Kinew demande d'alourdir les peines infligées aux récidivistes et aux tueurs en série

WINNIPEG — Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a demandé au premier ministre du Canada d'alourdir les peines infligées aux récidivistes et aux tueurs en série, citant la récente libération d'un meurtrier qui, selon lui, le «dégoûte».

Dans une lettre adressée au premier ministre Mark Carney, M. Kinew a également indiqué souhaiter une réforme du système de libération conditionnelle suite à la libération de Shawn Lamb, qui a plaidé coupable d'homicide involontaire dans l'affaire du décès, en 2012, de deux femmes autochtones — Carolyn Sinclair et Lorna Blacksmith — et a été condamné à 20 ans de prison l'année suivante.

M. Lamb a été libéré d'office au début du mois — une disposition du droit fédéral qui permet la libération automatique de la plupart des détenus après qu'ils ont purgé les deux tiers de leur peine.

M. Kinew a déclaré que cette libération «n'est pas justice».

«La libération de Lamb dégoûte de nombreux Canadiens, moi y compris, car elle semble indiquer que notre société se préoccupe davantage du bien-être d'un tueur en série que de celui de ses victimes, comme Mmes Sinclair et Blacksmith, a écrit M. Kinew dans la lettre datée du 17 novembre et rendue publique mardi. Monsieur le premier ministre, je vous le demande : quel est l’intérêt pour la société de libérer un tueur en série et de le faire entrer dans la population générale ?»

Dans sa lettre de deux pages, M. Kinew réclame des peines plus sévères en vertu du Code criminel pour les tueurs en série. Il demande également une révision de la composition de la Commission des libérations conditionnelles afin qu’elle reflète une diversité de points de vue, ainsi qu’un mécanisme de surveillance des décisions de la Commission concernant les infractions graves et violentes.

«Il faudrait envisager des mécanismes d’examen indépendants ou spécialisés pour garantir que justice soit rendue et que le plus haut niveau de sécurité publique soit atteint», écrit M. Kinew.

Le premier ministre a expliqué aux journalistes mardi qu’il n’avait pas encore reçu de réponse du premier ministre fédéral.

Un organisme communautaire qui défend les droits des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées a exhorté le gouvernement fédéral, plus tôt ce mois-ci, à autoriser les peines consécutives dans les cas d’homicides multiples.

«Giganawenimaanaanig», qui signifie «nous prenons tous soin d’elles», a expliqué que la nouvelle de la libération de M. Lamb met en lumière une «lacune dévastatrice du système de justice canadien».

Le tribunal a appris que M. Lamb avait tué les deux femmes à des moments différents. Il a avoué à la police avoir frappé Carolyn Sinclair, âgée de 25 ans, à la tête avec le manche d'une hache, puis l'avoir étranglée. Il a également étranglé Lorna Blacksmith, âgée de 18 ans. Il a enveloppé les deux corps dans du plastique et les a abandonnés dans des ruelles.

Shawn Lamb a d'abord été arrêté pour le meurtre d'une troisième femme, Tanya Nepinak, mais la Couronne a abandonné les charges faute de preuves. M. Lamb nie toute implication dans ce décès.

Steve Lambert, La Presse Canadienne