il est de nouveau propulsé dans l’actualité en 2008, en lien avec l’affaire des versements de milliers de dollars du marchand d’armes Karlheinz Schreiber à l’ancien premier ministre Brian Mulroney. M. Lalonde avait agi comme avocat et lobbyiste pour le projet de M. Schreiber.

La Presse Canadienne