L'acupuncture peut soulager les maux de dos chroniques, montre une étude

MONTRÉAL — L'acupuncture offre un soulagement efficace des maux de dos chroniques, indique une étude réalisée pour une rare fois chez une population plus âgée.

L'amélioration de la douleur constatée auprès des participants qui ont reçu un traitement d'acupuncture a été supérieure à celle mesurée chez les sujets qui ont profité des soins habituels, comme la médication ou la physiothérapie.

«On a besoin d'interventions qui vont causer moins d'effets secondaires que la médication, a commenté la cheffe du service de douleur chronique au CHU de Québec-Université Laval, la docteure Anne Marie Pinard. Combien de chutes chez les personnes âgées ont des conséquences importantes?»

L'étude a été réalisée auprès de 800 participants âgés d'au moins 65 ans qui présentaient une douleur au bas du dos depuis au moins trois mois.

Environ le tiers des participants ont reçu jusqu'à quinze traitements d'acupuncture sur une période de trois mois, soit le traitement normal, et un autre tiers a reçu six traitements de plus au cours des trois mois suivants.

Les chercheurs ont demandé aux participants d'autoévaluer leur douleur et leurs limites physiques après trois, six et douze mois. Au bout de six et douze mois, les deux groupes ayant reçu des traitements d'acupuncture ont témoigné d'une plus grande réduction de leur douleur, d'une meilleure fonction physique et de moins de symptômes physiques d'anxiété que les autres.

«Dans cet essai clinique randomisé mené auprès de personnes âgées souffrant de lombalgie chronique, l'acupuncture a permis d'obtenir de meilleures améliorations des dysfonctionnements liés à la lombalgie chronique lors des suivis à 6 et 12 mois par rapport (aux soins médicaux habituels), avec l'avantage d'un profil à faible risque», écrivent les auteurs de l'étude.

Ces résultats confirment que «l'acupuncture est une option thérapeutique efficace et sûre pour les personnes âgées souffrant de lombalgie chronique», ajoutent-ils.

L'efficacité de l'acupuncture chez une population un peu plus âgée est d'autant plus intéressante, a dit la docteure Pinard, qu'il s'agit souvent de «gens qui ont d'autres problèmes de santé qui font que, par exemple, donner de la médication ou faire des infiltrations, ça peut être plus complexe».

«C'est vraiment très ancré dans la vraie vie, dans la réalité clinique, a-t-elle applaudi. Dans cette étude, c'est près de 90 % des participants dans l'ensemble des groupes qui ont d'autres problèmes de douleurs musculo-squelettiques. C'est vraiment ça, la vraie vie: c'est malheureusement rare que les gens ont mal à seulement un endroit rendu un peu plus âgé.»

Il est évidemment impossible, dans le cadre d'une étude comme celle-ci, de cacher aux participants qui a reçu les traitements d'acupuncture et qui a plutôt reçu les soins habituels. On ne peut donc pas exclure qu'une partie des bienfaits soit attribuable à l'effet placebo.

Mais même si c'est le cas, demande la docteure Pinard, où est le problème?

«Mon but dans la vie, comme clinicienne, c'est que mon patient se sente mieux et soit plus fonctionnel, a-t-elle souligné. L'effet placebo, on s'en fout, tant que ça ne pose pas de danger, c'est correct de l'utiliser.»

D'ailleurs, une étude publiée il y a vingt ans par des chercheurs allemands dans le journal médical JAMA Internal Medicine concluait que les traitements d'acupuncture étaient deux fois plus efficaces que les traitements habituels pour soulager les maux de dos... qu'il s'agisse de traitements d'acupuncture réels ou bidon.

Il faut s'entendre que les bienfaits associés aux traitements d'acupuncture lors de la plus récente étude n'étaient pas «spectaculaires», a souligné la docteure Pinard, mais cela non plus n'a pas nécessairement une grande importance: chaque petite amélioration peut avoir un grand impact dans la vie d'un patient qui doit composer avec une douleur chronique.

Sur un autre plan, a-t-elle estimé, cette étude invite à réfléchir à la place qui est faite dans nos hôpitaux à des professionnels de la santé dits «alternatifs» comme les acupuncteurs.

La prise en charge de la douleur chronique, a-t-elle dit, n'est pas «nécessairement quelque chose qui doit être strictement médical, mais dans notre système actuel, malheureusement, ça l'est beaucoup trop à mes yeux».

«Je pense que le statu quo en santé n'est probablement pas viable, a conclu la docteure Pinard. Si on travaillait dans un même lieu, on établirait une vraie relation. Il va falloir s'ouvrir les yeux et apprendre à travailler avec eux.»

Les conclusions de cette étude financée par les Instituts nationaux de la santé des États-Unis ont été publiées par le journal JAMA Network Open.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne