Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

L'ambassadeur des États-Unis se dit déçu par la rhétorique «antiaméricaine» du Canada

durée 18h04
18 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — L'ambassadeur des États-Unis au Canada s'en est pris jeudi à ceux qui utilisent le terme «guerre commerciale» pour décrire les tensions économiques entre les deux pays. Il s'est dit frustré par le slogan «Elbows up» («on sort les coudes» en français).

Pete Hoekstra s'est exprimé lors d'un déjeuner organisé par la Chambre de commerce d'Halifax au centre-ville.

«Je suis déçu d'être venu au Canada, un Canada où il est extrêmement difficile de trouver des Canadiens passionnés par les relations canado-américaines. Vous avez mené une campagne antiaméricaine. 'Elbows up'. (…) C'était une campagne antiaméricaine. Cela continue. C'est décevant», s'est-il plaint.

Le premier ministre Mark Carney a fréquemment utilisé l'expression «Elbows up» pendant la campagne électorale du printemps dernier, notamment dans une vidéo tournée avec l'humoriste Mike Myers. Cette expression fait référence aux joueurs de hockey qui gardent les coudes levés pour se protéger de leurs adversaires sur la glace.

L'ambassadeur s'est également plaint des médias et des politiciens canadiens qui ont qualifié la relation économique canado-américaine de guerre commerciale, ce qu'il trouve préoccupant.

«Un ministre a déclaré publiquement qu'il s'agissait d'une guerre commerciale avec les États-Unis. Nous sommes en guerre avec les États-Unis. C'est une position dangereuse», a commenté M. Hoekstra.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a déclaré mercredi qu'il était «triste» que les États-Unis aient «tourné le dos» au Canada en déclenchant une guerre commerciale qui oblige maintenant Ottawa à «réinventer» l'économie nationale.

M. Champagne a également déclaré que beaucoup des coûts que le pays devra assumer dans le prochain budget fédéral sont «directement liés à la guerre commerciale imposée au Canada».

«Il est triste, je dirais, que notre principal partenaire commercial ait tourné le dos au Canada, ce qui nous oblige à réévaluer la manière dont nous allons bâtir l'économie de demain», a déclaré M. Champagne aux journalistes, après la réunion du caucus libéral, mercredi.

Ses commentaires font suite aux déclarations de M. Hoekstra, mardi, selon lesquelles l'administration Donald Trump espérait conclure un accord «beaucoup plus ambitieux» avec le Canada, allant au-delà de la renégociation de l'accord de libre-échange actuel.

L'ambassadeur a déclaré que la «position relative» du Canada s'était considérablement améliorée au cours des sept derniers mois, mais que «votre cabinet décrit cette relation comme une relation à laquelle l'Amérique a tourné le dos, et que vous allez réagir en affirmant que nous sommes en guerre avec l'Amérique. Je pense que ce n'est pas la bonne voie à suivre.»

Le Canada n'aurait pas ce qu'il a décrit comme le meilleur taux douanier au monde si les deux pays étaient effectivement en guerre, a fait valoir l'ambassadeur.

Il a dit être reconnaissant que M. Carney ait déclaré à la Chambre des communes que l'accord entre le Canada et les États-Unis était le meilleur de tous les pays.

«Cela aide. Cela permet de calmer le débat», a assuré Pete Hoekstra.

Il a ensuite exprimé sa déception quant au fait que de nombreuses provinces ne vendent toujours pas d'alcool américain et que les politiciens canadiens découragent les voyages aux États-Unis.

«Les États-Unis ne disent pas cela, nous ne disons pas: 'N'allez pas au Canada'», a-t-il soutenu.

Vers la fin de son allocution, M. Hoekstra a déclaré que, malgré les tensions, il était optimiste quant à l'avenir des relations canado-américaines. Il a dit croire que les deux pays parviendront à un accord commercial «durable» et qui s'appuiera sur le succès de leur relation de longue date.

Le Canada, les États-Unis et le Mexique s'apprêtent à procéder à une révision majeure de l'accord trilatéral Canada-États-Unis-Mexique, prévue l'année prochaine, les préparatifs des négociations se déroulant en coulisses.

Mark Carney a confié espérer conclure des accords sectoriels plus restreints avec le président américain afin de désamorcer la guerre commerciale en cours et d'élaborer un nouveau partenariat économique et de sécurité.

Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge